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Attaques de Paris : la réponse éclair de l’Allemagne

CARMEN JASPERSEN/AFP/Getty Images

Attaques de Paris : la réponse éclair de l’Allemagne

L’Europe délaisse l’Amérique alors qu’elle se prépare pour une guerre totale.

Jamais dans l’histoire de l’après-guerre l’Allemagne n’a répondu aussi rapidement et aussi fortement qu’elle ne l’a fait lors des attaques de Paris.

Trois semaines après le jour des attaques, le Parlement de l’Allemagne a approuvé une mission militaire en Syrie atteignant jusqu’à 1 200 soldats, et un déploiement à la hauteur de 650 troupes supplémentaires au Mali.

C’est la réponse initiale la plus rapide et la plus importante de l’Allemagne face à une crise, depuis des décennies. En décembre 2001, trois mois après les attaques du 11 septembre, en Amérique, son Parlement a approuvé un mandat pour que 1 200 soldats se joignent à l’Amérique, en Afghanistan. Quand le Mali a été dans la crise, et a demandé de l’aide, il a fallu deux mois pour approuver une mission de seulement 300 hommes.

L’Allemagne a maintenant quatre déploiements majeurs de presque 1 000 hommes de troupe chacun : en Afghanistan, au Kosovo, en Syrie et au Mali. C’est le plus grand nombre de déploiements simultanés de l’Allemagne, et de cette taille, depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Bien sûr, il est important de ne pas trop mettre en avant la mission. Les dirigeants de l’État islamique trembleront à peine en apprenant que l’Allemagne envoie, en Syrie, une frégate et quelques avions—qui auront des caméras et non des bombes. Néanmoins, cela montre le nouveau sérieux dans la politique étrangère allemande—une Allemagne qui a renoncé à son ancienne retenue à déployer son armée à l’étranger. L’Allemagne est encore loin d’être une puissance militaire mondiale, mais elle vient juste de franchir une étape significative dans cette direction.

Et depuis la Deuxième Guerre mondiale, jamais les médias allemands n’avaient été aussi enthousiastes pour des missions militaires.

Le rédacteur en chef de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, Berthold Kohler, a décrit la guerre contre l’État islamique comme « une guerre mondiale ». Le message des attaques de Paris, a-t-il noté, c’est que « vos efforts et vos sacrifices dans “la guerre contre la terreur”, que ce soit sur le sol étranger ou sur votre propre sol, ont été vains » (15 novembre 2015). La façon dont l’Ouest combat l’islam radical ne fonctionne tout simplement pas.

« Les Allemands ne sont pas opposés à un visage amical dans leur gouvernement. Mais dans des temps comme ceux-là, ils veulent et doivent en voir un différent : un dur », a conclu B. Kohler.

« C’est la guerre », a écrit Frank Jansen dans Der Tagesspiegel. « Les images de la nuit dernière sont si horribles, si obscures, si archaïquement sanglantes qu’il semble impossible de ne pas reconnaître ce dans quoi nous, l’Ouest, et, en réalité, toute la planète, avons été forcés d’entrer : une Troisième Guerre mondiale ». La journaliste française, Anna Erelle, a dit à l’hebdomadaire allemand Stern, lors d’une entrevue que « nous sommes au milieu de la Troisième Guerre mondiale » (16 novembre 2015). A. Erelle est un pseudonyme. Après qu’elle a écrit sur les pratiques de recrutement de l’État islamique, des ecclésiastiques islamiques ont prononcé une fatwa—une sentence de mort religieuse—contre elle. Elle doit maintenant vivre cachée.

Des dirigeants allemands et la presse allemande reconnaissent publiquement la menace de la terreur radicale beaucoup plus que les dirigeants de la Grande-Bretagne et des États-Unis. Ils parlent sérieusement d’affronter la terreur islamiste à travers l’Afrique et le Moyen-Orient, tandis que le président américain, Barack Obama, insiste sur le fait que, fondamentalement, la stratégie de l’Amérique fonctionne. Pendant ce temps, les autorités allemandes soulignent le besoin d’une guerre étendue pour contenir les islamistes.

Un anneau de feu

Le président de l’Association des forces armées fédérales allemandes, le lieutenant-colonel André Wüstner, a dit que l’attaque terroriste de novembre dans la capitale du Mali « montre de nouveau, clairement, » qu’« un anneau de feu » s’étend « de l’Afghanistan via le Yémen, la Syrie et l’Irak à l’Afrique ».

« Ce n’est pas suffisant de tacler l’[État islamique] en Syrie », a-t-il dit, appelant à « des forces robustes et puissantes dans la bataille » qui doivent être stationnées au Mali.

Roderich Kiesewetter, président de l’Association des réservistes de la Bundeswehr et expert en politique étrangère pour l’Union démocratique chrétienne de Angela Merkel, a déclaré « fermement » que « la Bundeswehr enverra plus de 1 200 soldats dans le combat anti-[État islamique] ». L’otan devra envoyer des forces terrestres en Libye, a-t-il expliqué, notant que « les armées aériennes et navales allemandes, et des officiers de police allemands peuvent contribuer à stabiliser la Jordanie, le Liban et la Libye ».

L’ancien inspecteur général de la Bundeswehr, Harald Kujat, avait un message semblable, avertissant que même si l’Ouest détruit l’État islamique en Syrie et en Irak, il « ne sera pas totalement défait ». Au lieu de cela, il « va s’esquiver ». H. Kujat a averti que l’État islamique s’installe déjà en Libye et qu’il s’étend au Mali.

Un consensus clair apparaît chez les dirigeants impliqués dans la prise de décision militaire : les militaires de l’Allemagne doivent affronter l’islam radical à travers une série de batailles frontales s’étendant du nord-ouest de l’Afrique à l’Afghanistan et à l’Asie centrale.

Le rédacteur général de la Trompette, Gerald Flurry, a parfaitement évoqué cette réponse dans notre numéro de juillet 2013. L’Allemagne voit la menace montante de l’islam radical et « se prépare pour la plus grande guerre à venir », écrit M. Flurry. La réponse nationale ? « Une stratégie éclair » doit entourer l’islam radical et se préparer à l’affronter.

Dire que l’Allemagne doit affronter l’islam radical à travers « un anneau de feu » décrit exactement cette stratégie.

Cette stratégie explique, également, la présence de l’Allemagne au Mali. Ce que l’Allemagne fait au Mali repose quelque part sur la construction d’un avant-poste militaire et le lancement d’une prise de contrôle total du pays. Cela fait partie d’une tentative pour cimenter le Mali comme l’ancre de la stratégie éclair de l’Allemagne dans la région.

L’Allemagne a environ 200 soldats stationnés au Mali en tant que partie d’une mission de formation de l’Union européenne, avec une autorisation parlementaire de porter le nombre jusqu’à 350. Elle a maintenant un mandat pour encore 650 hommes en tant que partie d’une mission des Nations unies. C’est une sérieuse présence—près de 1 000 soldats—pour un pays qui a été peu disposé à envoyer ses troupes à l’étranger après sa période nazie. Cela montre, également, un engagement sérieux de l’Allemagne. Le Mali est une des
missions les plus dangereuses de l’ONU.

La France a actuellement autour de 1 000 soldats au Mali, mais on s’attend à ce qu’elle diminue ce nombre une fois que les troupes allemandes supplémentaires arriveront. Cela laissera l’Allemagne diriger le plus grand contingent de troupes occidentales au Mali. L’Allemagne mène actuellement une mission de formation militaire de l’UE. Elle est, également, à la tête d’une mission civile de l’UE pour former la police du Mali. En dépit du fait qu’il s’agisse d’une mission « civile », ce sont des soldats allemands qui assurent la formation.

Le lieutenant-colonel Michel Hanisch de l’Université fédérale pour les études de sécurité, un groupe de réflexion chargée de conseiller l’armée allemande, a écrit que les plans de l’Allemagne « comporteraient une nouvelle qualité... d’engagements militaires allemands, en Afrique ».

L’armée de l’Allemagne veut utiliser le Mali comme sa principale base au Sahara—un point à partir duquel elle pourra projeter de la puissance directement à travers l’Afrique du Nord.

Le Mali joue « un rôle crucial » en tant que « source de conflit » et de « centre d’itinéraires pour réfugiés en Europe », a écrit le colonel Hanisch.

Il a écrit que le Ministre de la défense nationale allemande, Ursula von der Leyen, voit l’Afrique « comme le futur centre des engagements militaires allemands », et cela met l’accent sur le Mali.

« C’est une opération majeure qui ne peut pas être limitée au Mali », a dit [Kiesewetter] lors d’une interview avec Deutschlandfunk, une station de radio publique allemande.

« Il est important, dans le long terme, que nous pensions à la Libye », a-t-il dit le 23 novembre. Il a, également, décrit comment des armes et le terrorisme se répandent à travers la région, du Nigeria au Soudan sud.

La France a plusieurs bases militaires dans des pays africains qu’elle contrôle pratiquement, et qu’elle utilise pour projeter de la puissance dans la région. L’Allemagne a, apparemment, décidé d’avoir la même installation au Mali.

Syrie

Comparé à la transformation du Mali en un protectorat allemand virtuel, le déploiement en Syrie est un peu moins spectaculaire, quoique tout de même significatif.

De nouveau, la réponse allemande exploite des visées anciennes. La marine allemande est très familière avec cette partie de la Méditerranée. Initialement, elle a mené la composante intérimaire de la Taskforce des Nations unies, au Liban, et elle est restée impliquée en tant que la direction alternée pour d’autres nations. Elle a, également, formé la marine libanaise. Le retour d’une frégate allemande dans ces eaux n’est pas surprenant.

Les Allemands se sont, également, déployés auparavant sur les frontières de la Turquie. La nation avait récemment une mission forte de 200 hommes pour assurer une permanence auprès de deux batteries de missile Patriot, protégeant la Turquie de tout missile qui pourrait être tiré de la Syrie. Maintenant, l’Allemagne cherche à stationner autour de 550 soldats en Turquie comme la partie de sa mission en Syrie, de reconnaissance et de ravitaillement en vol.

Tout cela fera pénétrer l’Allemagne plus profondément au Moyen-Orient. Dans le même temps, cela forcera l’armée à accélérer son empressement au combat et à augmenter son support logistique. Au cours des quelques années passées, Allemagne a effectué une sérieuse poussée pour que ses forces soient mieux entretenues et son personnel mieux équipé.

L’armée d’après-guerre de l’Allemagne a été conçue pour un but : lancer autant de tanks et d’hommes que possible contre un envahisseur soviétique. Déployer et maintenir de grands contingents de troupes à des centaines de kilomètres de la mère patrie exigent un jeu de compétence entièrement différent. Le fait que l’Allemagne soit maintenant capable de maintenir quatre déploiements séparés de presque 1 000 soldats chacun montre combien de progrès elle a fait—et cela la forcera, également, à progresser encore.

Finalement, les dirigeants militaires allemands indiquent que l’Allemagne pourrait pénétrer plus profondément dans le conflit. Le général Kujat a dit que des troupes allemandes ne seraient pas « nécessairement » déployées sur le terrain, en Syrie, mais que c’est tout à fait possible.

Le colonel Wüstner a dit que l’utilisation de forces terrestres, en Syrie, est restée « une ligne rouge ». « Cependant, nous voyons, en ce moment, à quelle vitesse le gouvernement fédéral peut franchir une ligne rouge », a-t-il ajouté. Cette mission en Syrie sera-t-elle le début d’un engagement allemand
beaucoup plus complet ?

L’avenir de l’Allemagne au Moyen-Orient

Les attaques de Paris et la crise des migrants incitent l’Allemagne à accélérer sa stratégie éclair. L’idée selon laquelle l’Allemagne projette de se confronter efficacement à l’islam radical a des implications pour tous.

Comment La trompette a-t-elle pu annoncer cette stratégie, il y a deux ans ? La source pour l’analyse de M. Flurry a été Daniel 11 : 40. Ce verset décrit un heurt entre le roi du nord, l’Allemagne, et le roi du sud, l’islam radical conduit par l’Iran. Le roi du nord attaquera « comme une tempête ». Cette expression souligne la terreur que fera naître l’attaque et sa férocité. Mais, elle décrit, également, une attaque qui « n’est pas un simple assaut direct », écrit M. Flurry. « C’est une tempête qui tourbillonnera tout autour, envahissant le pays et l’inondant ! Le roi du nord ne pourrait pas venir comme une tempête à moins qu’il n’entoure l’Iran et ses alliés » (op. cit.).

Actuellement, l’État islamique est le grand nom dans la terreur radicale. Beaucoup de groupes terroristes à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du nord lui ont fait allégeance. Mais ces groupes ont, également, des liens profonds, et de longue date, avec l’Iran. La Trompette a longtemps annoncé que l’Iran apparaîtrait comme le leader de l’islam radical.

Pour beaucoup de gens, aujourd’hui, la Bible ressemble à une source étrange pour ces sortes de prévisions. Mais cette stratégie éclair n’est qu’un moyen spécifique qui a été démontré correct. Pour apprendre davantage sur ce que la Bible dit de la stratégie éclair de l’Allemagne, et ce que cela signifiera pour le monde, lisez « La prophétie sur la tempête » (theTrumpet.com/go/10678).