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Criblé d'erreurs

La trompette

Criblé d'erreurs

Relever les ruines : La bataille pour faire revivre le legs de Herbert W. Armstrong (Chapitre Sept)

Lire le chaptire précédent : Empreintes Digitales

« Ces choses que [M. Armstrong] avait écrites dans ce livre [Le mystère des siècles] n’ont jamais été centrales—nous n’avons jamais utilisé le terme ‘central’ pour notre enseignement. Ce n’était que ses interprétations des Écritures… »

Joseph W. Tkach Jr .

Déposition, 8 septembre, 1998

Au moment de l’exclusion de mon père, le 7 décembre 1989, le sujet du Mystère des siècles a été abordé. Mon père a, avec énergie, défendu son contenu, disant que la distribution du livre n’aurait pas dû être arrêtée. Joseph Tkach Jr lui a dit qu’il serait impossible de le distribuer, dans la mesure où le livre était « criblé d’erreurs ». Cette déclaration a choqué mon père. Il avait été dit aux membres que le livre n’était plus distribué parce qu’il était cher, et que son contenu pouvait être trouvé dans d’autres littératures. Mais lors de cette nuit d’hiver, dans le bureau de Tkach Jr, la véritable raison a apparu.

Neuf ans plus tard, lors d’une déposition, quand il lui a été demandé s’il avait utilisé l’expression « criblé d’erreurs » au moment de l’exclusion, M. Tkach a dit : « Je crois que c’était mes mots exacts »1. Selon M. Tkach, Gerald Flurry pensait que « Le mystère des siècles aurait dû être promu encore plus, et je lui ai dit qu’il y avait trop d’erreurs… pour le promouvoir de la façon qu’il pensait… »2

Nous avons déjà examiné un certain nombre de changements qui ont eu lieu en 1986. Le Tkachisme a continué à défaire les doctrines pendant 1987, et la première moitié de 1988—quand ils ont enlevé Le mystère des siècles de la circulation. En se basant sur ce que Tkach Jr a dit à mon père en 1989, les changements étaient tellement nombreux et d’une telle portée que Le mystère des siècles ne pouvait pas être utilisé sous aucune forme. Il était, comme il l’a dit, « criblé » d’erreurs.

Noms et dates

Comme il a été dit dans le Chapitre six, les compagnons de Tkach ont mis peu de temps avant de changer les enseignements contenus dans Les Anglo-Saxons selon la prophétie. En plus d’avoir enlevé toutes les références à l’ancienne Assyrie devenue l’Allemagne aujourd’hui, les rédacteurs avaient, également, des ennuis avec la façon dont M. Armstrong faisait la différence entre les Israélites et les Juifs.

Comme M. Armstrong l’a enseigné, « il est faux d’appeler les Juifs d’aujourd’hui ‘Israël’. Ils ne sont pas la nation d’Israël—ils sont Juda ! Et quel que soit l’endroit où Israël se trouve aujourd’hui, rappelez-vous que Israël, en tant que nom national, ne signifie pas Juif ! »3 Les rédacteurs ont enlevé ces sortes de déclarations de la version 1986, vraisemblablement pour éviter d’offenser les Juifs. Cependant, M. Armstrong n’essayait d’offenser personne. Il faisait simplement cette distinction clef pour appuyer le point central du livre :

Les Juifs sont des Israélites, de même que les Californiens sont des Américains. Mais la plupart des Israélites ne sont pas des Juifs, de même que la plupart des Américains ne sont pas des Californiens. Les Juifs sont la maison de Juda seulement, une partie des Israélites. Mais quand on parle de ces gens en tant que nations, plutôt que comme des individus en collectivité, le terme ‘Israël’ ne fait jamais référence aux Juifs. ‘La Maison d’Israël’ ne signifie jamais ‘Juifs’. Les trois tribus à Jérusalem sous le règne de David sont appelées, simplement, la maison de Juda.4

La phrase mise en italique, le point le plus crucial dans le paragraphe, c’est ce que les rédacteurs ont enlevé de la version 1986.

Plus haut dans le livre, quand M. Armstrong explique Genèse 48—où Jacob transmet les bénédictions du droit d’aînesse à Éphraïm et à Manassé—il dit que, au verset 16, c’était ces deux garçons qui étaient appelés Israël, et non pas les descendants de Juda. Plus bas, M. Armstrong demande : « Qui, alors, selon votre Bible, est le véritable Israël (du point de vue de la race et de la nation) d’aujourd’hui ? »5 Éphraïm et Manassé bien sûr ! Mais ces sortes de déclarations devaient être enlevées parce que, selon des érudits de l’ÉUD, elles avaient été « une source de critiques ».6 Une source de critiques ? C’est le point central de tout le livre !7

Ils avaient aussi un problème avec les dates de la captivité pour Juda (604 à 585 av. J.-C., selon M. Armstrong) et pour Israël (721 à 718 av. J.-C.). Dans le dernier cas, les rédacteurs ont choisi 721 comme la seule date pour la captivité d’Israël. Quant à Juda, ils ont décidé de laisser les attaques sur Jérusalem par Nebucadnetsar comme « généralement… non datées » dans la version 1986 du livre.8

La signification de ces changements a beaucoup plus affaire avec la prophétie qu’avec le fait d’assigner des dates aux événements anciens.9

Bien entendu, Tkach Jr a dit qu’ils n’avaient aucune idée de l’endroit où de tels changements menaient. Mais la vérité, c’est que ces éditions massives, commençant en 1986, révèlent, de manière accablante, l’état d’esprit des mêmes personnes qui ont complètement rejeté le livre deux courtes années plus tard.

Une petite brochure, mais une révision énorme

Environ six mois après qu’ils ont fait les changements couverts ci-dessus, les rédacteurs de l’ÉUD ont réduit de plus de deux tiers le texte de la version 1986 des Anglo-Saxons selon la prophétie—réduisant le livre de 184 pages à 53 maigres pages.

Absents de la version 1987 sont l’Introduction, les deux premiers chapitres et le dernier quart du livre. Les quatre derniers chapitres du livre, en fait, sont résumés en cinq pages dans la version 1987. Les rédacteurs ont essentiellement supprimé ce qui restait de la prophétie dans la version 1986. Et la minuscule partie qu’ils ont laissée était fortement épurée—la rendant beaucoup moins personnelle pour les descendants modernes d’Israël (« nous » a été changé en « ils » et « eux »).

Quand les Tkach ont annoncé que le livre avait été réduit, ils ont expliqué que l’édition plus volumineuse était « devenue trop coûteuse, de manière prohibitive, pour l’expédier par la poste dans les vastes régions du monde anglophone. »10 Ils ont donc fait la petite version seulement pour les régions ayant un coût postal élevé. Mais—préparez-vous pour ce qui suit—une fois qu’ils l’ont finie, ils se sont aperçus que c’était « le style de M. Armstrong à son meilleur niveau » ! Il a été « tellement efficacement écrit et était tellement au point » que M. Tkach a décidé de rendre la petite version disponible pour tous— rendant, de manière commode, la version complète inutile. C’est de cette manière qu’ils ont expliqué les choses aux membres, en 1987—que la nouvelle version était meilleure, et qu’elle ferait faire des économies à l’Œuvre sur les coûts postaux. Rien n’a été mentionné sur la transformation doctrinale que le texte avait subie depuis que M. Armstrong était mort.

L’année suivante, au milieu de 1988, même la version de 53 pages n’a pas réussi à échapper au canif du rédacteur. Après deux années tumultueuses d’impression, après la mort de M. Armstrong, les rédacteurs ont finalement ôté, de manière permanente, Les Anglo-Saxons selon la prophétie, bien que les membres n’aient découvert la raison réelle de son retrait que bien des années plus tard.

Le plus gros souci de Tkach Jr avec le livre, c’est comment l’enseignement de M. Armstrong a, prétendument, « favorisé les préjugés raciaux ».11 Dans Transformée par la vérité, il écrit : « Dans les deux ans de la mort de M. Armstrong, plusieurs dirigeants d’Églises ont commencé à discuter de l’Anglo-israélisme12 avec mon père. »13

Il dit dans les deux ans. En fait, en l’espace de deux ans, deux tiers du livre avaient déjà été coupés—et le livre entier a été enterré quelques mois plus tard. Des changements significatifs au texte, comme nous l’avons vu, ont été faits immédiatement après la mort de M. Armstrong. C’était comme si la destruction de cette vérité avait déjà été projetée, et que le seul obstacle qui empêchait cela de se produire était que M. Armstrong était vivant.

En effet, l’acte de décès du livre avait été rédigé une décennie plus tôt. Écrivant à propos des Anglo-Saxons selon la prophétie, pendant l’ère libérale des années 1970, M. Armstrong a dit à l’Église : « Mon fils, assumant une autorité qui ne lui a jamais été déléguée, a réduit cette brochure, des plus importantes, à presque rien, et ensuite il l’a complètement ôtée de la circulation ! »14

N’est-ce pas incroyable ? Les choses se sont produites exactement de la même façon qu’après la mort de M. Armstrong. Cependant, les Tkach ont prétendu qu’ils n’avaient aucune idée de l’endroit où les éditions massives de 1986 menaient.

Le sacrifice de Jésus-Christ

Beaucoup de commentateurs analysant la transformation de l’ÉUD hors de « l’Armstrongisme » pointent vers mars 1987 comme le début du processus de toute la réévaluation. Nous avons déjà vu comment les changements avaient, en réalité, commencé bien avant cela. Cela dit, cependant, le changement de début 1987, quant au sacrifice de Jésus-Christ et à la guérison divine, était énorme.

M. Tkach Sr a d’abord présenté le sujet dans le Rapport du Pasteur général du 18 mars 1987, envoyé aux ministres de l’Église. Il a expliqué le changement, une semaine plus tard, à tous les membres.15 Le Tkachisme a conduit les gens à présumer, de manière inexacte, que le « changement concernant la guérison » voulait dire que ce n’était plus un péché, pour des membres de l’ÉUD, d’aller chez les médecins. Mais M. Armstrong n’a jamais dit que c’était un péché d’aller chez les médecins.

Dans sa brochure La pure vérité au sujet de la guérison, M. Armstrong a, en réalité, dit que nous avons besoin des médecins pour une variété de choses. Il écrit :

Les grandes avancées dans le domaine médical permettent à l’homme de faire, pour sa famille humaine, beaucoup de choses qu’il ne pouvait pas faire il y a 50 ans, sauf apporter la véritable guérison. Dieu fait pour nous (souvent par l’intermédiaire de miracles) ce que nous sommes incapables de faire. Dieu a donné aux hommes des talents, la puissance de l’esprit (pour accomplir des choses physiques), et des capacités qu’Il voulait que nous utilisions et développions sous Sa direction, et toujours pour Sa gloire, et dans le sens de notre développement dans le caractère saint et juste de Dieu.16

Plus haut dans le texte, il dit : « Il est vrai qu’aujourd’hui la plupart des médecins prescrivent des médicaments qui ne sont pas des poisons, mais plutôt des médicaments conçus pour aider la nature à faire sa propre guérison. » Il demande : « A-t-on toujours besoin de médecins ? »

Réponse : « Oui ! — mais le véritable peuple de Dieu n’a pas besoin d’eux pour rivaliser avec Dieu en tant que notre Dieu-Guérisseur… »17 L’enseignement de M. Armstrong sur ce sujet était semblable à toute autre doctrine de l’Église : Mettre Dieu en premier. Et même dans ce cas, si quelqu’un manquait de foi en Dieu, il l’encourageait, en réalité, d’autant plus, à mettre sa confiance dans les médecins !

Si un membre de l’Église manque tout simplement de foi pour être guéri par le Christ vivant—s’il a plus de foi en « l’expertise » médicale qu’en Dieu et qu’en les promesses de Dieu, l’Église de Dieu ne le jugera pas ou ne le condamnera pas s’il se met lui-même, ou son enfant, sous un traitement médical. Si c’est la chose la meilleure dans laquelle il a la foi, qu’il ait cette aide, que peuvent donner les hommes, plutôt que de n’avoir aucune aide du tout !18

Avec le Tkachisme, cependant, les membres de l’Église se jugeaient souvent les uns les autres—et, d’habitude, ceux qui étaient jugés le plus sévèrement, c’étaient ceux qui avaient choisi de ne pas compter sur des médecins pour « la guérison » ! Dans quelques cas, des ministres ont même refusé de oindre des membres, malgré l’ordre clair de Dieu, dans Jacques 5 : 14, parce que les membres ne sont pas d’abord allés chez un médecin.

En mettant de côté l’interprétation erronée du Tkachisme, à l’égard de ce que M. Armstrong a, en réalité, enseigné sur le sujet de la guérison, il y avait, en fait, des changements précis opérés dans la doctrine de l’Église, en mars 1987. Le plus significatif d’entre eux avait à voir avec le sacrifice de Jésus-Christ.

M. Armstrong a enseigné que la façon dont nous sommes libérés de la pénalité du péché (la mort éternelle), c’est par le sang versé de Jésus-Christ. Le Christ est mort à notre place. La guérison divine est basée sur le même principe. Avant Sa crucifixion, Jésus a été battu et fouetté. De nombreuses Écritures expliquent la raison de cet épouvantable châtiment : c’était afin que nous puissions être guéris.19

Rien ne souligne mieux la différenciation entre le châtiment et la crucifixion plus que la Pâque chrétienne. À cette cérémonie, comme les Écritures du Nouveau Testament l’expliquent, il est demandé d’abord aux chrétiens de manger le pain brisé, qui symbolise le corps battu et brisé du Christ. Ensuite, ils doivent boire un petit verre de vin, qui représente le sang versé du Christ.20

Dans ces mêmes pages, M. Armstrong enseigne que, puisque la loi de Dieu est spirituelle21, la transgression de cette loi constitue un péché spirituel—la pénalité pour laquelle l’issue c’est la mort éternelle. De la même manière, le corps physique de l’homme fonctionne selon des lois physiques définies. La transgression de ces lois exige, également, une pénalité—dans ce cas, les infirmités et maladies. Autrement dit, les infirmités et maladies résultent du péché physique.

Jésus-Christ est mort afin que la pénalité pour le péché spirituel, la mort éternelle, puisse être payée, et afin que nous puissions recevoir le don de la vie éternelle.22 Il a été battu avant qu’Il ne meure afin que la pénalité pour le péché physique—l’infirmité et la maladie—puisse être payée complètement pour que nous soyons guéris. Jésus, Lui-même, a expliqué, dans Luc 5 : 17-26, que la guérison est le pardon des péchés physiques.

Avec le Tkachisme, il n’y a pas de péché physique en tant que tel. Il peut y avoir une cause pour la maladie physique, mais ce n’est pas le péché physique. Par conséquent, Jésus n’a pas été battu pour notre guérison. Son corps brisé a « beaucoup plus de signification », a dit Tkach.23 Le sacrifice de Jésus ne devrait pas être séparé en corps brisé et en sang versé, a-t-il dit. Les deux sont intimement liés comme un sacrifice suprême. En outre, tandis que M. Armstrong croyait que c’était toujours la volonté de Dieu de guérir (bien que ce soit jusqu’à ce que Dieu ait déterminé le moment), M. Tkach a dit que la guérison n’était pas une promesse de Dieu, mais plutôt une bénédiction—et que ce n’était pas toujours la volonté de Dieu d’accorder cette bénédiction.

Vous trouvez cette sorte de raisonnement dans le Projet de théologie systématique, produit par des libéraux de l’ÉUD pendant les années 1970. Dans la tentative d’atténuer la promesse formelle de Dieu dans Jacques 5 : 14-15, le STP dit : « Bien que cette déclaration semble être écrite sans restriction, la condition ‘si c’est la volonté de Dieu’ était sans doute tacitement comprise. »24 Bien entendu, vous ne trouvez une telle déclaration— « si c’est la volonté de Dieu » —nulle part dans la Bible, quant à la promesse de guérison de Dieu. Mais les libéraux, dans les années 1970, croyaient que cette condition était tacitement comprise. M. Tkach a été d’avis à changer l’enseignement de l’Église, en 1987, après la mort de M. Armstrong.

Le nouvel enseignement sur le sacrifice du Christ et sur le péché physique avait un impact profond sur l’inventaire de la littérature de l’Église. Dans son livre, Tkach Jr dit : « En 1989 nous avons arrêté la distribution des brochures qui enseignaient, comme nous en sommes venus à le croire, une compréhension imparfaite de la guérison divine. »25 En vérité, ce processus a commencé immédiatement après que le changement a été fait, en mars 1987. Cela a commencé par la brochure La pure vérité au sujet de la guérison, de M. Armstrong. Lors du changement, Tkach Sr expliquait :

La brochure sur la guérison devra être temporairement retirée jusqu’à ce que les éditions et les révisions, reflétant cette nouvelle compréhension que Jésus-Christ a donnée à Son Église, puissent être faites. Les références dans notre littérature relatives au « péché physique » et au corps de Jésus brisé, dans le but limité de payer la pénalité pour « les lois physiques violées », devront également être révisées.26

Trois semaines après que M. Tkach a écrit cela, la brochure Les principes d’une vie florissante et le tiré à part « La pure vérité au sujet du jeûne » ont été supprimés du stock. Ils ont également annoncé que les leçons 12, 23 et 25 du Cours par correspondance avaient été remisées en prévision de leur révision.

En 1988, Qu’est-ce que la foi ?, La pure vérité au sujet des Pâques et Le merveilleux monde à venir ont toutes été mises au rebut à cause des explications « incorrectes » sur la guérison et le sacrifice du Christ. Elles ont été, plus tard, révisées et rééditées, portant la signature de M. Armstrong, contenant cependant un nouvel enseignement doctrinal que M. Armstrong aurait rejeté.

Dans Le mystère des siècles, aux pages 64 à 68, M. Armstrong parle d’un exemple personnel spectaculaire de guérison qui aurait dû être retravaillé ou enlevé entièrement, basé sur le nouvel enseignement de Tkach. La section, à la page 211, sous le sous-titre, « Jésus châtié pour notre guérison », parle du péché physique, et de la guérison comme étant le pardon des péchés. À la page 317 se trouve une référence à la guérison et au repentir vis-à-vis du péché. De même, à la page 319, M. Armstrong fait référence aux lois de la santé. Toutes ces références auraient dû être enlevées pour que Le mystère des siècles survive.

L’onde de propagation de ce nouvel enseignement était énorme.

Le « Messager » devient « l’Église »

Joseph Tkach Jr voudrait nous faire croire que lorsque les rédacteurs ont supprimé toute cette partie concernant « Élie » dans la publication sous forme de série du Mystère des siècles, en 1986, dans la Pure Vérité, qu’il n’y avait rien de sinistre derrière la suppression. Il ne s’agissait que d’un effort innocent pour condenser le texte dans l’espace alloué. Ils n’ont jamais songé un seul instant que leur enseignement sur le sujet puisse changer. Cependant, l’année suivante, le Département de la correspondance personnelle de l’Église (DCP) a produit une lettre-type sur le sujet de la prophétie d’Élie qui se trouve dans Matthieu 17. Elle dit : « À la fin de l’actuel âge mauvais, le message ‘d’Élie’ doit, de nouveau, tonner pour le désobéissant Israël, en tant que témoignage, et pour préparer un peuple pour la Seconde venue du Christ. »27 Selon la lettre, l’ÉUD délivrait ce message. M. Armstrong n’a même pas été mentionné. Pourtant, la plupart des membres auraient complètement ignoré le nouvel enseignement, s’il ne leur était arrivé de poser une question au DCP au sujet de Matthieu 17.

Ce n’est qu’au début de 1988 que le Tkachisme est finalement arrivé à l’explication du nouvel enseignement pour une audience plus grande. Tkach Sr a écrit : « Jésus a dit que ‘Élie’ devait ‘restaurer toutes choses’, ou faire que les choses soient prêtes. Jean, à son époque, a préparé ceux qui l’écoutaient... »28 Et en ce qui concerne « l’autre homme » —l’accomplissement des derniers jours de ces prophéties ? Tkach a expliqué : « Tout comme Malachie a prophétisé sur Jean-Baptiste [Malachie 4 : 5-6], et tout comme l’ange Gabriel l’a expliqué [dans Luc 1 : 16-17], un peuple serait préparé pour Dieu. De l’ère d’Éphèse jusqu’à présent, l’Église de Dieu a rempli ce rôle consistant à préparer un peuple pour Dieu. »29 Ainsi Jean-Baptiste était l’Élie du premier siècle et « l’Église » est l’Élie du temps de la fin ! Jean a préparé la voie pour la Première venue du Christ, et l’Église prépare la voie pour Sa Seconde venue. Ce qui a commencé avec Jean-Baptiste, écrit M. Tkach, a « continué à travers les siècles par les ères successives de l’Église de Dieu. »30

De manière incroyable, ce changement important de la doctrine a été présenté aux membres comme si c’était quelque chose que nous avions toujours su et cru. M. Tkach a introduit l’article en disant que l’Église s’est souvent concentrée sur « le principe général » de ces prophéties de l’Élie du temps de la fin— « celui du renforcement des relations familiales, au lieu de la signification primaire essentielle de ces versets. »31 En vérité, l’Église s’était en réalité concentrée sur la signification primaire, très spécifique de ces versets—c’est-à-dire, qu’ils font référence à Herbert Armstrong et à l’Œuvre que Dieu a fait par son intermédiaire, dans ce temps de la fin. Mais en février 1988, M. Tkach a non seulement rejeté cet enseignant formel, mais de plus il fait comme si M. Armstrong a enseigné la même chose.

Quel impact ce changement a dû avoir sur le statut du Mystère des siècles—à ce point toujours en circulation, quoique, sans aucun doute, ne tenant qu’à un fil ! Dès le début du dernier livre de M. Armstrong, à la page 9, se trouve une section ayant pour sous-titre, « L’Élie à venir ». Il y souligné, de nouveau, la dualité de ces prophéties précises—le premier accomplissement étant Jean-Baptiste. Cependant, comme il l’a si souvent expliqué, ces prophéties font également référence « à un messager humain préparant le chemin pour la Seconde venue, maintenant imminente, du Christ, cette fois avec une puissance et une gloire suprêmes, en tant que Souverain sur toutes les nations ! » Cette déclaration était maintenant en désaccord avec le nouvel enseignement de Tkach à propos de l’Église comme étant ce « messager ».

Le mystère des siècles incluait une autre référence, à la page 251, au sujet des « 18 vérités fondamentales et essentielles » qui ont été restaurées pour l’Église par un homme.

Dans le chapitre 6, nous avons également parlé de la signification de ce que M. Armstrong a couvert de la page 289 à la page 292 dans Le mystère des siècles, où il dit : « Ces prophéties ont maintenant, sans aucun doute, été accomplies », faisant référence à Matthieu 24 : 14, Apocalypse 3 : 7-13, Malachie 3 : 1-5, Malachie 4 : 5-6 et Matthieu 17 : 11.32 (Rappelez-vous que toutes ces prophéties ont été omises dans la publication du livre, sous forme de série, en 1986.)

Et ensuite, il y a une section finale, à la fin du Mystère des siècles, sous-titrée « Un Élie pour notre époque ». M. Armstrong écrit :

Jean-Baptiste était un messager, prêchant dans le désert physique du Jourdain ; il préparait le chemin avant le Premier avènement du Christ qui, en tant qu’homme, allait entrer dans Son temple physique, à Jérusalem, et faire partie du peuple physique de Juda pour annoncer la bonne nouvelle de l’instauration future du Royaume de Dieu. En revanche, un autre messager—dont Élie était un précurseur—allait préparer le Second avènement du Christ. Ce messager-là allait prêcher dans le désert spirituel de la confusion religieuse qui régnerait dans le monde, pour préparer la venue du Roi des rois et Seigneur des seigneurs, qui entrerait—avec toute Sa gloire et toute Sa puissance divines—dans Son temple spirituel, l’Église (Éphésiens 2 : 21), afin d’instaurer le royaume de Dieu.33

De bien des manières, changer le messager prophétisé—passant de M. Armstrong à l’Église—détruit beaucoup, si ce n’est tout, de la substance du Mystère des siècles.

En mettant tous ces changements ensemble, il n’est pas étonnant que Joe Tkach Jr dise à mon père, à la fin de 1989, que toute utilisation ultérieure du Mystère des siècles serait impossible.

Criblé d’erreurs

Au début du Mystère des siècles, M. Armstrong parle de la « Babylone de confusion religieuse », et de la manière dont les sept mystères fondamentaux révéleraient pourquoi le monde religieux est dans une telle confusion.34 Dans son premier chapitre, sur l’identité et la nature de Dieu, il explique comment les anciens mystères babyloniens ont apparu dans le dogme chrétien.35 Dans le quatrième chapitre, sur la civilisation, M. Armstrong explique comment notre civilisation a commencé avec Nimrod, et comment les religions païennes de ce monde ont commencé par sa femme Sémiramis.36 Cependant, comme nous l’avons déjà vu, l’identité de Babylone avait été diluée par le Tkachisme avant même la mort de M. Armstrong.37

Il y a également des passages dans Le mystère des siècles identifiant l’Assyrie moderne—ils « se sont installés en Europe centrale, et les Allemands, sans aucun doute, sont, en partie, les descendants des anciens Assyriens », écrit M. Armstrong.

Il y a les nombreux autres changements « mineurs » que l’ÉUD a faits, comme nous en avons parlé dans les deux derniers chapitres. Quand le Tkachisme a changé la définition de Elohim en 1986, leur nouvelle compréhension a contredit la définition trouvée dans Le mystère des siècles aux pages 50, 94 et 135. Leur enseignement révisé de 1986 sur l’esprit humain, dans la mesure où il diffère du cerveau animal, est différent de l’explication de M. Armstrong aux pages 104, 105, 109 et 237 du Mystère des siècles. En février 1987, les rédacteurs ont enlevé toutes les références, dans la brochure sur les jours saints, où il est question des Israélites tuant l’agneau de Pâque le soir du 14 Nisan. Cela, aussi, contredit ce que M. Armstrong écrit dans Le mystère des siècles en bas de la page 53.

Ajoutez à cela l’arrêt de la littérature. En septembre 1987, l’ÉUD a enlevé L’Incroyable potentialité humaine de la circulation—ne donnant aucune explication, si ce n’est que « beaucoup de choses » existaient dans d’autre littérature disponible.38 Les Anglo-Saxons selon la prophétie, comme nous l’avons dit au début de ce chapitre, a fait l’objet d’une révision significative en 1986, puis a été radicalement réduit, en 1987, et a finalement disparu en 1988. Le merveilleux monde à venir—un autre livre majeur écrit par M. Armstrong—a eu un quart de son contenu coupé, en 1987, à cause « des économies considérables » que cela engendrerait pour l’Œuvre.39

Tous ces changements, toutes ces coupes massives dans la littérature, sont arrivés avant la mi-1988. On aurait du mal à décrire cela comme un lent réveil à une nouvelle compréhension. Ces hommes déroulaient leur programme aussi intensément et rapidement qu’ils le pouvaient, sans révéler leurs pleines intentions.

Il n’est pas étonnant que le statut du Mystère des siècles ait atteint un carrefour crucial pour les représentants de l’ÉUD, à ce moment-là. Le mystère des siècles, à partir de la mi-1988, était le livre le plus connu et le plus demandé de l’Église. Le Tkachisme, lui, croyait qu’il était « criblé d’erreurs ».

Que feraient les Tkach ?

À suivre …