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Découvert : un lien entre la Jérusalem de Salomon et l’Arabie du Sud !

« La reine de Séba au roi Salomon » par Edward Poynter, 1890

Découvert : un lien entre la Jérusalem de Salomon et l’Arabie du Sud !

Une nouvelle lecture de poterie révèle-t-elle le lien entre la reine de Séba et le roi Salomon ?

Le récit biblique de la visite de la reine de Séba à Jérusalem sous le règne de Salomon est détaillé et vivant. Selon 1 Rois 10, la célèbre reine a été profondément émue par ce qu’elle a vu et vécu à la cour royale du grand roi d’Israël.

Que nous apprend l’archéologie sur cet événement important ?

L’archéologie n’a fourni aucune preuve réelle de cet événement—jusqu’à aujourd’hui. Grâce à la nouvelle analyse d’une inscription énigmatique du pithos de l’Ophel par le Dr Daniel Vainstub, expert en épigraphie, des preuves scientifiques fascinantes viennent étayer cette histoire.

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L’inscription de l’Ophel analysée par le Dr. Vainstub, un chercheur de l’Université Ben Gurion du Néguev, a été découverte pour la première fois en 2012. L’artefact a été mis au jour par des étudiants du Collège Herbert W. Armstrong qui participaient aux fouilles de l’Ophel du Dr Eilat Mazar, financées par Daniel Mintz et Meredith Berkman. L’artefact en argile a été trouvé parmi un certain nombre de grands morceaux de pithoi (récipients de stockage en argile) brisés et encastrés dans un vide dans le substrat rocheux.

En examinant la poterie, nous avons été stupéfaits de découvrir que l’un des tessons—une partie du bord de l’un des récipients—contenait une inscription relativement grande. Étant donné que la poterie datait du 10e siècle avant J. C.la période de la monarchie unifiée d’Israël—la découverte a été saluée comme la plus ancienne inscription alphabétique jamais trouvée à Jérusalem et l’une des plus anciennes trouvées en Israël. (Cette datation a été corroborée l’année dernière par une analyse stratigraphique et céramique méticuleuse publiée par le Dr. Ariel Winderbaum).

Le contenu exact de l’inscription—et même la langue exacte dans laquelle elle a été écrite—sont restés insaisissables. Nous savions que la langue était sémitique, mais c’est à peu près tout. L’opinion dominante était qu’il s’agissait d’une inscription protocananéenne. D’autres affirmaient qu’il s’agissait d’un hébreu ancien. Étant donné la nature fragmentaire de l’inscription, il n’y avait pas de consensus sur son contenu exact (certaines théories prétendaient qu’il s’agissait d’une référence au « vin »).

Le mois d’avril a été marqué par un développement majeur dans la conversation en cours sur la mystérieuse inscription de l’Ophel.

Dans un article publié dans le Jerusalem Journal of Archaeology [Journal d’archéologie de Jérusalem] de l’Université hébraïque, le Dr Vainstub a présenté une conclusion totalement différente—à savoir que la langue de l’inscription est en fait la langue sudarabique ancienne (SA).

Ce territoire, situé à l’extrême ouest de la péninsule arabique (dans la région de l’actuel Yémen), a été largement identifié par les spécialistes comme la région du royaume de Séba. Mais ce n’est pas tout. Le Dr Vainstub a également expliqué que l’inscription se réfère spécifiquement à un type d’encens, appelé ciste-porte labdanum (Cistus ladaniferus).

Selon la nouvelle interprétation, l’inscription sur la jarre est la suivante : « [ ]shy l’dn 5 ». Les trois premières lettres sont la suite d’un mot précédent. Cependant, « l’dn 5 » signifie « cinq mesures de ciste-porte labdanum. » La lecture que fait le Dr Vainstub de l’inscription diffère des autres lectures, dont la plupart suggèrent que le texte est cananéen. Selon Vainstub, deux des lettres de l’inscription posent un problème pour les théories cananéennes. Ces deux lettres, dit-il, ont des parallèles beaucoup plus proches dans la langue sudarabique que dans la langue cananéenne.

Même l’interprétation selon laquelle la lettre représente une quantité de « cinq », sous la forme sudarabique, convient bien. Nous savons que ce type de pithoi avait une capacité d’environ 110 à 120 litres. L’épha judaïque, une mesure courante dans la Bible, équivaut à environ 20 à 24 litres. Par conséquent, le récipient de stockage aurait logiquement pu contenir précisément cette quantité numérique de produit—cinq épha.

Lors d’une interview avec Brent Nagtegaal sur notre podcast Let the Stones Speak [Laissez parler les pierres] en avril, le Dr Vainstub a noté que le mot ciste-porte labdanum ne se trouve pas dans la Bible. Après une enquête plus approfondie, M. Vainstub a conclu que le ciste-porte labdanum est décrit dans la Bible en utilisant le mot šǝḥēlet. Il est parvenu à cette conclusion après avoir étudié plusieurs sources du Moyen Âge qui assimilent le mot biblique šǝḥēlet à ciste-porte labdanum.

Le mot šǝḥēlet désigne l’un des quatre ingrédients nécessaires à la fabrication de l’encens utilisé dans le tabernacle, puis dans le premier et le second temple. Cette recette est décrite dans Exode 30 : 23.

« L'Éternel dit à Moïse : Prends des aromates, du stacté, de l'ongle odorant [תלחש], du galbanum, et de l'encens pur, en parties égales » (Exode 30 : 34).

Le Dr Vainstub a également expliqué que, jusqu’à récemment, notre compréhension limitée de l’alphabet sudarabique a entravé la capacité des chercheurs à interpréter les inscriptions dans cette langue. Ce domaine s’étant « énormément développé au cours des dernières décennies », les chercheurs sont aujourd’hui en mesure d’acquérir de nouvelles connaissances. « La découverte de l’inscription de l’Ophel marque un tournant dans de nombreux domaines », a déclaré M. Vainstub. « Non seulement c’est la première fois qu’une inscription SA datée du 10e siècle avant J.C. est trouvée dans une région aussi septentrionale, mais il s’agit également d’une inscription gravée localement, qui atteste de la présence à Jérusalem d’un fonctionnaire sabéen chargé des arômes d’encens. »

En bref, le Dr Vainstub croit que l’inscription est celle d’un agent de liaison commerciale sabéen en poste à Jérusalem, et non en visite.

Il conclut que linscription du pithos est la preuve d’une sorte de route commerciale du 10e siècle avant J.C. entre l’Arabie méridionale et Jérusalem (une distance de plus de 2 000 kilomètres). Le récit biblique en parle dans la description de la visite de la reine.

« La reine de Séba apprit la renommée que possédait Salomon, à la gloire de l’Éternel, et elle vint pour l’éprouver par des énigmes. Elle arriva à Jérusalem avec une suite fort nombreuse, et avec des chameaux portant des aromates, de l’or en très grande quantité, et des pierres précieuses. Elle se rendit auprès de Salomon, et elle lui dit tout ce qu’elle avait dans le cœur. […] Elle donna au roi cent vingt talents d’or, une très grande quantité d’aromates, et des pierres précieuses. Il ne vint plus autant d’aromates que la reine de Séba en donna au roi Salomon » (1 Rois 10 : 1-2, 10).

Au cours du 10e siècle avant J.C. et ensuite, le royaume de Séba « a prospéré grâce à la culture et à la commercialisation des plantes à parfum et à encens, avec Ma’rib comme capitale. Ils ont développé des méthodes d’irrigation avancées pour les champs où poussaient les plantes utilisées pour la fabrication des parfums et des encens », selon l’article du Jerusalem Journal of Archaeology. Les parfums et les encens étaient ensuite exportés vers le Levant.

Deux prophètes bibliques ultérieurs, Ésaïe et Jérémie, ont tous deux attiré l’attention sur le commerce des épices et de l’encens en provenance du pays de Séba.

« Tu seras couverte d’une foule de chameaux, de dromadaires de Madian et d’Épha ; ils viendront tous de Séba ; ils porteront de l’or et de l’encens, et publieront les louanges de l’Éternel » (Ésaïe 60 : 6).

« Qu’ai-je besoin de l’encens qui vient de Séba, du roseau aromatique d’un pays lointain ? Vos holocaustes ne me plaisent point, et vos sacrifices ne me sont point agréables » (Jérémie 6 : 20).

Le Dr Vainstub pense que l’inscription a été gravée par un locuteur natif de la langue arabe méridionale qui était en poste à Jérusalem et participait à l’approvisionnement en épices à encens. En effet, l’analyse pétrographique de la jarre montre qu’elle a été fabriquée avec de l’argile de la région de Jérusalem. L’écriture a été réalisée avant la cuisson du récipient. Cela signifie qu’il y avait des locuteurs sabéens en Israël à l’époque du roi Salomon et qu’ils étaient impliqués dans la fourniture des épices à encens.

Le lieu de découverte de l’inscription—l’Ophel de Jérusalem—est également un endroit logique pour la présence d’épices et d’encens. La Bible indique que deux siècles après le roi Salomon, le roi Ézéchias conservait des épices de grande valeur dans sa salle du trésor royal, qui aurait été située sur l’Ophel. Dans le récit, le roi Ézéchias prend la mauvaise décision de montrer à un groupe de visiteurs venus de Babylone toutes les richesses de son royaume, y compris les épices.

« En ce même temps, Berodac Baladan, fils de Baladan, roi de Babylone, envoya une lettre et un présent à Ézéchias, car il avait appris la maladie d’Ézéchias. Ézéchias donna audience aux envoyés, et il leur montra le lieu où étaient ses choses de prix, l’argent et l’or, les aromates et l’huile précieuse, son arsenal, et tout ce qui se trouvait dans ses trésors : il n’y eut rien qu’Ézéchias ne leur fît voir dans sa maison et dans tous ses domaines » (2 Rois 20 : 12-13).

Plus intriguant encore, la nouvelle lecture de Vainstub est un nouvel élément de preuve qui vient s’ajouter au débat parfois virulent sur la nature de la Jérusalem du 10e siècle avant J.C. (et, par extension, de l’ensemble du royaume d’Israël). Jérusalem était-elle à cette époque la capitale riche, puissante et bien fortifiée dont il est question dans le texte biblique ? Ou s’agissait-il d’un petit village sans importance, comme le prétendent certains minimalistes ? La présence d’une route commerciale établie entre l’Arabie du Sud et Jérusalem renforcerait certainement le premier argument !

Enfin, la datation du 10e siècle de l’inscription et le contexte archéologique dans lequel elle a été découverte s’accordent avec la chronologie biblique de la période de la visite de la reine de Séba à la Jérusalem du roi Salomon et à son temple (non loin, d’ailleurs, du lieu de la découverte).

Comme l’a déclaré sans ambages le Dr Vainstub en avril, « cette inscription ne prouve pas la visite de la reine de Séba à Jérusalem ; son nom n’est pas écrit sur le récipient. Mais elle prouve qu’il y avait un lien entre le royaume de Salomon et le royaume de Séba. »

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