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Découverte d'une ancienne ‘tablette de malédictions’ hébreu sur l'autel de Josué au mont Ébal

Amulette découverte sur le site de l'autel du Mont Ébal [COURTESY OF DR. SCOTT STRIPLING | PHOTO: ROI HADI]

Découverte d'une ancienne ‘tablette de malédictions’ hébreu sur l'autel de Josué au mont Ébal

Un objet ancien révolutionnaire comportant plusieurs lignes de texte ‘plus anciennes de plusieurs siècles que toute inscription hébraïque connue en Israël’ et similaire à plusieurs écritures concernant l'entrée d'Israël en Canaan.

« Et lorsque l'Éternel, ton Dieu, t'aura fait entrer dans le pays dont tu vas prendre possession, tu prononceras la bénédiction sur la montagne de Garizim, et la malédiction sur la montagne d’Ébal […] Alors Josué bâtit un autel à l’Éternel, le Dieu d'Israël sur le mont Ébal, comme Moïse, serviteur de l'Éternel l'avait ordonné… » (Deutéronome 11 : 29 ; Josué 8 : 30 et 31).

Dans un communiqué de presse du 24 mars, l'archéologue Scott Stripling et son équipe d'archéologues et d'épigraphistes ont annoncé la découverte étonnante d'une « tablette de malédictions » en plomb plié, suite au tamisage humide des remblais de fouilles sur le site de « l'autel de Josué » sur le mont Ébal.

La tablette de malédictions (ou defixio), mise au jour en 2019 et qui daterait de la fin de l'âge du bronze II (vers 1400-1200 av. J.-C.), contient une inscription hébraïque ancienne, dont 40 lettres ont été déchiffrées jusqu'à présent. Cette découverte est « des siècles plus ancienne que toute inscription hébraïque connue de l'ancien Israël », selon le communiqué de presse. Dans un effort conjoint de quatre scientifiques de l'Académie des sciences de la République tchèque et de deux épigraphistes réputés (le professeur Gershon Galil de l'Université de Haïfa et Pieter Gert van der Veen de l'Université Johannes Gutenberg de Mayence), l'inscription proto-alphabétique a été déchiffrée comme suit :

Maudits, maudits, maudits—maudits par le Dieu YHW
Vous mourrez maudits
Maudits vous mourrez certainement
Maudits par YHWmaudits, maudits, maudits.

La tablette est remarquablement similaire aux récits de Deutéronome 11 et 27, et Josué 8, qui relatent la construction d'un autel sur ce site au moment de la conquête israélite de Canaan et la déclaration des « malédictions » à partir de celui-ci (dans le cadre d'un discours plus large établissant des bénédictions pour l'obéissance et des malédictions pour la désobéissance—voir Deutéronome 28 et 30 : 19). De plus, l'inscription est de loin la plus ancienne à utiliser le nom hébreu du Dieu d'Israël : YHW (précédant de plusieurs siècles l'inscription la plus ancienne suivante). Pour reprendre les paroles du professeur Galil, cette découverte représente « absolument l'inscription la plus importante jamais trouvée en Israël ».

Il y a deux autels en pierre sur le site : un grand autel du début de l'âge du fer I (environ 1200 av. J.-C.), qui a été construit au-dessus d'un plus petit autel original datant de la fin de l'âge du bronze II (tous deux excavés par l'archéologue Adam Zertal de l'Université de Haïfa). M. Stripling pense que le premier autel original est l'autel de Josué et, ensemble avec l’inscription de la tablette, pourrait dater de deux siècles plus tôt que le grand autel, ce qui correspond à la chronologie biblique de cet événement.

En 2019, M. Stripling et son équipe Associates for Biblical Research [Associés pour la recherche biblique], avec le soutien du Conseil régional de Shomron, ont procédé à un tamisage humide du matériel excavé par M. Zertal. Selon M. Stripling, « Ces types d'amulettes sont bien connus en relation avec les périodes hellénistique et romaine, mais la poterie excavée de M. Zertal datait de l'âge du fer I [vers 1200-1100 av. J.-C.] et de la fin de l'âge du bronze [1550-1200 av. J.-C.] [N]otre découverte d'une inscription de la fin de l'âge du bronze m'a étonné. »

La tablette proto-alphabétique a été examinée à l'aide de scanners tomographiques avancés. M. Galil a noté qu'elle était écrite symétriquement en « parallélisme sous forme de chiasme ». La lecture de l'écriture s'est avérée « fastidieuse », mais « chaque jour, nous avons retrouvé de nouvelles lettres et de nouveaux mots d’une écriture très ancienne », a noté M. van der Veen.

Jusqu'à présent, seul le texte préservé contenu dans la tablette pliée a été traduit et publié dans le cadre du communiqué de presse ; l'écriture plus fortement endommagée à l'extérieur de la tablette est encore à l'étude. Un article évalué par les pairs sur la découverte est en cours de rédaction et sera publié plus tard cette année par S. Stripling, G. Galil, P.G. van der Veen, Ivana Kumpova, Jaroslav Valach, Daniel Vavrik et Michal Vopalensky.

L'analyse du plomb par le professeur Naama Yahalom-Mack de l'Université hébraïque a révélé que le métal provenait de la région minière grecque de Laurion, un site remarquable pour ses produits en plomb de la fin de l'âge du bronze (ce qui correspond au matériel épigraphique et archéologique).

En l'état actuel des choses, la découverte semble devoir révolutionner le discours universitaire sur de nombreux éléments, notamment l'ancienneté de l'alphabet hébreu et de l'alphabétisation, ainsi que l'historicité plus large de la conquête israélite et des récits contenus dans la Torah, longtemps considérés par de nombreux chercheurs comme mythiques. Comme l'a souligné M. Stripling lors de la conférence de presse, cette découverte a « d'énormes implications ».

M. Zertal lui-même a admis dans son livre A Nation Born [Une nation née] : « Ma formation universitaire a rendu difficile d'accepter l'idée que l'autel de Josué soit une réalité tangible […] J'avais soutenu que la Bible était pleine de mythes. » Pourtant, il a noté : « Si nous avons trouvé des preuves matérielles d'une histoire aussi ancienne que celle de Josué, qui sait jusqu'où le récit archéologique peut nous faire remonter. »

M. Zertal, qui était traité à l'époque par beaucoup de ses collègues comme un paria pour ses conclusions finales sur l'autel de Josué (sauf le soutien et les encouragements notables du professeur Benjamin Mazar), est malheureusement décédé sept ans avant de pouvoir voir les fruits du projet actuel de tamisage humide.

Lors de la conférence de presse, le professeur Galil a noté : « Le scribe qui a écrit ceci aurait pu écrire tous les chapitres de la Bible. Maintenant, personne ne peut prétendre que la Bible a été écrite à des périodes ultérieures […] parce qu'ils ont été capables de l'écrire très, très tôt. »

M. Stripling a poursuivi en citant le livre de Job (le livre le plus ancien du canon), qui mentionne l'écriture d'un texte sur du plomb avec une plume de fer. « Oh ! si seulement mes paroles étaient écrites ! si seulement elles étaient inscrites dans un livre, avec un style de fer et du plomb, et gravées dans le roc pour toujours ! … » (Job 19 : 23-24 ; version Darby).

Initialement, on comptait dévoiler l’objet au public au même moment de la publication de l'article, plus tard cet été. Cependant, après que certains détails entourant la découverte se soient retrouvés en ligne par inadvertance et aient commencé à circuler sur les médias sociaux, la date de publication a été repoussée. Comme le professeur van der Veen l'a commenté dans un message sur Facebook, « il y avait certains collègues qui cherchaient à nous arracher cet objet et à le faire publier sous leur nom ». Nous attendons donc de nouvelles informations sur cette découverte plus tard dans l'année.

Pour plus d'informations sur les fouilles de M. Zertal, l'identification de l'autel de Josué et une interview du Dr Scott Stripling sur la découverte de cette amulette, visitez notre site web partenaire, l'Armstrong Institute of Biblical Archaeology.

Félicitations à l'équipe pour cette découverte fantastique, qui à coup sûr sera révolutionnaire !

R606 Fr