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Des loups en vêtement de loups : le mythe des talibans amicaux

MIR AHMAD FIROOZ MASHOOF/ANADOLU AGENCY VIA GETTY IMAGES

Des loups en vêtement de loups : le mythe des talibans amicaux

« Nous avons beaucoup discuté avec les talibans. Ils ont été coopératifs… »

« Nous sommes en contact constant avec les talibans, pour veiller à ce que les civils puissent circuler en toute sécurité… »

« Nous avons conclu une entente avec les talibans… »

« J'ai également exhorté [le gouvernement afghan précédent] à faire de la diplomatie, à rechercher un règlement politique avec les talibans. »

Les déclarations ci-dessus ont toutes été faites par Joe Biden lors de ses trois conférences de presse au cours d'une semaine, suggérant que les talibans sont un partenaire diplomatique potentiel nouveau et réformé pour les États-Unis.

Lorsqu'on lui a demandé si les États-Unis « faisaient confiance » aux talibans, et s'ils appliqueraient des sanctions « s'ils se comportaient mal », M. Biden répliqué : « Jusqu'à maintenant, ils ont dans l'ensemble donné suite à ce qu'ils ont dit… Cela dépend de leur conduite. » Ce thème a été repris tout au long des conférences de presse, avec des sentiments tels que : des talibans unis et assurant le bien-être des Afghans ; coopération et contact constant ; engagement dans la diplomatie ; possibilité d'assistance et d'échange économique.

Assistons-nous à un nouveau taliban responsable, « fils prodige » qui mérite une seconde chance ? Y a-t-il eu des preuves de « mauvaise conduite » ? Après tout, comme Biden le soulignait dans sa conférence de presse du 20 août, la relation de l'Amérique avec les talibans « dépendra de… comment ils traiteront bien les femmes et les filles, comment ils traiteront leurs citoyens ». 

Regardons dans quelle mesure le nouveau partenaire potentiel de l'Amérique a bien traité les citoyens afghans durant le mois d'août.

Bloomberg a rapporté au début d'août que dans certaines parties de l'Afghanistan, les talibans font du porte-à-porte, « et compilent des listes des femmes et des filles entre 12 à 45 ans pour les marier de force à leurs combattants ». D'autres rapports affirment que des filles aussi jeunes que 12 ans sont utilisées comme esclaves sexuelles pour les combattants talibans (considérées comme qhanimat, ou « butin de la guerre »).

Des villageoises sont également enrôlées de force pour préparer la nourriture pour les militants talibans. Dans un incident rapporté par le Telegraph, le 21 août, les combattants talibans dans le nord de l'Afghanistan ont mis le feu à une femme pour sa « mauvaise cuisine », un incident décrit par l'ancien juge afghan Najla Ayoubi. Plusieurs semaines plus tôt, en juillet, une autre femme, dont l'histoire a été détaillée à CNN par sa fille de 25 ans, n'a pas été en mesure de fournir de la nourriture aux combattants talibans à cause de la pauvreté de leur famille. Elle a été en quelque sorte battue à mort avec les crosses des AK-47, et des grenades ont été lancées dans la maison.

De nombreux rapports décrivent en détail la chasse à domicile des talibans et l'exécution de tout ennemi qu'ils considèrent comme tels, comme les Afghans ayant supporté les efforts de guerre des Américains. L'un de ces individus, un traducteur, a eu sa carte d'identification du département de la Défense des États-Unis fondue dans sa poitrine, ses bras enlevés, il a été pendu dans la rue, et sa famille entière a été tuée (tous sauf sa fille de 10 ans, qui a été remise aux dirigeants). Parmi les autres personnes de ce type figurant sur la liste des cibles des talibans figurent des journalistes, tels qu'un journaliste et rédacteur de Deutsche Welle, qui après que les talibans n'aient pas réussi à le retrouver, a vu un membre de sa famille tué et un autre grièvement blessé. Le journaliste est maintenant en Allemagne, et ses proches sont en fuite. À ce jour, les domiciles d'au moins trois journalistes de Deutsche Welle ont été perquisitionnés. Et un traducteur et collaborateur d'une autre publication allemande, Die Welt, a été exécuté au milieu de la rue par des hommes qui selon le rapport étaient « vraisemblablement talibans ».

Ensuite, il y a la chasse aux chrétiens par les talibans. La déclaration officielle suivante a été présentée par les dirigeants de l'Église clandestine en Afghanistan :

Les talibans ont une liste de cibles de chrétiens connus qu'ils poursuivent afin de les tuer. L'Ambassade des États-Unis a disparu et il n'y a plus d'endroit sûr où les chrétiens puissent se réfugier. Toutes les frontières vers les pays voisins sont fermées et tous les vols à destination et en provenance ont été interrompus, à l'exception des avions privés. Les gens fuient dans les montagnes à la recherche d'un refuge. Ils se fient entièrement sur Dieu, qui est le seul qui peut et va les protéger.

Les talibans font du porte-à-porte pour prendre les femmes et les enfants. Les gens doivent marquer leur maison d'un « X » s'ils ont une fille de plus de 12 ans, afin que les talibans puissent les prendre. S'ils trouvent une jeune fille et que la maison n'a pas été marquée, ils exécuteront toute la famille. Si une femme mariée de 25 ans ou plus a été trouvée, les talibans tuent rapidement son mari, lui font ce qu'ils veulent, et la vendent ensuite comme esclave sexuelle.

Les maris et les pères ont donné des fusils à leurs femmes et leurs filles et leur ont dit que lorsque les talibans viendraient, elles pourraient choisir de les tuer ou de se suicider elles-mêmes—c'est leur choix.

Le ministère des médias du Moyen-Orient SAT-7 a rapporté que les militants talibans « retirent les gens des transports publics et les tuent sur le champ s'ils sont chrétiens ou considérés ethniquement ‘impurs’… Nous entendons de sources fiables que les talibans exigent les téléphones des gens, et s'ils trouvent une Bible téléchargée sur l'appareil, ils vous tueront immédiatement. »

La liste des crimes s'allonge encore et encore. Amnesty International a rapporté qu'en juillet, « Les combattants talibans ont torturé et assassiné au moins neuf hommes de l'ethnie Hazara après avoir capturé la province de Ghazni. » Une victime, selon plusieurs témoins, a eu les muscles de ses bras coupés. Un autre individu a été emmené vers un destin incertain pour avoir affiché un drapeau afghan sur le tableau de bord de sa voiture. Un groupe de jeunes Afghans a été détenus sous la menace d'une arme et fouettés sur le coup pour le « crime » de porter des jeans. Et toutes les femmes afghanes ont été contraintes de quitter leur emploi de fonctionnaire, pour être remplacées par des hommes.

La scolarisation des filles et des femmes touche à sa fin. La vue des écoles en flammes est revenue. Dans un cas signalé, un pensionnat pour filles brûla à la hâte ses archives pour protéger l'identité des élèves. De plus, le port obligatoire de la burqa est revenu—avec des rapports selon lesquels les femmes ne seraient pas en mesure de les acquérir assez rapidement et les vêtements atteignent des prix exorbitants. Une image affligeante a fait la une des journaux en août montrant des parents serrant leur fille, étendue dans une mare de son propre sang, après que la jeune femme ait été exécutée publiquement pour n'avoir pas porté la burqa.

Considérez les curriculum vitae des personnes à la tête des nouveaux talibans « modérés ». Hibatullah Akhundzada dirige le mouvement ; il l'a rejoint pour la première fois au début des années 1990. Il est davantage considéré comme un chef spirituel que comme un chef militaire, auteur de nombreuses fatwas religieuses (y compris celles liées aux exécutions publiques). Son fils est réputé pour avoir participé à un attentat suicide à grande échelle dans la province de Helmand en 2017, chargeant d'explosifs trois Humvees américains volés, remplis d'explosifs et les lançant dans les avant-postes militaires afghans.

Sous Akhundzada il y a trois adjoints, dont l'un d'entre eux, le mollah Abdul Ghani Baradar, était un cofondateur des talibans. Il est actuellement le chef politique des talibans, et était le dirigeant adjoint du premier fondateur des talibans, le mollah Mohammed Omar, qui soutenait étroitement le groupe Al-Qaïda d'Osama bin Laden il y a deux décennies (un soutien qui a conduit à l'invasion de l'Afghanistan par les Américains après le 9/11).

Le second dirigeant adjoint est Sirajuddin Haqqani, chef du réseau terroriste Haqqani, les soi-disant « militants les plus redoutés » d'Afghanistan, célèbres pour ses attentats suicides. Haqqani est personnellement responsable d'un certain nombre d'attaques, dont l'une eut lieu près d'une école en 2008, tuant sept enfants. Il a des liens avec Al-Qaïda, qui a coopéré avec le réseau Haqqani.

Le troisième adjoint est mollah Yaqoob, le fils du fondateur des talibans, Omar. Il a servi comme chef des talibans en 2020 pendant qu’Akhundzada se relevait de la COVID-19. Au cours de cette période, il n'a pas respecté sa promesse de renoncer à Al-Qaïda.

Plus bas dans la chaîne de commandement se trouve l'un des plus haut commandants qui a conquis Kaboul, Gholam Ruhani. Il était détenu de la prison de Guantánamo Bay pendant six ans, où il se vantait auprès d'un gardien de prison, « Nous vous aurons par l'extérieur. » Puis il y a le porte-parole taliban Zabihullah Mujahid, qui a sévèrement averti les États-Unis qu'il y aurait des « conséquences » si l'Amérique osait rester après la date limite du retrait, le 31 août.

Ceux-ci sont les individus avec qui les États-Unis sont en « contact permanent » et en « coopération ». Il s'agit des « nouveaux » talibans « modérés », très éloignés de l'organisation terroriste des décennies passées. Pourtant, ses dirigeants sont les fondateurs originaux des talibans. Selon M. Biden lors de sa conférence du 20 août, nous avons une situation où nous avons fait table rase en Afghanistan « avec la disparition d'Al-Qaïda ». Pourtant ceci ignore les liens que les dirigeants actuels des talibans entretiennent avec Al-Qaïda.

La version officielle est que « les talibans… ont cherché à utiliser un ton plus modéré ». Mais avons-nous assisté à une « modération » en août ? Une telle évaluation aussi délirante est tout simplement ahurissante. Et nous avons déjà entendu tout cela des talibans—juste avant le 11 septembre .

Notez ce que le Spectator a publié dans son article intitulé « Ne vous-y trompez pas, les talibans n'ont pas changé » :

Il y a vingt-cinq ans, lorsque les talibans ont pris le contrôle de Kaboul, ils ont affirmé qu'ils n'allaient pas se venger, mais plutôt offrir l'amnistie à quiconque avait travaillé pour l'ancien gouvernement. La déclaration exacte assurait la population que « les talibans ne se vengeront pas, nous n'avons aucune rancœur personnelle ».

Peu de temps après que cette promesse ait été faite, le président déchu Mohammed Najibullah était castré et pendu à un lampadaire au centre de Kaboul… Les talibans sont toujours revenus à leur identité et croyances fondamentales.

Les talibans sont dans les rues agissant en tant que « garants de l'ordre public ». C'est exactement le message que le mollah Omar essayait de transmettre en 1996, disant aux habitants de Kaboul de résister à la tentation de fuir et que les talibans les protégeraient.

Ils mentaient, bien sûr. Mais cela ne devrait pas nous surprendre—la loi de la charia est souvent interprétée comme permettant de mentir aux « infidèles »—et qui de plus que le « Grand Satan », l'Amérique ?

Un journaliste demanda à Biden lors d'une conférence de presse plus tôt en août : « Puisque les États-Unis négocient actuellement avec les talibans au sujet de l'accès à l'aéroport et des choses comme ça, leur faites-vous maintenant confiance ? »

M. Biden répliqua : « Regardez, les talibans doivent prendre une décision fondamentale. Les talibans vont-ils tenter de s'unir et d'assurer le bien-être du peuple d'Afghanistan [?]…Si c'est le cas, ils auront besoin de toute l'aide supplémentaire en matière d'assistance économique, de commerce, et de toute une série de choses. Les talibans l'ont dit, nous verrons s'ils sont sérieux ou pas… Jusqu'à maintenant, ils ont dans l'ensemble donné suite à ce qu'ils ont dit… »

Compte tenu de ce que nous avons vu pendant plusieurs semaines—et encore moins des années—le fait que ceci est toujours présenté comme un scénario « nous devrons attendre et voir » est choquant.

Il semblerait, du point de vue de l'administration Biden, qu'il n'y ait aucun indice de « mauvaise conduite » qui remettrait en question une relation diplomatique entre les États-Unis et les nouveaux talibans amicaux—une relation subordonnée à « la manière dont ils traitent les femmes et les filles, et leurs citoyens ».

Ce qui est absolument évident pour le monde est que les États-Unis—la « super puissance numéro un »—se fait traiter comme un imbécile. Les talibans ont entièrement profité de leur chance d'humilier les États-Unis : dans un exemple récent, mettant en scène une photo de leurs troupes, revêtus de leurs nouveaux accoutrements militaires américains et de leurs armes, hissant le drapeau taliban en signe de moquerie pour l'image emblématique américaine de la Seconde Guerre mondiale à Iwo Jima.

Et l'agence de presse officielle chinoise, Xinhua, contrôlée par l'État, a publié une vidéo caricaturale dans laquelle on se moque du fait qu'après 20 ans, 2 trillions de dollars, et 2,300 soldats morts au combat, les États-Unis ont réussi à remplacer avec succès le régime taliban par un régime taliban et ont vu le nombre de groupes terroristes dans la région passer de quelques uns à plus de 20. Le réseau de nouvelles se moquait du slogan de Joe Biden, « L'Amérique est de retour. »

C'est une douloureuse vérité : 20 ans après que l'Amérique soit entrée en Afghanistan pour faire face à un Al-Qaïda soutenu par les talibans, les talibans sont maintenant revenus au pouvoir, mais cette fois-ci armés de milliards de dollars d'équipement militaire américain de haute technologie et de puissance de feu.

De toute évidence, ce que nous avons vu seulement en juillet et en août—et au cours des deux dernières décennies—montre qu'on ne peut faire confiance aux talibans. Mais à l'inverse, ce que le monde a également vu est qu'on ne peut faire confiance aux États-Unis. Comme un général turc l'a résumé : « Le vrai problème avec le fait d'avoir les Américains comme alliés est que vous ne savez jamais quand ils vont se retourner et se poignarder eux-mêmes dans le dos. » Une journaliste de CNN vêtue d'une burqa en Afghanistan, peut-être à son insu, a le mieux caractérisé la position américaine chancelante et absurde, alors qu'elle se tenait aux côtés de militants talibans devant l'Ambassade américaine des États-Unis à Kaboul : « Ils ne font que scander ‘Mort à l'Amérique’, mais ils ont l'air amicaux en même temps. C'est tout à fait bizarre. »

Tout à fait bizarre—certes—mais pas le comportement des talibans. Plutôt, le comportement des États-Unis. Les États-Unis ouvrent bizarrement la voie à un monde post-américain, prenant à plusieurs reprises des décisions idiotes, ignorantes, aveugles et autodestructrices. Pourquoi ?

La Trompette vous explique pourquoi. Nous expliquons les nouvelles mondiales en relation avec la Bible, la « parole certaine de la prophétie » (2 Pierre 1 : 19). Il y a 20 ans, nous avons averti pour la première fois de ce que nous voyons maintenant en Afghanistan, au début, quand l'Amérique entra en conflit—malgré les reportages optimistes de l'époque selon lesquelles nous assistions aux « derniers jours » des talibans. C'était une situation semblable juste après la Seconde Guerre mondiale, lorsque Herbert W. Armstrong, le rédacteur en chef de notre revue précédente, La Pure Vérité, a affirmé, « L'Amérique a gagné sa dernière guerre. »

Depuis lors, la première superpuissance mondiale a connu une série d'incidents humiliants, des retraits, des occasions ratées et des défaites tragiques contre des forces bien plus faibles. Ces conflits—la Corée, le Vietnam, la Baie des Cochons, la Somalie, l’Irak, la Syrie, la Lybie—ont à la longue renforcé nos ennemis. Maintenant, après la plus onéreuse d'entre toutes, l'Afghanistan, l'Amérique se retrouve désespérément à colporter l'idée que les talibans sont des modérés réformés, tout en plaidant avec eux pour qu'ils permettent une évacuation en toute sécurité.

Luc 21 détaille les événements du temps de la fin qui culminent avec le retour de Jésus-Christ. L'époque juste avant Son Second avènement est décrite comme le « temps des Nations »—un monde post-américain de puissances féroces qui s'entre-déchirent en rivalisant pour la domination mondiale. Dans de nombreux chapitres de la Bible détaillant ces prophéties du temps de la fin, le terme utilisé pour décrire l'Amérique ne peut être trouvé nulle part. C'est pourquoi la nation deviendra insignifiante sur la scène mondiale. C'était peut-être difficile à croire il y a à peine un an. Maintenant, pourtant—surtout avec ce que nous voyons en Afghanistan—l'image d'un monde post-américain devient claire. La puissante Amérique est tombée, et comme la Bible la décrit, bien qu'elle ait actuellement la plus puissante armée au monde, l'orgueil de la force de l'Amérique a été brisée (Lévitique 26 : 19).

Malgré les platitudes de l'administration Biden, il n'y a assurément aucun espoir ou confiance dans les talibans. Et il n'y a pas non plus d'espoir ou de confiance pour l'Afghanistan en l'Amérique. Comme Gerald Flurry, le rédacteur en chef de la Trompette, l'a écrit dans « La vraie leçon de l'Afghanistan », il y a une explication claire de ce qui se produit en Afghanistan et de ce qui se passe en Amérique—et comme il l'a écrit, il existe un espoir clair et fiable pour l'Afghanistan—d'une toute autre source.

Fr Hwr