Des socs aux épées

Rheinmetall, le plus grand fabricant d'armement d'Allemagne, a dépassé le géant de l'automobile Volkswagen en termes de valeur marchande. Ce point d'inflexion, qui s'est produit en mars, est un signal parmi d'autres indiquant que les investisseurs perdent confiance dans l'industrie automobile du pays — et gagnent en confiance dans son industrie de l'armement.

L'Allemagne et d'autres pays européens construisent rapidement des usines d'armement. Le secteur devient de plus en plus lucratif et de plus en plus d'installations industrielles se tournent vers le côté obscur de la fabrication.

« Cela en dit long sur le monde dans lequel nous vivons lorsque les ouvertures d'usines de batteries échouent l'une après l'autre », a écrit le journal allemand Handelsblatt, « tandis que les usines de munitions sont inaugurées en grande pompe » (28 août).

L'Europe est en train de transformer des socs en épées à une échelle industrielle.

Une après l'autre

« L'économie allemande connaît actuellement un conflit entre la crise industrielle et l'essor de l'armement », a rapporté le journal allemand Tagesschau. « Certaines entreprises qui, auparavant, n'avaient pas grand-chose à voir avec l'armée, y voient une opportunité ... » (Août 12).

« Autrefois fierté de la nation, l'industrie automobile allemande est en crise après une annus horribilis marquée par une baisse des ventes, des pertes d'emplois et la menace de fermetures d’usines sans précédent », écrivait le Telegraph le 22 juin. « Mais les entreprises de défense ont trouvé un point positif à la baisse du commerce de l'automobile : elles réembauchent des ouvriers qualifiés pour fabriquer des équipements destinés à une nouvelle armée allemande qui devra bientôt défendre l'Europe contre la Russie. […] Des sources dans l'industrie de la défense européenne, qui jouera un rôle essentiel dans le réarmement allemand, indiquent qu'elles sont désireuses d'embaucher des ingénieurs licenciés par les entreprises automobiles afin qu'ils puissent être affectés à la production de chars et de véhicules de combat d'infanterie. »

Deutz AG en est un exemple. Elle produit des moteurs pour tracteurs, moissonneuses-batteuses, excavatrices, bulldozers, chargeuses et autres équipements agricoles et de construction. Seulement 2 pour cent des activités de l'entreprise, vieille de 160 ans, ont impliqué des équipements militaires, mais ses dirigeants souhaitent porter ce chiffre à 5 à 10 pour cent dans les années à venir.

En février, le fabricant d'armes franco-allemand KNDS a acquis l'usine de trains d'Alstom à Görlitz. Le chancelier allemand d'alors Olaf Scholz a d'ailleurs assisté à l'événement et a fait la remarque suivante : « Au lieu de wagons de train, des pièces pour l'industrie de la défense seront fabriquées ici à partir de l'année prochaine ». Il a qualifié cela de « très bonne nouvelle que les emplois industriels seront préservés ».

L'Allemagne est le quatrième pays au monde en termes de dépenses militaires, consacrant environ 2 pour cent de son produit intérieur brut à l'armée l'année dernière. D'ici 2029, elle prévoit de consacrer 3,5 pour cent (177 milliards de dollars) aux coûts militaires essentiels.

« Nous préférerions tous vivre dans un monde où rien de tout cela ne serait nécessaire », a déclaré Boris Pistorius, ministre allemand de la Défense, à l'occasion de l'ouverture d'une usine de munitions Rheinmetall le 27 août. Mais l'Allemagne sait qu'il est nécessaire de le faire. Pendant que vous lisez ces lignes, la plus récente et la plus grande usine d’artillerie d’Europe s’apprête à produire 350 000 obus de 155 millimètres par an d’ici 2027.

Depuis que la Russie a envahi l'Ukraine en 2022, la valeur boursière de Rheinmetall a été multipliée par 20. L'entreprise, qui pèse 86 milliards de dollars et qui est l'une des plus grandes d'Allemagne, n'a pas chômé ces dernières semaines : elle a envisagé de nouvelles expansions, notamment un partenariat stratégique avec Anduril Industries pour la production de drones militaires, elle a prévu de racheter le constructeur naval Naval Vessels Luerssen, elle a envisagé un nouveau partenariat avec Lockheed Martin dans le domaine des missiles, elle a investi 1,2 milliard de dollars dans de nouvelles usines bulgares, et elle a reçu une commande des forces armées allemandes portant sur environ 1 400 véhicules logistiques militaires.

Le secteur automobile allemand est encore aujourd'hui environ 10 fois plus important que son industrie de l'armement. Mais à mesure que cette tendance se poursuit, de plus en plus de travailleurs se retrouvent à produire des armes mortelles au lieu de produits civils.

« L'actionnaire principal de Volkswagen, Porsche SE, est de plus en plus sous pression », a rapporté Bild le 13 août. « La société contrôlée par les familles Porsche et Piëch ressent les effets de la crise de l'industrie automobile et cherche désormais de nouveaux domaines d'activité au-delà de la mobilité traditionnelle. À l'avenir, elle prévoit d'investir davantage dans l'industrie de la défense. »

Le Telegraph a écrit : « Le changement spectaculaire dans la politique de défense allemande, connu sous le nom de 'Zeitenwende' ou 'tournant historique', a créé des opportunités sans précédent pour l'industrie allemande de l'armement, qui était autrefois un paria dans le pays en raison de son passé nazi » (22 juin).

Les familles Porsche et Piëch font partie d'un groupe de familles riches que David de Jong a mis en lumière dans son livre Nazi Billionaires : The Dark History of Germany's Wealthiest Dynasties (Milliardaires Nazi : la sombre histoire des dynasties les plus riches d’Allemagne). L'histoire de ces entreprises et leurs transactions actuelles nous rappellent à quel point une Allemagne pacifique peut rapidement se transformer en machine de guerre.

De nombreuses personnes reconnaissent les noms Volkswagen et Porsche. Moins nombreux sont ceux qui savent que Ferdinand Porsche a conçu la coccinelle Volkswagen à la demande d'Adolf Hitler. Le groupe Volkswagen a été fondé en 1937 par le gouvernement nazi, avec pour objectif déclaré de produire en série la voiture pour le volk (le peuple). Au lieu de cela, ses usines ont été utilisées pour produire des véhicules militaires destinés à lancer et à mener la Seconde Guerre mondiale. Porsche a continué à travailler pour Hitler et les nazis, et ce n'est qu'après la fin de la guerre que ses voitures ont été vendues aux civils. Aujourd'hui, Volkswagen et Porsche font partie des huit premiers constructeurs automobiles au monde (tout comme Mercedes-Benz et BMW).

Mais ce n’est pas tout.

En 1996, le gouvernement américain a déclassifié un document des services secrets détaillant une réunion tenue en 1944 entre des dirigeants nazis et des industriels, au cours de laquelle ils ont convenu de passer dans la clandestinité afin de préserver les objectifs du parti nazi après la guerre. Des dirigeants de Volkswagen ont assisté à cette réunion.

Le groupe Volkswagen, la plus grande entreprise de l'UE en termes de revenus, retourne maintenant à ses racines militaires. Oliver Blume, directeur général du plus grand constructeur automobile européen, a déclaré au Telegraph : « Mon point de vue est que, s'il y avait l'option des véhicules militaires à l'avenir, nous devrions examiner les concepts. Nous l'avons fait dans le passé » (11 mars).

Considérez cette référence désinvolte à la Seconde Guerre mondiale — et le manque de réaction. Le sang des millions s'est-il asséché au point que nous ne nous en souvenons plus ? Les cris des détenus des camps de concentration se sont-ils estompés dans le silence ?

Tendance mondiale

Comme l'Allemagne, le Japon a utilisé sa grandeur industrielle et technologique pour infliger des horreurs à des êtres humains innocents pendant la Seconde Guerre mondiale. Comme l'Allemagne, le Japon s'est engagé à s'abstenir de toute ambition militariste après la guerre. Et comme l'Allemagne, le Japon est en train d'inverser rapidement cette tendance.

À la fin de l'année dernière, le Japon a approuvé un budget de défense record de 55,1 milliards de dollars pour l'exercice fiscal de 2025, soit la 11e augmentation annuelle consécutive.

Maintenant, le Japon veut accélérer sa transformation des ‘socs-en-épées’. Les législateurs font maintenant pression pour un programme d'armement nucléaire. Avec des décennies d'expertise nucléaire dans le domaine civil et au moins 45 tonnes de plutonium séparé, le Japon pourrait rapidement devenir une puissance nucléaire redoutable.

L'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm a indiqué que les dépenses militaires mondiales ont atteint 2 700 milliards de dollars en 2024, soit une augmentation stupéfiante de 9,4 pour cent par rapport à 2023 et « la plus forte hausse annuelle depuis au moins la fin de la guerre froide ». Il a ajouté que les dépenses militaires « ont augmenté dans toutes les régions du monde, avec une croissance particulièrement rapide en Europe et au Moyen-Orient ».

Son annuaire 2025 a également mis en garde contre le fait que les stocks nucléaires, qui avaient diminué depuis la guerre froide, augmentent à nouveau. La Chine possède au moins 600 ogives nucléaires et en fabrique rapidement davantage. L'Inde a probablement élargi son arsenal l'année dernière, tandis que le Pakistan améliore sa capacité à fabriquer des armes nucléaires.

Et les armes nucléaires ne sont qu'un aspect de la militarisation du monde. « La prochaine course aux armements nucléaires portera autant sur l'IA, le cyberespace et l'espace extra-atmosphérique que sur les missiles dans les bunkers ou les sous-marins ou sur les bombes dans les avions », indique le rapport. « Elle portera autant sur les logiciels que sur le matériel. »

Des épées transformées en socs de charrue

« Pourquoi trouvons-nous un monde d'avancées et de progrès impressionnants, mais paradoxalement avec des maux effroyables et croissants ? », demandait feu Herbert W. Armstrong dans Le mystère des siècles. « Pourquoi les esprits qui développent les vaisseaux spatiaux, les ordinateurs et les merveilles de la science, de la technologie et de l'industrie ne peuvent-ils pas résoudre les problèmes qui démontrent l'impuissance humaine ? »

Nous approchons effectivement des jours dont Jésus-Christ prophétisa : « Et, si ces jours n'étaient abrégés, personne ne serait sauvé [vivant] ; » (Matthieu 24 : 22).

La Bible contient également des prophéties spécifiques qui révèlent ce qui se passera pendant cette période de grande tribulation.

Comme expliqué dans notre brochure L'Allemagne et le Saint Empire romain, la prophétie biblique révèle que l'Allemagne déclenchera des calamités mondiales et une autre guerre mondiale.

Dans ce contexte, la Bible prophétise que la production civile sera réaffectée à la guerre à grande échelle. « Publiez ces choses parmi les nations ! Préparez la guerre ! Réveillez les héros ! Qu'ils s'approchent, qu'ils montent, tous les hommes de guerre ! De vos hoyaux forgez des épées, et de vos serpes des lances ! Que le faible dise : Je suis fort ! » (Joël 3 : 9-10) 

« Le pire cauchemar nucléaire imaginable est sur le point de se réaliser », écrit Gerald Flurry, rédacteur en chef de la Trompette, à propos de ce passage dans sa brochure Le prophète Joël (demandez un exemplaire gratuit — version anglaise seulement).

« Que les nations se réveillent, et qu'elles montent vers la vallée de Josaphat ! Car là je siégerai pour juger toutes les nations d'alentour ». Dieu rassemblera toutes les forces militaires restantes du monde — et mesurera Sa puissance à celle des hommes. Il faudra l'intervention de Dieu pour enseigner à l'humanité que construire des armes toujours plus puissantes tout en laissant la haine grandir mène tout droit au désastre.

La reconversion de biens civils en armement en dit long sur l'état de notre monde. Mais grâce à l'intervention prochaine de Dieu, un temps viendra où les hommes « de leurs glaives ils forgeront des hoyaux, et de leurs lances des serpes ; une nation ne tirera plus l'épée contre une autre, et l'on n'apprendra plus la guerre » (Michée 4 : 3).