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Excavation du bassin de Siloé—un entretien avec Ze’ev Orenstein

Shalom Kveller & City of David Archives

Excavation du bassin de Siloé—un entretien avec Ze’ev Orenstein

Au début de cette année, la Fondation de la Cité de David et l’Autorité des antiquités d'Israël (AAI) ont commencé à excaver le célèbre bassin biblique de Siloé dans l’ancienne Jérusalem. En février, Brent Nagtegaal, rédacteur en chef adjoint de Let the Stones Speak (Laissez parler les pierres), a interviewé Ze’ev Orenstein, directeur des affaires internationales de la Cité de David, pour discuter de ces nouvelles excavations passionnantes. L’entretien qui suit a été édité pour des raisons de clarté et de longueur.

Brent Nagtegaal (BN) : Merci pour nous avoir rendu visite ici à l’Institut Armstrong. Commençons en parlant de la Cité de David et de votre organisation, la Fondation de la Cité de David.

Ze’ev Orenstein (ZO) : Je vous en prie. Jusqu’à il y a environ 150 ans, lorsque les gens se demandaient où se situait la ville biblique originale de Jérusalem [la Jérusalem synonyme de personnages tels que David, Salomon et Ézéchias], tout le monde imaginait qu’elle se trouvait à l’intérieur de la vieille ville de Jérusalem, entourée des murs emblématiques de la vieille ville. Ces murs ont environ 500 ans. Mais l’ancienne Jérusalem a environ 4000 ans ; le roi David a vécu il y a 3000 ans. Pourtant, jusqu’à une date relativement récente, tout le monde pensait que la vieille ville était la Jérusalem biblique.

En 1867, la reine Victoria d’Angleterre a envoyé un homme, le capitaine Charles Warren, en Terre sainte pour découvrir les trésors de la Bible. Naturellement, Warren voulait fouiller le mont du Temple, ou le mont Morija biblique. Les Turcs ottomans, responsables de la zone à l’époque, ont refusé à Warren la possibilité d’excaver le mont du Temple. À ce jour, en raison de sensibilités religieuses et politiques, il n’y a eu pratiquement aucune activité archéologique sur le mont du Temple. Charles Warren avait un problème. Il s’est donc dit : « Si je ne peux pas faire de fouilles sur le mont du Temple, je vais en faire à côté. »

Warren descend donc la colline vers le sud et découvre la source de Guihon, source de vie de l’ancienne Jérusalem depuis des milliers d’années. Une découverte en entraînant une autre, Warren en arrive bientôt à la théorie selon laquelle la ville biblique originale de Jérusalem, la ville de David, le lieu où Jérusalem a commencé, n’était pas située à l’intérieur des murs de la vieille ville, mais se trouvait juste à l’extérieur.

À l’époque, les universitaires et les gens ordinaires ont rejeté l’idée. Ils ont ridiculisé Charles : « Croyez-vous vraiment que cette crête stérile de 4 hectares et demi soit le site de l’ancienne Jérusalem, ayant une signification, non pas pour des millions, mais pour des milliards de personnes dans le monde entier ? » Il a répondu : « Je vous le dis, c’est l’endroit. »

Au cours des 150 années suivantes, la Cité de David est devenue l’un des sites archéologiques les plus excavés au monde et le site le plus excavé en Israël. Aujourd’hui, tout le monde reconnaît que la Cité de David ne se trouve pas à l’intérieur de la vieille ville. L’endroit où les rois de la Bible ont régné, où les prophètes de la Bible ont prêché, ne se trouve pas dans la vieille ville, mais dans la Cité de David, juste à l’extérieur des murs de la vieille ville de Jérusalem.

Au cours des trois dernières décennies, la Fondation de la Cité de David a redonné vie à l’archéologie, au tourisme et à la Cité de David, le lieu où Jérusalem a commencé. Notre objectif est de transformer cette crête de 11 acres, autrefois oubliée et stérile, en l’un des sites patrimoniaux les plus importants de la planète.

BN : Quelles sont vos réalisations de ces dernières années ? À quoi peuvent s'attendre les touristes qui visitent le site ?

ZO : L’historien Josèphe a rapporté qu’il y a environ 2000 ans, à l’époque de Jésus, il y aurait eu des millions de personnes se rendant en pèlerinage à Jérusalem. Nous parlons des fêtes de la Pâque, de la Pentecôte et des Tabernacles. Comment tous ces gens se rendaient-ils au temple ?

Au cours des deux dernières années, les archéologues ont découvert et fouillent en ce moment même ce que j’appelle l’autoroute biblique, ou la route du pèlerinage. Il s’agit de la route qui aurait conduit nos ancêtres, qu’ils soient juifs ou chrétiens, en pèlerinage jusqu’au temple. Cette route vous aurait mené sur un trajet de 800 mètres environ, montant la colline jusqu’au temple.

Quinze chapitres des Psaumes (de 120 à 134) commencent par les mêmes mots : « Cantique des degrés ». La plupart des gens comprennent qu’il s’agit d’une ascension spirituelle : aller à Jérusalem et au temple, c’est saint, etc.

Il y a des milliers d’années, quand ils effectuaient un pèlerinage, la grande majorité des gens montaient au temple depuis la partie sud de la Cité de David. Au cours de ce voyage [ou de cette ascension], ils chantaient ces 15 chapitres. Les chants d’ascension ne concernent pas seulement une ascension spirituelle, mais ils décrivent en fait l’expérience physique du pèlerinage. Lorsque vous vous trouvez à l’endroit où la Bible s’est passée, les mots de la Bible prennent vie. Il n’y a pas d’autre endroit au monde où l’on puisse réellement faire l’expérience de ces chants d’ascension physique vers le temple à Jérusalem qu’en marchant le long de la route du pèlerinage dans la Cité de David.

Dans quelques années, des personnes de toutes confessions et de tous horizons pourront marcher sur les traces de la Bible, recréant ainsi l’expérience du pèlerinage. Les visiteurs pourront traverser la Cité de David jusqu’au Mur occidental et jusqu’aux marches au sud du mont du Temple. Ils marcheront littéralement sur les mêmes dalles que nos ancêtres il y a des milliers d’années.

BN : C’est une découverte stupéfiante ! Ce pèlerinage commencera au bassin de Siloé. Pouvez-vous décrire sa découverte initiale et ce que la Fondation de la Cité de David fait aujourd’hui au bassin de Siloé ?

ZO : Notre foi nous enseigne que « Dieu a de nombreux messagers. » En 2004, une conduite d’égout a éclaté sous la route à l’extrémité sud de la Cité de David. La municipalité de Jérusalem a envoyé une équipe de construction pour réparer la canalisation. Mais Jérusalem n’est pas une municipalité comme les autres ; la cité de David n’est pas un quartier comme les autres de Jérusalem. Ici, lorsqu’une canalisation d’égout éclate, on n’envoie pas seulement des équipes de construction, mais aussi des archéologues. Un jour, alors que l’équipe de construction travaillait, l’archéologue Eli Shukron a entendu un bruit de raclement. Il a examiné la situation avec l’archéologue Ronny Reich. Ils ont appris qu’en se préparant à réparer la canalisation, les ouvriers avaient découvert par inadvertance une série d’anciennes marches en pierre datant d’environ 2000 ans [l’époque de Jésus].

En étudiant les marches, les archéologues ont remarqué qu’elles étaient similaires à un autre ensemble de marches à Jérusalem : les marches au sud du mont du Temple, la principale entrée du temple d’Hérode ! Ils se sont dit qu’il devait y avoir un lien entre les deux séries d’escaliers. Ils ont réalisé qu’ils avaient découvert l’ancien bassin de Siloé, l’un des sites du patrimoine biblique les plus importants de tout Jérusalem.

Le bassin de Siloé a une signification profonde pour les chrétiens comme pour les juifs. Dans les écritures chrétiennes, l’histoire de la guérison de l’homme né aveugle s’est déroulée au bassin de Siloé. La Bible stipule également qu’avant d’entrer dans le temple, une personne doit d’abord se purifier en se rendant dans un bain rituel, connu sous le nom de mikvé. Le bassin de Siloé était aussi grand que deux piscines olympiques. Pourquoi aussi grand ? D’après Josèphe, il y a 2000 ans, près de 3 millions de personnes participaient au pèlerinage au temple. Cela fait beaucoup de personnes qui devaient se purifier.

Le bassin de Siloé, situé à l’extrémité sud de la Cité de David, est de loin le plus grand bain rituel de tout Jérusalem !

BN : Et cette découverte a eu lieu en 2004 ?

ZO : Oui, à l’époque, nous avons excavé environ 3 à 5 pour cent de l’ensemble du bassin. Nous avons essentiellement mis à nu un bel ensemble de marches dans le coin nord-est du bassin. Nous pouvions voir que les marches se prolongeaient également vers le sud. Mais il y avait une limite de propriété que nous n’avons pas pu franchir. Malheureusement, les propriétaires de l’époque, pour une raison quelconque, n’étaient pas disposés à mettre au jour le reste du bassin de Siloé.

Récemment, la propriété a changé de mains. Aujourd’hui, pour la première fois depuis plus de 2000 ans, nous sommes en mesure d’excaver l’intégralité du bassin de Siloé. Il s’agit de la taille de deux piscines olympiques—un peu plus d’un demi-hectare ! L’excavation a déjà commencé et nous sommes actuellement en train de déblayer les couches supérieures récentes de sol.

BN : J’ai remarqué que des engins lourds travaillaient sur le site. Je suppose que vous les utilisez pour enlever les matériaux récents, n’est-ce pas ?

ZO : Oui. Disons les choses comme elles sont : si vous déplacez des remblais contenant des canettes de Coca Cola, vous n’avez aucune raison de vous inquiéter. Personne n’a vécu sur ce site depuis des dizaines d’années et les débris se sont accumulés au fil du temps. Une fois tous ces débris modernes enlevés, nous creuserons et commencerons l’archéologie.

Les archéologues de l’Autorité des antiquités d'Israël (AAI) ont déjà creusé des tranchées d’essai pour avoir une idée de ce qui sera découvert. C’est très passionnant. Il s’agit de l’un des sites patrimoniaux les plus importants de tout Jérusalem ; nous nous attendons à excaver des matériaux datant non seulement de la période du Second Temple, mais aussi de la période du Premier Temple. Cela aboutit à ce qui sera un intéressant problème archéologique. Les archéologues vont creuser et probablement trouver des vestiges du bassin datant de 2000 ans. Cependant, comme le savent les spécialistes de la Bible, il ne s’agit pas du bassin de Siloé d’origine.

2 Rois 20 : 20 nous apprend que le bassin de Siloé a été construit par le roi Ézéchias, qui était un descendant direct du roi David. Cela s’est produit [à la fin du huitième siècle avant J.-C.] alors qu’il essayait de sauver Jérusalem de l’imminent siège assyrien par Sanchérib, roi d’Assyrie. Ézéchias a pris les eaux de la source de Guihon et les a redirigées pour qu’elles coulent entièrement dans la Cité de David, se déversant dans le bassin de Siloé.

La question est donc la suivante : les archéologues trouveront-ils également des vestiges du bassin original construit par Ézéchias, ou seulement du bassin datant d’Hérode ?

BN : Aujourd’hui, nous n’avons aucune preuve de l’existence du bassin de Siloé à l’époque d’Ézéchias. Je suppose que les archéologues, lorsqu’ils creuseront et enlèveront les couches supérieures de matériaux, procéderont à des sondages pour voir ce qui se trouve en dessous ?

ZO : Oui. Il y avait un jeu télévisé américain qui s’appelait Let’s Make a Deal (Faisons un marché). Vous jouez à un jeu et disons que vous gagnez une télévision. L’animateur vous donne alors le choix : vous pouvez rentrer chez vous avec votre nouvelle télévision, ou vous pouvez regarder derrière la porte numéro deux. Mais pour regarder derrière la porte numéro deux, vous devez renoncer à votre téléviseur. Or, derrière la porte numéro deux, il pourrait y avoir une voiture flambant neuve ou rien du tout. C’est ainsi que fonctionne parfois l’archéologie. Supposons que le bassin entier, vieux de 2000 ans soit intact, que tout soit là. Que faire ? Arrêtons-nous d’excaver ? Ou alors, excavons-nous une partie du bassin pour voir s’il n’y a pas quelque chose plus en profondeur ?

Nous pourrions en fait découvrir, pour la première fois dans l’histoire, le bassin original de Siloé datant de 2700 ans. Ou bien nous pourrions enlever une partie du bassin [hérodien] pour découvrir qu’il n’y a aucun vestige du bassin plus ancien. Peut-être qu’en construisant son bassin, Hérode a fait disparaître tout ce qui l’avait précédé. C’est possible. Heureusement, ce n’est pas à moi de prendre cette décision. L’AAI devra franchir le Rubicon le moment venu. Mais c’est passionnant d’y penser.

BN : Les archéologues sont confrontés à cette question en permanence. Souvent, c’est l’importance de la découverte qui détermine si l’on poursuit ou non les fouilles. La plupart des archéologues seraient probablement enclins à creuser au travers pour voir ce qui se trouve en dessous. S’ils ne trouvent rien, ils pourront toujours restaurer le bassin. De plus, il faudra peut-être creuser sous le bassin pour le dater avec précision.

Quel est le calendrier des fouilles du bassin de Siloé ?

ZO : Il faudra probablement environ cinq ans pour mettre au jour la totalité du bassin. En même temps, nous excavons le chemin du pèlerinage sur toute sa longueur. Imaginez-vous que, dans cinq ans, un visiteur de Jérusalem pourra visiter le bassin de Siloé entièrement révélé, puis parcourir le chemin du pèlerinage vers le nord jusqu’au Mur occidental et aux marches au sud du mont du Temple. Il marchera littéralement sur les traces de la Bible d’il y a plus de 2000 ans. Ce sera incroyable !

Lorsque les gens pensent aux grandes merveilles du monde, ils pensent aux pyramides d’Égypte ou au Colisée de Rome. Je pense que lorsque nous aurons fini de révéler l’intégralité du bassin de Siloé et de la route du pèlerinage, elles constitueront ensemble l’une des grandes merveilles du monde. Mais en réalité, ils feront partie d’une catégorie à part. Je vais vous expliquer pourquoi : lorsqu’une personne va voir le Colisée ou les pyramides, elle dit : « Wow, regardez la grandeur des pharaons ! » ou « Regardez la puissance de l’Empire romain ! ». Mais où sont les pharaons aujourd’hui ? Où est le grand Empire romain aujourd’hui ? La réponse est la même : dans les musées, dans les livres d’histoire et dans quelques monuments laissés sur place.

Mais lorsqu’une personne visite Jérusalem, voit le bassin de Siloé et marche le long de la route du pèlerinage, elle n’est pas seulement témoin d’un pan d’histoire, mais en réalité de la continuité d’une histoire. Les personnes qui ont emprunté cette route et se sont rendues à ce bassin il y a des milliers d’années, ce sont leurs descendants, qui adorent le même Dieu, ont les mêmes coutumes, les mêmes traditions, les mêmes fêtes et, dans certains cas, parlent la même langue. C’est la même Jérusalem, la même Bible, les mêmes croyances. Où peut-on trouver cela ailleurs dans le monde ? Ce n’est pas une histoire du genre « il était une fois », mais quelque chose à la fois intemporel, actuel et pertinent, comme il l’a toujours été, pour des milliards de personnes dans le monde entier ! C’est un grand privilège : nous vivons à une époque où nous pouvons redonner vie à Jérusalem, à son patrimoine et à son histoire, non seulement dans un musée et derrière une vitre, mais aussi en permettant aux gens de s’y intéresser, de la toucher, de marcher dessus et de la voir de leurs propres yeux !

BN : Je suis d’accord. C’est une période très spéciale pour l’archéologie à Jérusalem et dans tout Israël. Nous apprécions tout ce que la Fondation de la Cité de David a fait et nous sommes impatients de voir ce que vous découvrirez au bassin de Siloé.

ZO : Je voudrais juste ajouter une chose. Un témoignage du travail que l’Institut Armstrong fait et de ce que nous faisons dans la Cité de David est le suivant : combien y a-t-il de fouilles archéologiques dans le monde qui, dans le grand ordre des choses, ont de l’importance pour les gens aujourd’hui ? Oui, l’histoire est importante et nous voulons connaître notre passé. Mais combien de civilisations anciennes ont encore de l’importance aujourd’hui ou sont vraiment pertinentes aujourd’hui ? Les fouilles qui ont lieu aujourd’hui—oui, en Israël, mais à Jérusalem, dans des lieux comme la Cité de David et dans la zone de l’Ophel—dans l’enveloppe biblique de Jérusalem, sont importantes pour des milliards de personnes. Et cette histoire a de l’importance aujourd’hui et en aura demain. C’est un grand privilège que d’y contribuer, d’en être le gardien et de l’exhumer, non seulement dans notre intérêt, mais aussi celui de milliards de personnes à travers le monde, ainsi que celui des générations futures. Et je sais que c’est quelque chose que l’Institut Armstrong prend également très au sérieux : il ne s’agit pas seulement d’une excavation de plus—c’est Jérusalem.

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