L’Europe reste le fidèle partenaire commercial de la Russie

Après que la Russie a envahi l’Ukraine, tout le monde s’est accordé à dire qu’il fallait l’arrêter par des sanctions économiques. Mais une nouvelle étude menée par l’ IMD Institute, une école de gestion suisse, et l’université de Saint-Gall, a révélé que ces sanctions ne sont pas complètement appliquées. Les entreprises de l’Union européenne et du G-7 se sont retirées de la Russie de manière très limitée depuis le début de la guerre en février 2022. La guerre de la Russie continue d’être financée et rendue possible par ces entreprises. L’Allemagne est en tête de la liste honteuse des entreprises qui restent en Russie.

• L’étude a examiné 1 404 entreprises de l’UE et du G-7, avec 2 405 filiales, actives en Russie au moment de l’invasion.

• Seules 9 pour cent des entreprises de l’UE et du G-7 ont quitté la Russie, contre près de 18 pour cent des filiales américaines qui ont cessé leurs opérations en Russie. Cela signifie que seules 120 de ces entreprises se sont débarrassées d’au moins une de leurs filiales en Russie.

• Selon l’étude, 19,5 pour cent des entreprises de l’UE et du G-7 encore présentes en Russie sont détenues par des Allemands, 12,4 pour cent par des Américains et 7 pour cent par des multinationales japonaises.

• L’étude révèle que ce ne sont pas seulement la Chine, l’Inde et d’autres pays asiatiques qui alimentent la guerre de la Russie en Ukraine, mais aussi la superpuissance morale autoproclamée de l’Europe.

« En effet, de nombreuses entreprises ayant leur siège social dans ces pays ont résisté aux pressions exercées par les gouvernements, les médias et les ONG [organisations non gouvernementales] pour quitter la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine », conclut l’étude.

Un paradoxe : les États-Unis et l’Europe ont dépensé des milliards en aide financière et militaire pour l’Ukraine. Dans le même temps, ils ont permis à leurs entreprises de continuer à opérer en Russie, ce qui réduit à néant leurs efforts.

Un exemple tragique : Près d’un an après l’invasion et des milliers de morts ukrainiens, Wintershall Dea, la plus grande compagnie d’huile minérale d’Allemagne, a annoncé le 17 janvier qu’elle mettait fin à ses activités controversées en Russie. Trois jours avant cette annonce, un missile russe a frappé un immeuble résidentiel dans la ville de Dnipro, dans l’est de l’Ukraine, tuant au moins 45 civils et laissant de nombreux disparus. Les experts pensent que le missile a été lancé à partir d’un avion de combat qui a décollé d’une base russe approvisionnée en kérosène qui aurait été produit à partir d’une matière première provenant d’une des coentreprises russes de Wintershall Dea. Ainsi, l’Allemagne pourrait très bien avoir directement alimenté la machine de guerre russe. Ce n’est qu’après de nombreuses critiques que la décision a été annoncée.

C’est la libre décision de Wintershall Dea et d’autres entreprises de matières premières qui opèrent en Russie depuis 11 mois de rester en Russie et de sacrifier des centaines de personnes pour des profits. La coopération tacite avec le régime terroriste russe est un crime de guerre. Nous sommes convaincus qu’il y a du sang ukrainien sur les mains de Wintershall.
—Switlana Romanko, ONG ukrainienne Razom We Stand

Le rôle des hommes d’affaires et des industriels allemands dans les futurs conflits prophétisés est expliqué dans « Émergeant de la clandestinité allemande ».