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La destruction de l'Iran est-elle vraiment une « mission accomplie » ?

Win McNamee / Staff, ATTA KENARE / Contributor, YAIR SAGI / Contributor via Getty Images, Julia Goddard/la trompette

La destruction de l'Iran est-elle vraiment une « mission accomplie » ?

L a « mission accomplie » de Trump : Pour tous ceux qui accusent Donald Trump d’être un belliciste, sa frappe sur l'Iran souligne en réalité le contraire. Il aime déclarer la victoire — pas faire la guerre.

Il s'est écoulé deux jours entre le moment où l’Amérique a largué des bombes sur les sites nucléaires iraniens et celui où Trump a annoncé un cessez-le-feu. Il a qualifié le conflit de « guerre de 12 jours » et le programme nucléaire iranien de « totalement et complètement anéanti ». Il a ignoré les mesures de rétorsion de l'Iran et a offert à la nation un avenir d'espoir. Le président Trump est impatient de mettre toute cette sale affaire derrière lui le plus rapidement possible.

Mais le dilemme de l'Iran ne disparaît pas.

Les raisons sont multiples. L'une d'entre elles est devenue évidente mardi, avec un rapport préliminaire de la Defense Intelligence Agency (DIA), l'organe de renseignement du Pentagone : loin d'anéantir le programme nucléaire, les frappes américaines « n'ont retardé le programme nucléaire iranien que de quelques mois ».

  • Le rapport note que les frappes ont scellé les entrées des installations mais n'ont pas détruit les infrastructures souterraines ou les composants clés tels que les centrifugeuses et les stocks d'uranium enrichi.

  • La DIA a qualifié son rapport de « peu fiable », reconnaissant que les données sont incomplètes et que l'évaluation d'installations souterraines telles que Fordow est difficile sans inspections sur le terrain.

  • Néanmoins, cette évaluation correspond à la difficulté connue de cibler des sites profondément enterrés, même avec des munitions avancées comme la GBU-57, une munition anti-bunker.

La Maison Blanche a vivement contesté les conclusions de la DIA, les qualifiant de « tout à fait erronées » et mettant en cause des fuites de la part de fonctionnaires du renseignement qui sont mécontents. La secrétaire de presse de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré : « Tout le monde sait ce qui se passe lorsque vous larguez quatorze bombes de 13 600 kilogrammes parfaitement sur leurs cibles : l’anéantissement total. » (Bien entendu, « tout le monde sait » est exactement le genre d'affirmation qu'on profère dans l'absence de faits et de chiffres).

CNN a écrit : « L’évaluation israélienne de l’impact des frappes américaines a également révélé que les dégâts à Fordow étaient moins importants que prévu. » Toutefois, les responsables israéliens estiment que la combinaison des actions militaires américaines et israéliennes sur plusieurs sites nucléaires retarderait le programme nucléaire iranien de deux ans, en supposant qu’ils puissent le reconstruire sans entrave, ce qu’Israël n’autoriserait pas. Mais Israël avait également déclaré publiquement, avant l’opération militaire américaine, que le programme iranien avait été retardé de deux ans.

Les services de renseignement israéliens ne sont pas publiquement en désaccord avec la Maison Blanche. Cité par le Times of Israel, il estime le retard du programme nucléaire iranien à « plusieurs années ». Un fonctionnaire israélien cité par Axios a déclaré : « Une évaluation professionnelle des dommages lors des combats prend du temps. […] Les services de renseignement israéliens ne sont pas encore parvenus à des conclusions définitives. Mais nous ne pensons pas qu’il y ait eu de faille dans l’opération, et nous n’avons aucune indication que les bombes anti‑bunker n’ont pas fonctionné. Personne ici n’est déçu. »

Reste à voir si la position publique d’Israël reflète sa confiance dans les frappes ou son besoin de maintenir la solidarité avec Trump. Le fait qu’après la déclaration du cessez-le-feu, Israël ait lancé un dernier barrage peut indiquer son malaise face à ce qui pourrait constituer le nouveau statu quo. Il est très probable que le travail reste inachevé. 

La déclaration de victoire de Trump est naïve. Il ne s'agit pas d'une « mission accomplie ». L'Iran est loin d'être vaincu, et les tentatives de restreindre Israël à ce stade conduiront en fin de compte à un conflit plus important.

Cette conclusion est également étayée par un rapport sur une autre question éventuellement non résolue :

L'autre installation nucléaire souterraine de l'Iran : La montagne de la pioche, également connue sous le nom de Kūh-e Kolang Gaz Lā, se trouve près de Natanz, en Iran, à environ 145 kilomètres au sud de l'installation nucléaire de Fordow. Il s'agirait d'une installation nucléaire souterraine profondément enfouie, en cours de construction, potentiellement plus fortifiée que Fordow. Le site a attiré l'attention de la communauté internationale en raison de sa profondeur, de son caractère secret et de son rôle potentiel dans le programme nucléaire iranien, notamment en tant que nouvel emplacement possible pour l'uranium enrichi et les centrifugeuses. Le Telegraph écrit :

Avant la frappe, une queue de 16 camions a été réperée à Fordow, et un expert du programme nucléaire iranien a déclaré au Telegraph que le régime avait déplacé une grande partie de son uranium hautement enrichi dans un lieu secret avant que les États-Unis ne soient en mesure de bombarder ses installations.

Téhéran a caché des sites abritant « des centaines, et même des milliers » de centrifugeuses avancées capables de produire l'uranium de qualité militaire nécessaire à la fabrication d'une bombe nucléaire, a déclaré Sima Shine, qui a travaillé au sein des forces armées israéliennes pendant 30 ans.

La montagne de la pioche est peut-être la cachette idéale. […] 

 Après les frappes dévastatrices, le plan de secours potentiel de l'Iran pourrait se trouver dans cette installation ultra-sécurisée qui, selon l'imagerie satellite, aurait été secrètement agrandie et dotée de nouvelles fortifications autour de ce qui semble être un site d'enrichissement de l'uranium. […] Ses chambres souterraines s'étendent encore plus profondément, potentiellement à plus de 100 mètres sous la surface, alors que la profondeur de Fordow serait de 60 à 90 mètres.

Le Telegraph a cité Reuel Marc Gerecht, chercheur résident à la Foundation for Defense of Democracies, qui a déclaré : « Le complexe souterrain de Kolang Gaz Lā, également connu sous le nom de montagne de la pioche, est destiné à donner au régime clérical un site d'armes nucléaires que même l'armée de l'air américaine aurait du mal à détruire avec ses plus grosses bombes conventionnelles. » L'ajout de tunnels et d'un périmètre de sécurité compliquerait encore plus tout raid commando visant à saboter le complexe. Compte tenu de la fréquence des opérations de commando israéliennes contre des cibles du Hezbollah, la République islamique a certainement anticipé ces mêmes types de raids sur ses propres sites atomiques.

Et ce n'est pas la seule nouvelle qui montre que l'Iran n'abandonne pas ses ambitions nucléaires :

Les législateurs iraniens ont voté la suspension de la coopération avec l'AIEA. Le projet de loi doit encore recevoir le feu vert du Conseil suprême de sécurité nationale, mais s'il est approuvé, il interdira aux inspecteurs nucléaires de l'Agence internationale de l'énergie atomique d'accéder aux installations d'enrichissement.

L'Agence internationale de l'énergie atomique, qui a refusé de condamner ne serait-ce que marginalement l'attaque contre les installations nucléaires iraniennes, a mis sa crédibilité internationale aux enchères.
—Mohammed Bagher Ghalibaf, Président du Parlement iranien 

Cette initiative viole les obligations de l'Iran au titre du traité de non-prolifération nucléaire. L'AIEA n'a absolument rien fait pour empêcher l'Iran de se doter d'une arme nucléaire. Néanmoins, Téhéran fait passer un message fort, laissant entendre qu'il a toujours l'intention d'accélérer sa recherche d'une bombe nucléaire.

Dans le même ordre d'idées, la Russie menace de fournir à l'Iran des ogives nucléaires après qu'Israël et les États‑Unis ont frappé les bases nucléaires iraniennes.

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