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La personnalité altérée de l’Europe

MIDJOURNEY

La personnalité altérée de l’Europe

L’époque du métrosexuel végétalien chic est révolue. Les réalités modernes sont en train d’endurcir les Européens.

L’Américain est un cow-boy armé ; le Russe est un oligarque corrompu ; le Saoudien est un cheikh riche en pétrole. L’Européen, quant à lui, est un métrosexuel végétalien ; il se rend au travail à vélo, prend un mois de vacances par an, boit des cafés au lait de soja et, avec une sophistication branchée, prêche les vertus de son mode de vie éclairé aux autres.

Il s’agit là de stéréotypes grossiers. Pourtant, aussi vrais ou faux qu’ils aient pu être, ils sont aujourd’hui obsolètes.

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La crise financière de 2008 et la crise des migrants de 2015 ont porté un coup à la tête de notre Européen. Sa personnalité a changé. On pourrait dire qu’il conduit désormais un camion, qu’il mange de la viande et qu’il s’est mis au culturisme.

La majeure partie du monde ne l’a pas remarqué. Beaucoup de ceux qui l’ont remarqué s’en réjouissent. Mais la nouvelle personnalité de l’Europe est sur le point de modifier le cours de l’histoire mondiale.

Un Européen d’extrême droite ?

Un nouveau type de parti se développe en Europe. Dans la presse, on l’appelle généralement « l’extrême droite ». Mais ce terme est tellement galvaudé qu’il n’a pratiquement plus de sens.

Pour certains de ces groupes, comme le Rassemblement national français, l’expression « extrême gauche » décrirait mieux leurs politiques économiques.

L’expression « marge » est peut-être plus appropriée. Ces groupes sont si différents que les partis traditionnels les excluent délibérément de la politique. Les journalistes tentent de les stigmatiser afin qu’aucune personne respectable n’admette de voter pour la « marge  ».

Mais même l’expression marge est dépassée. Dans toute l’Europe, ces hommes politiques adoptent une nouvelle stratégie gagnante, et atteignent de nouveaux sommets de succès électoral. Ils ont abandonné les parties les plus odieuses de leurs programmes. L’antisémitisme n’est plus de mise. Nombreux sont ceux qui ont cessé de soutenir Vladimir Poutine et la Russie pour soutenir Volodymyr Zelenskyy et l’Ukraine.

Giorgia Meloni, qui dirige le parti successeur du Parti national fasciste de Benito Mussolini, est aujourd’hui première ministre d’Italie. La Pologne est dirigée par ce type de parti marginal. Il en va de même pour la Hongrie. Des partis marginaux soutiennent les gouvernements de la Finlande et de la Suède.

D’autres pourraient suivre. À l’heure actuelle, l’Alternative für Deutschland (AfD) est le deuxième parti le plus populaire en Allemagne, même s’il se déplace de plus en plus vers la droite. En France, Marine Le Pen, du Rassemblement national, s’est opposée à Emmanuel Macron lors des élections présidentielles de l’année dernière, forçant un second tour qu’elle a ensuite perdu. Elle reste populaire et est l’une des principales candidates à la prochaine élection présidentielle. En Autriche, le Parti de la liberté obtient de bons résultats dans les sondages et semble prêt à remporter les élections l’année prochaine.

Ces partis ont opéré un autre changement critique dans leurs programmes, qui pourrait s’avérer plus important que n’importe quel autre : ils sont maintenant en train de travailler ensemble. Ils ont été qualifiés « d’extrême droite » parce qu’ils sont nationalistes : ils veulent que leur nation redevienne grande, et ils ne se soucient pas autant des autres nations. L’idée qu’ils puissent travailler ensemble pour prendre le contrôle de l’Union européenne était absurde. C’est pourtant ce qu’ils sont en train de faire.

Pour nombre de ses partisans, l’UE est l’antidote au nationalisme d’extrême droite. Il s’agit d’un projet multinational, mondialiste, progressiste et de gauche conçu pour détruire le nationalisme. Elle a été construite par des nations qui ont renoncé à leur souveraineté nationale.

Les partis d’extrême droite européens sont généralement eurosceptiques. Mais leur succès à l’échelle européenne signifie qu’ils ont désormais une chance non pas de détruire l’UE, mais de la refaire.

Les élections dans les différents pays de l’UE s’inscrivent dans une lutte plus large. À quoi ressemblera l’UE, quel est son objectif, quelle est son âme ? Au cœur de cette lutte se trouve le rejet de deux politiques clés de l’UE adoptées dans un pays après l’autre.

Réaction

L’ancien mode de vie végétalien de l’Europe n’était tout simplement pas sain, et nombreux sont ceux qui s’en rendent compte aujourd’hui.

En 2015, 1,3 million de migrants ont demandé l’asile au sein de l’UE ; l’année suivante, ce chiffre n’a que légèrement diminué pour atteindre 1,2 million. Nombre d’entre eux étaient des musulmans fuyant la guerre civile syrienne. Il est bien connu que la Chancelière Angela Merkel a ouvert l’Allemagne à tous ceux qui franchissaient ses frontières.

Les conséquences ont été immédiates. Les villes semblaient dangereuses. Des femmes se sont plaintes d’avoir été agressées. Un hôpital a été contraint d’engager des gardes armés. Cologne a connu la tristement célèbre agression sexuelle de masse de la Saint-Sylvestre, au cours de laquelle 1 000 migrants se sont rassemblés en une foule et auraient commis 331 délits sexuels, dont deux viols.

Pourtant, les médias populaires ont refusé d’en parler. La police et les autorités locales ont dissimulé les statistiques. Les principaux partis politiques ont refusé de s’attaquer au problème.

Leur indifférence perdure. Cet été, les piscines publiques sont devenues un sujet brûlant en Allemagne. Certaines ont fermé leurs portes. D’autres ont demandé une protection de la police. Pourquoi ? En raison d’une recrudescence des agressions, en particulier contre des jeunes filles en tenues de bain révélatrices.. Les journalistes et les hommes politiques ne veulent pas en parler, mais ces agressions sont principalement le fait d’immigrés originaires de pays musulmans.

La France a connu des problèmes similaires. Le 27 juin, la police française a abattu Nahel Merzouk lors d’un contrôle routier. La vidéo de la fusillade est devenue virale et a suscité des accusations de violences policières à l’encontre des minorités noires et musulmanes. Le pays a connu une explosion de violence pendant plusieurs jours : plus de 700 commerces ont été brûlés et plus de 1 300 voitures incendiées. Les gens ont attaqué des écoles et des centres culturels. Un pompier est mort en tentant d’éteindre les flammes dans un stationnement souterrain. Quarante-cinq mille policiers ont été déployés pour mettre fin aux émeutes ; plus de 500 policiers ont été blessés et 2 000 émeutiers ont été arrêtés.

Les émeutiers ont également attaqué la famille du maire de droite de L’Haÿ-les-Roses, en fonçant sur sa maison avec une voiture en feu. L’un de ses enfants a été blessé et sa femme s’est cassé une jambe pendant qu’elle s’échappait.

« Les gens parlent d’émeutes », a déclaré le chef de la police de L’Haÿ-les-Roses, « mais pour ceux d’entre nous qui doivent faire face à tout cela, il ne s’agit pas d’émeutes. C’est la guerre. »

Ces violences ont eu lieu dans un contexte d’attentats islamistes continus en Europe. Le 8 juin, un migrant syrien a poignardé quatre enfants âgés de 1 à 3 ans dans un parc du sud-est de la France. Le 10 juin, un garçon de 15 ans a été tué et trois personnes ont été blessées lors d’une fusillade à Stockholm, en Suède, peu avant qu’une autre fusillade dans les environs, sans rapport avec la précédente, ne fasse trois blessés. La violence des gangs en Suède a explosé depuis 2015, lorsque le gouvernement a ouvert la nation au deuxième plus grand nombre de migrants par habitant en Europe.

En France, les problèmes sont bien plus anciens que la crise migratoire de 2015. Les partis politiques traditionnels ont eu des décennies pour y remédier, mais ils ont échoué.

Dans toutes ces situations, la réaction du public a été la même. Comme nous l’avons écrit lors de la crise des migrants en Allemagne en 2015 : « Beaucoup d’Allemands qui deviennent désabusés de la politique traditionnelle [...] ne veulent pas persécuter les migrants ou les voir emprisonnés, battus ou tués. Ce ne sont pas des extrémistes en quête de génocide. Ce sont des gens normaux, sains d’esprit et rationnels, dont beaucoup ont une formidable empathie pour ceux qui souffrent en Syrie et ailleurs. Ces personnes sont simplement préoccupées par l’impact que des millions de migrants auront sur leur nation, ses institutions, ses infrastructures, son économie, sa culture et sur le peuple allemand. [...] Mais le gouvernement d’Angela Merkel refuse d’accorder une attention sérieuse à ces préoccupations et de dire la vérité sur l’impact que les migrants ont et auront sur la nation. [...]

« La gestion de cette situation par le gouvernement Merkel est en train de transformer le peuple allemand en une bombe à retardement ! Plus le peuple allemand sera désabusé, frustré et en colère, plus il sera vulnérable aux politiques radicales et aux dirigeants radicaux prônant des solutions radicales » (Trompette, mars 2016).

Ignorés par le courant dominant, les électeurs concernés ont cherché du réconfort dans la frange politique d'un pays à l'autre.

Environnementalisme désastreux

Aujourd’hui, nous voyons cette tendance se mêler à la question apparemment sans rapport de l’environnementalisme. Notre Européen stéréotypé est manifestement consciencieux en matière d’environnement. Mais maintenant, cela commence à faire mal.

Aux Pays-Bas (deuxième exportateur mondial de produits agricoles), des politiciens trop zélés en matière d’environnement s’emploient à fermer des exploitations agricoles. Les membres du gouvernement de l’UE débattent de lois qui imposeraient ces politiques calamiteuses aux agriculteurs—et aux consommateurs—de tout le Continent.

L’Union européenne a annoncé qu’elle interdira les nouvelles voitures aux combustibles fossiles en 2035. L’industrie automobile allemande représente environ 10 pour cent de l’économie du pays. Mais les fabricants étrangers sont en avance lorsqu’il s’agit de voitures électriques. Cette situation pourrait dévaster le secteur manufacturier allemand et entraîner un chômage de masse.

Le gouvernement allemand interdira la vente de tous les systèmes de chauffage au fioul et au gaz après la fin de l’année 2024. Une interdiction à l’échelle de l’Union européenne est prévue pour 2029. Après cela, si votre chaudière tombe en panne, vous serez obligé de la remplacer par une solution « écologique » coûteuse et souvent moins efficace.

Tous les grands journaux et partis politiques soutiennent totalement ces mesures : ils les considèrent comme indispensables pour lutter contre le changement climatique ; il n’y a pas d’alternative. Pas d’alternative dit-on—à moins que vous ne vous tourniez vers un groupe de droite marginal comme l’Alternative für Deutschland.

Si vous ne voulez pas que votre ferme soit fermée ou que vous ne vouliez pas dépenser des milliers d’euros pour une pompe à chaleur électrique, cela ne fait pas de vous un nazi. Mais si aucun des partis traditionnels ne veut tenir compte de vos préoccupations et que l’économie tout entière semble vouée à l’autodestruction, ne pourriez-vous pas envisager de voter pour l’un de ces groupes ?

Ces préoccupations avaient déjà suscité une résistance de masse sous la forme des manifestations des « gilets jaunes » en France en 2018. Aux Pays-Bas, cette résistance a conduit à la création d’un nouveau Parti des fermiers—qui est déjà devenu le premier parti au Sénat. Ce Mouvement agriculteur–citoyen n’a pas de bagage historique—mais ce n’est pas le cas ailleurs.

En Allemagne, l’opposition aux politiques environnementales destructrices est l’une des principales raisons de la montée en puissance de l’AfD. Si un Allemand ne veut pas que son gouvernement détruise l’économie nationale, il n’a nulle part d’autre où aller.

Liens nazis

Non seulement ces partis « marginaux » deviennent de plus en plus populaires, mais ils deviennent aussi de plus en plus extrêmes. En 2017, l’étoile montante de l’AfD, Björn Höcke, s’en est pris à l’idée que l’Allemagne devrait être désolée ou expier son histoire nazie. Cette attitude, a-t-il dit, est une « politique d’adaptation stupide ». Il s’est plaint que « l’histoire allemande soit traitée comme une histoire pourrie et ridiculisée » et a appelé à un « revirement à 180 degrés de la politique de la mémoire ». Les Allemands devraient cesser de commémorer l’Holocauste. Il a qualifié le Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe de Berlin de « monument de la honte ».

Le public de M. Höcke a aimé cela, mais il est allé trop loin. Les membres modérés de l’AfD ont voulu le chasser du parti. L’année suivante, le chef du parti, Alexander Gauland, a prononcé un discours similaire, faisant l’éloge de « l’histoire glorieuse de l’Allemagne qui est bien plus longue que 12 ans »—soit la durée du régime d’Adolf Hitler. Face à l’indignation de l’opinion publique, il a présenté des excuses sans enthousiasme.

Aujourd’hui, cependant, les choses ont changé. En mai, le chef de l’AfD, Tino Chrupalla, a accordé une interview au blog de droite « Sezession ». Interrogé sur l’histoire de la guerre en Allemagne, il a déclaré : « Je trouve qu’il est fondamentalement problématique de toujours lier la commémoration à la question de la culpabilité. » Le regard que l’Allemagne porte sur son histoire doit changer, a-t-il expliqué. « La culpabilité historique ne doit plus déterminer notre façon d’agir », a-t-il dit.

Cette fois-ci, au lieu de s’indigner, la réponse n’était que du silence.

La cochef de l’AfD, Alice Weidel, est l’une des voix les plus modérées du parti—l’une de celles qui ont tenté de forcer Höcke à partir il y a cinq ans. En avril, elle s’est vantée lors d’un discours de campagne que le parti était sur le point d’entrer au gouvernement. Elle a fait le tour de la scène bras dessus, bras dessous avec le candidat local de l’AfD : Björn Höcke.

Au lieu d’être critiqué, l’AfD atteint de nouveaux sommets. Le 2 juillet, le parti a vu l’élection de son premier maire dans la ville de Raguhn-Jessnitz, en Saxe-Anhalt, et la semaine précédente, elle a remporté son premier district régional dans l’État voisin de Thuringe. Friedrich Merz, chef de file de l’Union chrétienne-démocrate (cdu), a ouvert la porte à travailler avec l’AfD au niveau local—rompant ainsi avec le précédent qui avait jusqu’alors empêché l’AfD d’accéder au pouvoir. Il a rapidement fait marche arrière, mais pour l’AfD ces jours-ci, la défaite ne semble toujours que temporaire.

Les personnes qui votent pour l’AfD en raison des politiques erronées des partis traditionnels en matière de changement climatique ou d’immigration ne sont pas des extrémistes de droite. Mais ils donnent du pouvoir à un parti dont les opinions sont dangereuses. Et les partis traditionnels ne leur ont pas laissé le choix.

Cela pourrait bientôt changer. Dans toute l’Europe, les partis traditionnels commencent à suivre l’exemple des partis marginaux. Ils s’éveillent lentement aux dangers de l’immigration. Certains assouplissent même leur position sur le changement climatique.

Mais ils vont encore plus loin : ils copient les opinions de la marge en matière d’histoire, d’empire et de fierté nationale.

Un déplacement vers la droite

En juin, le cdu a annoncé des plans pour un Programme fédéral de patriotisme. Il veut qu'on agite davantage le drapeau, qu'on chante davantage l'hymne national et qu'on entretienne davantage de liens avec l'armée. Les plans incluent une nouvelle journée nationale pour célébrer la Constitution le 23 mai et une autre pour célébrer la réunification de l'Allemagne le 3 octobre. Le Parlement allemand bénéficierait également d'une mise à niveau avec davantage de photos de grands Allemands et de symboles de l'histoire allemande pour renforcer « l'assurance patriotique » des législateurs.

En France, le Président Emmanuel Macron est devenu de plus en plus extrémiste dans sa rhétorique. Il a donné à la police le pouvoir de fermer les mosquées et d’expulser les prédicateurs. Il a interdit l’enseignement à domicile, principalement pour empêcher les enfants musulmans d’éviter le système éducatif français. Le ministre français de l’intérieur a dissous des douzaines d’organisations musulmanes françaises et expulsé des radicaux. « L’islam est une religion qui vit une crise aujourd’hui, partout dans le monde », a déclaré Macron dans un discours historique prononcé en 2020. Or, alors que les attaques islamistes et les émeutes de masse se poursuivent, le soutien aux partis marginaux européens ne cesse de croître.

Au niveau européen, les dirigeants conservateurs se tournent vers l’Italie et Meloni pour trouver une solution. Des dirigeants de toute l’Europe font le pèlerinage à Rome, notamment la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, la présidente du Parlement européen Roberta Metsola et le chef du Parti populaire européen Manfred Weber.

« Giorgia Meloni est en train de devenir la dirigeante politique la plus importante d’Europe » affirme le Spectator dans un article daté du 4 mars. « Certains disent même que son destin est d’être la prochaine Angela Merkel. Si c’est le cas, cela signifierait un changement de direction spectaculaire pour l’Union européenne... ».

« Meloni est désormais la leader de la droite européenne », a déclaré l’animateur de talk-show Massimo Cacciari. « La coalition européenne traditionnelle des forces sociales-démocrates et des forces catholiques populaires est en train de perdre ses forces. […] Meloni et ceux qui l’entourent seront en mesure de déplacer l’axe de la politique européenne lors des prochaines élections. C’est la stratégie qu’ils poursuivent » (ibid).

Les élections espagnoles du 23 juillet ont prouvé que cette approche pouvait fonctionner. Aucun des deux partis n’a remporté suffisamment de voix pour obtenir la majorité. Mais le parti principal de droite, le Parti populaire a très bien fait —aux dépens du parti de la droite marginale, Vox. L’imitation est peut-être la forme la plus sincère de la flatterie, mais de plus en plus d’hommes politiques européens se rendent compte que c’est aussi une façon intelligente de gagner des élections.

Les croyances et la rhétorique « marginales » s’emparent donc de l’Europe de deux manières. Les partis marginaux eux-mêmes se hissent au sommet. Et lorsqu’ils sont battus, c’est uniquement parce que leurs idées ont infiltré les partis traditionnels. Quoi qu’il en soit, la personnalité de l’Europe est en train de changer.

Une bonne chose ?

Ce glissement vers la droite a incité certains médias américains à réagir et à en prendre note. « Une Union européenne d’extrême droite pourrait se profiler », titrait le Washington Post le 21 juillet. Au Moyen-Orient, Al Jazeera a lancé un avertissement : « Nous avons toujours pensé que l’unité européenne impliquerait un plus grand cosmopolitisme et un plus grand multiculturalisme. Avec la récente montée de l’extrême droite, ce n’est peut-être pas le cas » (19 juillet).

De nombreux conservateurs américains se réjouissent de cette tendance. Ils font le lien entre la montée de la droite en Europe et le mouvement pro-Trump. Les forces du mondialisme et de l’environnement sont en train de reculer. Mais l’ennui, c’est que ce point de vue néglige une partie essentielle de l'histoire.

En réalité, l’origine de l’UE ne réside pas dans la volonté des bien-pensants libéraux voulant reléguer le nationalisme dans les poubelles de l’histoire. Ses origines sont bien plus anciennes.

Au cours de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne a voulu créer une forme d’union économique européenne pour rendre sa domination sur le continent plus acceptable. Lors de la Première Guerre mondiale, le Chancelier allemand Theobald von Bethmann-Hollweg a déclaré qu’il souhaitait créer une « association économique européenne centrale » où « tous ses membres seront formellement égaux mais, en pratique, seront sous la direction de l’Allemagne et devront stabiliser la domination économique de l’Allemagne sur la Mitteleuropa ».

Dans les années 1930, la propagande nazie prônait la Großraumwirtschaft (c’est-à-dire une grande zone économique). En 1940, l’ambassadeur allemand en France, Otto Abetz, écrivit à Hitler pour lui recommander que l’Allemagne « usurpe l’idée européenne » pour tenter de contrôler l’Europe, de la même manière qu’Hitler avait « usurpé l’idée de paix » avant la guerre.

Cet été-là, Hermann Göring a commencé à planifier « l’unification économique à grande échelle de l’Europe ». Walther Funk, ministre de l'Économie et président de la banque centrale allemande, a développé ce projet, l’a appelé la Communauté économique européenne, et en a décrit les caractéristiques dans une série de documents en 1941. À peine deux décennies plus tard, en 1957, la Communauté économique européenne (cee) est devenue le nom de ce qui est aujourd’hui l’UE.

Les nazis réclamaient également un « système monétaire européen » qui fonctionnerait avec des taux de change fixes entre certaines monnaies—jusqu’à ce qu’une monnaie unique puisse être progressivement introduite. C’est exactement ce qui s’est passé avec l’euro.

Après la guerre, le tristement célèbre Oswald Mosley, chef de l’Union britannique des fascistes, est devenu un ardent pro-européen. Bernhard Benning, directeur de la Compagnie de crédit du Reich, qui a pris la parole lors de la conférence nazie de la cee en 1942 sur la « question de la monnaie européenne », est devenu par la suite une personnalité de premier plan de la Bundesbank.

D’autres personnalités de l’UE avaient des sympathies pour les nazis avant la guerre, comme Paul-Henri Spaak, l’un des pères fondateurs de l’UE. En tant que membre du Parti ouvrier belge avant la guerre, il a fait l’éloge de « certaines des magnifiques réalisations d’Hitler. » En 1937, il a déclaré que « l’heure du national-socialisme belge a sonné ». Il exhorta la Belgique à rester neutre plutôt que de rejoindre la France pour combattre l’Allemagne. (L’Allemagne envahit la Belgique en 1940.)

Beaucoup considéraient l’Union européenne comme un outil de lutte contre le nationalisme allemand. Mais d’autres y ont vu un moyen d’unir les Européens autour d’objectifs plus larges.

Aujourd’hui, nous voyons arriver au pouvoir des dirigeants européens ayant des liens avec les régimes fascistes de la Seconde Guerre mondiale. L’AfD allemand veut réviser cette histoire (encadré, page 12). En Italie, Meloni ne se contente pas de diriger le successeur du parti de Mussolini ; elle reconstruit la politique étrangère de ce dernier et les liens de l’Italie avec l’Afrique du Nord.

Ce à quoi nous assistons aujourd’hui n’est pas un brusque changement de personnalité en Europe. Il s'agit d'un lent retrait du masque.

Présent dès le début ?

Ce n’est pas la seule fois où l’Allemagne a rapidement changé de personnalité. Dans son livre Les Européens, Luigi Barzini compare les Allemands à Protée, la créature de la mythologie grecque qui peut changer de forme, en raison de leur tendance à changer leur identité. Tout au long du 19siècle, les Allemands étaient à la fois moqués et aimés en raison de leur pacifisme et leur innocuité. Mais tout cela changea en 1870.

« Ils franchirent la frontière française comme une marée grise de soldats anonymes, disciplinés, avec des casques à pointe, une machine de guerre implacable et impossible à arrêter », écrivait-il. « D’où venaient-ils ? Seuls quelques Allemands et aucun étranger ne s’étaient doutés de ce que serait la métamorphose imminente. [...] Pendant les décennies suivantes, des écrivains français en larmes ont raconté d’innombrables histoires déchirantes sur la cruauté, la rapacité et le mépris dont les envahisseurs avaient fait preuve. Comment ces Allemands pouvaient-ils être si différents de ces gens inoffensifs et pacifiques décrits par Madame de Staël, ceux que l’Europe avait connus et aimés quelques années auparavant ? »

Puis, dans les années 1930, Berlin passa rapidement du statut de repaire hédoniste à celui de centre de l’efficacité militaire.

La montée de l’AfD en ce moment même suggère qu’un changement similaire est à venir.

Pour ceux qui veulent bien l’entendre, la Bible donne un avertissement encore plus sévère que l’histoire. Apocalypse 17 décrit une « bête ». Dans les livres de l’Apocalypse et de Daniel, une bête symbolise un empire. Celle-ci est montée par une femme, symbole biblique d’une Église.

Cette bête est dirigée par une série de rois. Apocalypse 17 : 10 dit : « Ce sont aussi sept rois : cinq sont tombés, un existe, l’autre n’est pas encore venu, et quand il sera venu, il doit rester peu de temps. » Cela nous indique que ces rois viennent l’un après l’autre. Cet empire s’élève, est dirigé par un homme fort, puis s’effondre, avant d’être ressuscité par un autre.

Où existe-t-il un empire, dominé par une église, qui s’est élevé et s’est effondré à plusieurs reprises ? La seule réponse est l’Europe. Au cours de la dernière demi-douzaine de fois, il a porté le nom de « Saint Empire romain ». Plus récemment, il était dirigé par Adolf Hitler.

Cette prophétie de l’Apocalypse est figée dans le temps. Elle décrit l’état de cette bête à l’époque de son sixième chef, Hitler.

Le verset 8 décrit « la bête [qui] était », qui « n’est plus », qui « reparaîtra ». Cette bête existe, puis disparaît, pour ensuite « monter de l’abîme ». On pourrait dire qu’elle émerge de nulle part—de la « clandestinité ». Cela décrit l’état de cette puissance bestiale aujourd’hui. Les signes sont là, mais peu les reconnaissent. Lorsque cette puissance s'élèvera pleinement, « les habitants de la terre [...] s’étonneront en voyant la bête » (verset 8).

Le monde pense que cette bête a disparu et que les Européens veulent simplement des cafés au lait de soja, des éoliennes et une réduction des flatulences des vaches. Mais ces questions ne font que masquer la vérité.

Apocalypse 17 décrit cette bête lors de sa sixième résurrection parce que c’est à ce moment-là qu’un homme était sur la scène, par lequel Dieu a révélé ces écritures et exposé cette bête. Cet homme était Herbert W. Armstrong. Il a expliqué ce qui se passait en Europe et a averti qu’elle monterait de nouveau.

« Nous ne comprenons pas la minutie allemande » déclara-t-il en mai 1945. « Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, ils ont envisagé la possibilité de perdre ce deuxième tour, comme ils l’avaient fait pour le premier—et ils ont soigneusement et méthodiquement planifié, dans cette éventualité, le troisième tour—la Troisième Guerre mondiale ! Hitler a perdu. Ce cycle de guerre, en Europe, est terminé. Et les nazis sont maintenant entrés dans la clandestinité. En France et en Norvège, ils ont appris avec quelle efficacité un maquis organisé peut entraver l’occupation et le contrôle d’un pays. Paris a été libéré par le maquis français et les armées alliées. Aujourd’hui, le réseau clandestin nazi est méthodiquement planifié. Ils prévoient de revenir et de gagner au troisième essai. »

Malgré tous les signes, ce changement de personnalité prendra bientôt le monde par surprise. Mais vous n’avez pas à être surpris.

Les détails de cette puissance bestiale décrits dans votre Bible nous renvoient à Dieu le Père. La montée en puissance de cette bête sera terrifiante. Mais ces prophéties détaillées nous rassurent : Dieu contrôle la situation. Ces événements font tous partie de Son plan.

Le moment est venu d’apprendre à connaître ce qui se passe, de voir ce qui se passe en Europe derrière le masque. Alors, au lieu d’être surpris, terrifié ou victime de ce qui se passe, vous pouvez être encouragé.

Le verset 17 indique : « Car Dieu a mis dans leurs cœurs d’exécuter son dessein et d’exécuter un même dessein, et de donner leur royauté à la bête, jusqu’à ce que les paroles de Dieu soient accomplies. » En fin de compte, c’est Lui qui est à l’origine du changement de personnalité de l’Europe. Voir le rôle de Dieu dans ces événements est notre seul espoir.

L’homme a essayé des gouvernements de gauche et de droite. Il a essayé un nombre impressionnant de systèmes politiques et économiques. Aucun n’a apporté la paix ni résolu tous ses problèmes.

Dieu permet la montée finale de la puissance de cette bête pour une raison très positive : montrer à l’humanité les échecs des systèmes et des solutions conçus par l’homme, et nous aider à voir qu’Il est la seule solution sûre aux problèmes de l’homme. Étudiez ces prophéties pour vous-même, et elles vous orienteront vers les seules solutions sûres à vos problèmes et à ceux du monde entier.