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Le pays de la puissance militaire montante

Julia Goddard/LA TROMPETTE

Le pays de la puissance militaire montante

L’armée japonaise s’appelle peut-être la Force d’autodéfense du Japon, mais elle rivalise en taille et en puissance avec l’armée britannique—et pourrait bientôt être beaucoup plus puissante.

« Le peuple japonais renonce à jamais à la guerre. » Cette déclaration est le fondement du célèbre article 9 de la Constitution que le Japon adopta en 1947.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Empire du Japon a conquis une grande partie de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental. Ce faisant, la nation a sombré dans un état épouvantable de fanatisme et de cruauté, et a été l'auteur de certaines des pires brutalités de l'histoire de l'humanité. Les crimes de guerre étaient si extrêmes que même les soldats nazis stationnés en Asie ont exprimé leur choc.

À la suite de cette effusion de sang démoniaque, les États-Unis occupèrent le Japon, rédigeant et imposant une constitution qui renonce à la guerre dans le but d’empêcher qu’un bellicisme débridé ne s’empare à nouveau du peuple japonais. L’article 9 stipule que « pour accomplir le but, les forces terrestres, maritimes et aériennes, ainsi que tout autre potentiel de guerre, ne seront jamais maintenue » et que le « droit de belligérance de l’État ne sera pas reconnu ».

Les Américains désarmèrent le Japon, le contraignirent au pacifisme et l’obligèrent à signer le traité de coopération et de sécurité mutuelles. Ce traité codifie la dépendance du Japon à l’égard des États-Unis pour sa défense et oblige les Américains à protéger le Japon en stationnant des troupes à l’intérieur et autour du pays.

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Officiellement, le traité et la Constitution ont depuis régi le potentiel militaire du Japon. Mais au cours des 75 années qui ont suivi la mise en œuvre du traité, les Japonais se sont éloignés du pacifisme à plusieurs reprises. La première se produisit au début des années 1950, avec la création de la Réserve de la police nationale. En 1954, Tokyo en fit la Force d’autodéfense du Japon, qui évoluait au fil des décennies pour devenir un assemblage ultramoderne de forces terrestres, maritimes et aériennes. Au fur et à mesure que la Force d’autodéfense gagnait en puissance, elle acquérait également une plus grande latitude juridique pour utiliser cette puissance.

Ces mesures ont violé l’objectif de l’article 9. Mais la Constitution ne permettait toujours pas au Japon d’utiliser autre chose qu’une force strictement défensive, et son esprit continuait de limiter considérablement les dépenses militaires. Aujourd’hui, cependant, des conditions se dessinent qui pourraient pousser le Japon à devenir une puissance militaire à part entière, légalement autorisée et entièrement normalisée, qui compte parmi les plus meurtrières de la planète.

Le ‘nouvel axe du mal’

La menace qui empêche la plupart des Japonais de dormir la nuit est la Chine. Plus cette nation totalitaire s’enrichit et devient puissante, plus elle est désireuse de modifier l’ordre international de l’Asie, et même l’ordre mondial. Selon une enquête réalisée en 2021 par le Nikkei Business Daily, 86 pour cent des Japonais interrogés considèrent la Chine comme une menace sérieuse, dépassant même les 82 pour cent qui considèrent la Corée du Nord comme un danger. Les provocations de ces deux pays ont récemment augmenté, et maintenant l’autre voisin régional du Japon, la Russie, mène une guerre d’agression non provoquée et illégale en Ukraine.

De nombreux Japonais en sont venus à considérer ces trois nations comme le « nouvel axe du mal », selon Japan Forward, le secrétaire général chinois Xi Jinping en étant le « pilier ».

Alors que leurs voisins se montrent de plus en plus belliqueux, les Japonais sont également de plus en plus convaincus que la promesse de l’Amérique de les protéger n’est plus ce qu’elle était. Cette promesse semble particulièrement creuse après que le président Donald Trump a méprisé l’alliance américano-japonaise pendant son mandat et a cherché à l’utiliser comme monnaie d’échange pour arracher des concessions économiques à Tokyo.

Tous ces facteurs se combinent et augmentent le sentiment d’urgence des Japonais de devenir mieux armés. Ils voient un réel besoin d'être prêts pour une autre guerre.

Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a déclaré le 27 mai que le pays allait « augmenter substantiellement » ses dépenses en matière de défense. Il n’a pas précisé le montant. Mais d’autres membres du Parti libéral démocrate (PLD), dont M. Kishida est la tête, ont demandé que le budget actuel soit doublé pour atteindre 2 pour cent du produit intérieur brut du Japon.

Cela représenterait un saut quantique. Cela porterait les dépenses totales à environ 100 milliards de dollars, plaçant les dépenses militaires du Japon devant celles de la France, de l’Allemagne, de l’Arabie Saoudite, du Royaume-Uni et même de l’Inde et de la Russie. Le Japon disposerait de la troisième machine militaire la mieux financée au monde, derrière les États-Unis et la Chine.

La principale crainte des Japonais étant la Chine et sa volonté de dominer les mers de Chine méridionale et orientale, la stratégie militaire du Japon est axée sur la force navale. Le Japon possède actuellement une marine de classe mondiale composée de 114 navires de guerre, dont 26 destroyers, 22 sous-marins, 10 frégates, 6 escortes de destroyers, 3 navires de débarquement de chars et 2 « porte-hélicoptères ». Ces navires sont en fait capables de lancer certains modèles de l’avion de guerre américain F-35, et le Japon a acheté des dizaines de ces modèles.

S’il commence à dépenser 50 milliards de dollars supplémentaires par an, le Japon achètera probablement davantage de matériel américain, notamment des dizaines de F-35, d’avions à rotors basculants V-22 et de sous-marins supplémentaires. Il produira également plus de ses propres systèmes d’armes, notamment des péniches de débarquement amphibies, des navires de guerre, des chasseurs furtifs, des sous-marins et des porte-avions.

Construit sur la base de la diligence technique et industrielle du peuple japonais, il s’agira d’une puissance navale stupéfiante et létale.

Le vent du changement souffle, mais les Japonais ont longtemps résisté à des augmentations de dépenses aussi drastiques que celle-ci, et encore moins à la suppression officielle de l’article 9. Pour la plupart des citoyens japonais, qui sont plus préoccupés par les politiques économiques qui les aideront directement, la « révision constitutionnelle est une sorte de produit de luxe », a déclaré au New York Times Tobias Harris, spécialiste de l’Asie au Center for American Progress [Centre pour le progrès américain].

Mais le 8 juillet, un événement barbare a eu lieu qui pourrait finalement faire basculer l’opinion publique suffisamment loin pour faire la différence.

La création d’un martyr ?

« C’est un moment JFK pour le Japon, peut-être même plus grand. » C’est ainsi que le politologue Ian Bremmer a décrit l’assassinat de Shinzō Abe, qui a eu lieu le 8 juillet.

Abe détient le record pour le Premier ministre ayant exercé le plus longtemps dans l’histoire du Japon, ayant occupé le poste de 2006 à 2007, puis de 2012 jusqu’à sa démission en fin 2020, en raison de problèmes de santé. Après son départ, il est resté une figure dominante de la politique et a continué à faire des apparitions régulières pour soutenir le PLD. Il faisait justement une telle apparition lorsqu’un Japonais aux griefs obscurs a sorti une arme artisanale et l’a assassiné.

Abe avait reconnu que les garanties de sécurité de l’Amérique étaient devenues moins fiables au fil des ans, alors que les menaces du « nouvel axe du mal » se multipliaient. « Il était convaincu », a dit M. Bremmer, « que la Chine voulait la suprématie dans la région, et ultimement, dans le monde » (GZERO, 8 juillet).

Par conséquent, le principal objectif de la longue carrière politique de M. Abe était de ramener le Japon au rang de puissance militaire mature. Il a obtenu quelques résultats marquants à cette fin. En 2015, il a finalisé une loi qui réinterprétait le rôle de l’armée, l’autorisant effectivement à combattre avec les alliés à l’étranger. Quelques mois plus tard, le Japon a déployé des troupes à l’étranger et leur a donné des ordres qu’aucun de leurs compatriotes n’avait reçus depuis quelque 70 ans : Ils ont été armés et autorisés à recourir à la force.

Ce furent des victoires marquantes dans la quête d'Abe pour normaliser complètement l'armée japonaise. Mais elles n'ont pas atteint son objectif ultime d'amender officiellement la Constitution pacifiste. « C’est déchirant », a-t-il déclaré à sa retraite, « de devoir quitter mon poste avant d’avoir atteint mes objectifs ».

L’assassinat a été un choc profond pour le peuple japonais, d’une part parce qu’il s’agissait du premier assassinat d’un dirigeant japonais en exercice ou d’un ancien dirigeant depuis 1936, et d’autre part parce que M. Abe était de la taille d’un sumo dans l’arène politique. Deux jours après le meurtre, le PLD a remporté une rare super-majorité aux élections parlementaires, indiquant que le Japon était devenu plus unifié qu’il ne l’avait été depuis des années.

Si le Premier ministre assassiné est considéré comme un martyr dans la bataille menée par le PDL pour réviser la Constitution pacifiste, alors l’actuel Premier ministre Kishida pourrait être en mesure d’accomplir ce que M. Abe n’a jamais pu faire : transformer le souhait le plus cher de M. Abe d’un Japon militairement normalisé en une réalité.

Une démocratie des plus fragiles

Parce que le Japon est une démocratie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on pourrait penser que la nation vénère les valeurs libérales et ne reviendrait pas à l’agression militaire. Mais la vérité est que la démocratie n’a pas de racines indigènes au Japon et n’y est plantée que superficiellement.

Il y a eu une brève culture des « valeurs libérales » pendant l’ère Taishō du Japon, qui s’est terminée en 1926, mais c’était principalement le sous-produit d’un empereur inefficace, et elle s’est flétrie dans la dépression économique. Cette pourriture a créé un terrain fertile pour le régime de la junte militaire qui a conduit le Japon au fanatisme et à la catastrophe de la Seconde Guerre mondiale. Ce n’est que lorsque les États-Unis ont mis fin à cette guerre en larguant des bombes atomiques en 1945, avant d’occuper le pays et de lui imposer la démocratie, qu’un système libéral a réellement pris racine.

La démocratie au Japon est une importation américaine, et elle est plus qu’un peu défectueuse. Depuis 1955, le PLD a dirigé la nation pendant toutes les années, sauf une poignée d’entre elles. Cela signifie que même si le Japon organise des élections, elles n’ont pratiquement aucun sens. Il s’agit de facto d’un État à parti unique.

Et le PLD n’est pas un parti de centre-droit ordinaire dans la veine du Parti conservateur britannique ou du Parti républicain américain. « Il est lié aux survivants et aux successeurs du Japon impérial », a déclaré le stratège géopolitique Peter Zeihan dans une dépêche du 8 juillet « Leurs racines sont fermement fascistes. »

Dans l’arène politique dominée par le PLD, le véritable changement n’est pas le fait des électeurs, mais des manœuvres et des accords conclus dans les coulisses entre les dirigeants des factions informelles. Le pouvoir sur les circonscriptions électorales du Japon est souvent transmis de père en fils, et il en va de même pour la direction de ces factions informelles. Abe et Kishida en sont tous deux la preuve.

La population générale apprécie quelque peu la démocratie, même si elle est importée d’une puissance conquérante. Mais parmi l’élite qui dirige réellement le Japon, le souci des « valeurs libérales » est principalement superficiel. La démocratie au Japon est beaucoup plus fragile qu’il n’y paraît. Et les tendances de ces dernières années se rejoignent d’une manière qui pourrait rapidement la déraciner.

‘Le pays change radicalement’

« En règle générale, le Japon n’adhère pas au changement », a déclaré M. Zeihan. « Les Japonais […] ont tendance à ignorer les petits changements jusqu’à ce qu’ils se transforment en quelque chose d’écrasant, puis tout s’écroule d’un coup. Le pays change radicalement […] presque du jour au lendemain. » (ibid.)

C’est ce qui s’est passé après que des années de stagnation et d’inertie de l’ère Taishō ont explosé dans le fanatisme chauffé à blanc du Japon impérial. Des schémas quelque peu similaires se sont déroulés au 19e siècle, culminant avec la restauration Meiji, et des siècles plus tôt avec le shogunat.

Zeihan a déclaré qu’aujourd’hui, au Japon, la confluence des facteurs signifie que le pays est parfaitement prêt pour « l’un de ces […] bouleversements culturels ». Et les implications ne peuvent être surestimées « Lorsque [le Japon] change, il change tout », a-t-il déclaré. « Il le fait en gros, et de manière violente. Et il refait sa région, et cette fois-ci, le Japon est déjà la deuxième plus puissante force navale, avec la troisième plus grande économie au monde. Les implications de ce genre de changement vont donc être massives. »

Il avait raison

Zeihan est l’un des nombreux analystes réputés qui voient aujourd’hui que le Japon est à l’aube de changements sismiques. À la lumière du déclin de l’Amérique et de la montée du « nouvel axe du mal », de nombreux observateurs modernes le reconnaissent désormais. Mais en 1971, alors que le Japon était beaucoup plus pacifiste et encore fermement positionné sous le parapluie de sécurité de l’Amérique, le regretté éducateur Herbert W. Armstrong a prédit que la nation reviendrait à un militarisme total.

« Le Japon n’a aujourd’hui aucun établissement militaire », écrivait-il. « Mais nous ne devons pas perdre de vue le fait que le Japon est devenu si puissant économiquement qu’il pourrait se doter très rapidement d’une force militaire de très grande puissance » (La pure vérité, mars 1971).

Pendant des décennies, la prévision de M. Armstrong a peut-être semblé alarmiste aux étudiants de la géopolitique. Mais aujourd’hui—alors que l’Amérique s’affaiblit, que les menaces s’intensifient et que les dirigeants du PLD démantèlent de plus en plus l’architecture pacifiste du Japon—elle ne semble plus farfelue. Il est clair que la prévision de M. Armstrong était juste.

Comment M. Armstrong aurait-il pu le savoir ? C’est parce que son point de vue était fondé sur des prophéties bibliques spécifiques. L’Écriture montre qu’une guerre mondiale finale approche rapidement. L’un des principaux acteurs sera une alliance colossale de nations asiatiques. Apocalypse 16 : 12 appelle ce bloc « les rois venant de l’Orient ». Apocalypse 9 : 16 dit qu’il déploiera un nombre impressionnant de 200 millions de soldats.

Ézéchiel 38 : 1-2 montre que ce bloc sera dirigé par la Russie, tandis que le verset 6 énumère des noms anciens indiquant que les peuples qui constituent le Japon actuel—« Gomer » et « Togarma »—feront partie de l’alliance.

Aujourd’hui, les Japonais craignent le bellicisme de la Russie et de ses partenaires, et ils se remilitarisent, en grande partie à cause de ces craintes. Mais ces passages montrent que le Japon finira par rejoindre cette alliance des « rois venant de l’Orient » dirigée par la Russie.

La marche du Japon vers la militarisation est aujourd’hui essentielle à surveiller car elle crée les conditions pour que ce bloc asiatique prophétisé devienne une force militaire d’une puissance destructrice insondable. Chaque mouvement japonais vers la remilitarisation représente un pas de plus vers cette armée gargantuesque et une guerre mondiale sans précédent.

Mais il y a des raisons d’espérer.

Jésus-Christ a dit que la Troisième Guerre mondiale sera si cataclysmique que, contrairement à toutes les guerres précédentes, elle pourrait mettre fin à toute vie humaine (Matthieu 24 : 21-22). Mais Il ajoute un détail essentiel à la fin du verset 22 : « [C]es jours seront abrégés. »

La dernière guerre mondiale sera écourtée ! Avant que l’homme ne s’anéantisse totalement, le Christ interrompra le conflit. Il commencera à travailler avec les survivants, les rééduquant pour éliminer de leur pensée la belligérance, l’avarice et autres maux. « Il existera toujours ceux qui ne se sont pas soumis à la loi de Dieu », écrivons-nous dans notre brochure gratuite Russia and China in Prophecy [La Russie et la Chine selon la prophétie ; disponible en anglais seulement]. Mais le Créateur persistera, et ces personnes finiront par voir que « le système de Dieu est le seul qui produira de telles bénédictions dans la vie ! » Le Christ construira un gouvernement parfait qui inaugurera un nouvel âge de paix et de prospérité—pour les peuples du Japon, de la Russie, des États-Unis, de la Chine et de tous les autres pays. À ce moment-là, le plan transcendant de Dieu entrera dans une nouvelle phase qui ouvrira le salut éternel à chaque être humain ayant déjà vécu.


IL AVAIT RAISON

Retraçant cinq décennies de prévisions précises par Herbert W. Armstrong