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Les crimes à motivation raciale augmentent en Italie

GETTY IMAGES

Les crimes à motivation raciale augmentent en Italie

Les attaques racistes sont devenues « partie intégrante de la vie quotidienne ».

Dans les deux mois qui ont suivi la formation de son nouveau gouvernement, l’Italie a connu une augmentation dramatique des crimes à motivations raciale, a rapporté la chaine de télévision en continu France 24 , le 1er août. Ces données non officielles sont contestées par le gouvernement italien, mais si elles s’avèrent vraies, cela représente un changement significatif. Selon les données officielles du gouvernement, il n’y a eu que 28 « agressions physiques à motivation raciale » dans toute l'année 2016. Au cours des deux derniers mois, il y a eu 12 fusillades, deux homicides et plus de 30 agressions physiques qui tombent dans la catégorie des incidents à motivation raciale, selon le journal le Guardian.

Ludmila Acone, une historienne et chercheuse à l’université Panthéon-Sorbonne à Paris, a déclaré à France 24 : « [Ces agressions] ont donné l’impression que ce comportement est maintenant toléré. Auparavant, ces attaques racistes ont provoqué l'indignation, mais maintenant elles font simplement partie de la vie quotidienne ».

Lors d'un incident, plusieurs assaillants ont poursuivi un homme marocain dans sa voiture, prétendument parce qu'ils pensaient qu'il était un voleur. Lorsque sa voiture s'est écrasée, les hommes l'ont attaqué physiquement et il est mort à la suite de ses blessures. Dans un autre cas, deux hommes ont attaqué un Sénégalais de 19 ans dans le bar où il travaillait, tout en lui criant des épithètes racistes. Au moins une demi-douzaine de personnes qui ne sont pas ethniquement italiennes ont été blessées dans des fusillades commises à partir d’un véhicule en mouvement avec des pistolets à air comprimé. Un migrant du Mali a été tué par balle alors qu'il travaillait sur le toit d'un immeuble. Un ancien employé du gouvernement italien a tiré dans le dos d'un enfant romain âgé d'un an. Il a déclaré que c'était un accident survenu alors qu’il testait un pistolet à air comprimé.

Dans au moins deux de ces incidents prétendument racistes, les assaillants ont crié le nom de Matteo Salvini, dont le parti de la Ligue du Nord s’oppose à l’immigration de masse. Lorsque deux porteurs des chemins de fer à Venise ont attaqué un autre porteur originaire d’Afrique en juillet, ses assaillants lui ont dit : « Ceci est le pays de Salvini ».

Dans l’incident qui a été le plus médiatisé jusqu’à maintenant, quelqu'un a lancé d’une voiture un œuf sur Daisy Osakue, une italienne, spécialiste du lancer du disque, dont les parents sont nigérians. Son œil a été blessé lors de l'attaque. Osakue affirme : « Ils l'ont fait exprès. Ils ne voulaient pas me frapper comme Daisy ; ils voulaient me frapper comme une jeune femme de couleur ». Le motif raciste est contesté dans cette affaire. Cependant, l'ancien Premier ministre italien Matteo Renzi a tweeté : « Les attaques contre des personnes de différentes couleurs de peau constituent une urgence ». Salvini a qualifiée cette idée de « non-sens ». Selon lui, « la vague de racisme est simplement une invention de la gauche ».

Salvini n'a pas caché sa position en ce qui concerne son opposition à l'immigration de masse. Lorsqu'il est devenu ministre de l'Intérieur italien en juin, il a déclaré : « Les bons moments sont terminés pour les illégaux ». Son Mouvement 5 étoiles a remporté environ 31 pour cent des voix aux élections de mars et a formé une coalition gouvernementale avec le parti de droite Lega Nord, qui favorise également des restrictions accrues sur la migration.

Salvini a fait les manchettes à plusieurs reprises au cours des derniers mois pour avoir refusé de laisser débarquer en Italie des navires remplis de migrants secourus, obligeant les autres pays de l'UE à les accueillir. L'Italie a été le premier point d'entrée pour les migrants, mais lorsque la crise est devenue hors de contrôle, les Italiens frustrés ont voté pour un nouveau gouvernement qui s’oppose fermement à la migration. Marie-Anne Bonucci, professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Paris VIII, a déclaré à France 24 : « Les Italiens ont récemment voté dans un état de colère. Avec la crise économique, les désavantagés sont furieux. Ils ont peur de le devenir encore plus ».

Certaines voix du gouvernement italien attirent l'attention sur les attaques racistes. Maurizio Martina, dirigeant du Parti démocrate de centre-gauche, a tweeté : « Quiconque nie la spirale du racisme qui se développe dans le pays devient complice ».

L’Italie est la patrie de l’Église catholique, dont le siège se trouve au Vatican. Le pape François a été très impliqué dans la crise des réfugiés, encourageant les gouvernements européens à prendre davantage de mesures. Il a même permis à une douzaine de réfugiés syriens de rester au Vatican pour éviter d'être expulsés de Grèce. Cependant, Salvini a écrit sur Facebook : « Si vous voulez le faire au Vatican, allez-y. Mais en tant que catholique, je ne pense pas que l’Italie puisse accueillir et soutenir le monde entier ».

Brad Macdonald, rédacteur-contributeur de la Trompette, a écrit dans le numéro de novembre 2015 : « La crise des réfugiés pousse l’Allemagne (et l’Europe) vers une crise d’identité transformationnelle ». Cette crise amène les pays européens à se tourner vers le populisme, causant certaines personnes à devenir violemment anti-immigrants. Les Européens séculiers et multiculturels commencent à changer leurs perspectives.

Carla Nespolo est la présidente de l'Association nationale des Partisans italiens, une organisation créée pour lutter contre le fascisme et l'occupation nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle a dit au Guardian qu’elle était préoccupée par la montée du populisme en disant : « L’extrême droite a trouvé un parti par lequel elle peut parler. Les migrants en Italie ont pris la place des juifs pendant le fascisme. C'est l'un des gouvernements les plus d'extrême droite depuis la fin du fascisme ».

Mamadou Sall, un citoyen italien du Sénégal, qui s’est installé en Italie il y a 20 ans, a déclaré au journal le Guardian qu’il voulait partir. Il a déclaré : « Chaque fois que vous parlez à un Italien, vous réalisez qu’il y a eu beaucoup d’impact sur leur mentalité. Ils semblent être plus proches du monde du fascisme, parlant des bonnes choses que le fascisme a faites pendant la guerre. … Il n'y a aucune valeur pour les personnes ayant une couleur de peau différente. Lorsqu’une personne noire est tuée, il y a toujours une excuse. Mais lorsqu'un étranger tue un Italien, ils ne se concentrent que sur le fait que [l'attaquant] était un étranger et sur la couleur de la peau ».

Au cours de la dernière décennie, l’Italie a connu une « crise d’identité transformationnelle ». Aujourd'hui, son gouvernement ne cache pas son ambition de mettre fin à la crise des migrants. Beaucoup d'Italiens soutiennent cet objectif. Mais pour ceux qui connaissent l’histoire récente de l’Italie, une augmentation des actes racistes dans n’importe quelle nation européenne devrait être préoccupante.

À travers l'Europe, les actes racistes et les sentiments anti-immigrants sont en hausse. En France, les actes antisémites ont augmenté de 20 pour cent depuis 2016. L'Espagne a connu une augmentation significative des incidents anti-islamiques depuis les attaques terroristes de 2017 à Barcelone et à Cambrils. En 2016, il y avait en moyenne 10 attaques commises chaque jour sur des réfugiés ou des foyers de réfugiés en Allemagne—plus de 3,500 pour l’année entière. L'Autriche se tourne vers des politiques de réfugiés plus strictes. En Grèce, il y a eu 102 actes de violence raciste et de crimes de haine qui ont été signalés l’année dernière, bien que les chercheurs soupçonnent que les chiffres réels sont beaucoup plus élevés. Les partis politiques anti-immigrants et d'extrême droite obtiennent de plus en plus de soutien dans de nombreux pays européens. Dans certaines nations, comme l’Italie, ils ont acquis la majorité au sein du gouvernement.

La crise des réfugiés a déclenché un changement politique en Europe. Ces changements ne sont pas encore terminés. Au milieu de cette incertitude, le rédacteur en chef de la Trompette, Gerald Flurry, a écrit dans notre numéro de novembre 2015 : « Le plus grand besoin de l'Europe en ce moment est le leadership ». La Bible indique que l'Europe se fondra bientôt dans un super-État de 10 pays sous le contrôle d'un dirigeant allemand fort, mené par l'Église catholique. L'Italie jouera presque certainement un rôle important dans cette combinaison de 10 pays. M. Flurry a poursuivi :

Maintenant, la crise des réfugiés en Europe amène cette question à l’avant-plan, une question d’abord posée par Herbert W. Armstrong il y a plus de 80 ans : Qui sera l’homme fort de l’Europe ? L'Europe a clairement besoin d'un dirigeant avec une vision, un dirigeant capable d’affronter ces problèmes épiques.

La crise des migrants n’est qu’un de ces « problèmes épiques », mais elle mène vers des problèmes plus inquiétants dans toute l’Europe.

Pour comprendre davantage l’importance de la crise des migrants, vous pouvez lire « Comment une activiste en Allemagne s'est réveillée face aux dangers de l'immigration musulmane  ». 

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