Recevez gratuitement notre bulletin électronique.

Prise en charge

Håkon Sataøen/unsplash.com

Prise en charge

Encore une fois, l’Allemagne mène l’Europe. Où cela finira-t-il cette fois?

«Nous avons battu les Allemands deux fois, et maintenant ils reviennent.» Le Premier ministre britannique, Margaret Thatcher, aurait prononcé ces mots lors d’une assemblée de dirigeants européens le 8 décembre 1989, un mois après la chute du mur de Berlin.

Trois mois plus tard, Mme Thatcher a invité des historiens et des politiciens à un débat, dans sa résidence de campagne, pour poser la question: «À quel point les Allemands sont-ils dangereux?» Après le séminaire, le conseiller de M. Thatcher, Charles Powell, a dit que les assistants étaient unanimement d’accord sur le fait que «nous devrions être agréables aux Allemands.»

Ce n’est pas seulement depuis la réunification de l’Allemagne mais, en fait, pendant les 65 ans passés que nous avons été «agréables aux Allemands». Assez agréables pour remettre le processus de dénazification aux Allemands, dans les quelques années qui ont suivi la fin de la guerre mondiale que les nazis ont commencée. Assez agréables aux Allemands pour ranimer leur économie ruinée par le Plan Marshall et pour fournir du combustible de démarrage pour sa croissance dans un miracle d’après-guerre. Et nous avons certainement été assez agréables aux Allemands depuis la réunification pour leur donner libre carrière pour développer leur rêve d’États-Unis d’Europe.

En fait, la France est en ce moment tellement agréable aux Allemands que, pour la première fois depuis que les troupes allemandes ont été chassées de son sol suite à l’invasion nazie de la Seconde Guerre mondiale, un bataillon de troupes de combat allemand est maintenant officiellement posté sur la frontière est de cette nation. Cela est présenté comme «un geste qui a montré que les deux puissances européennes ne s’affronteraient jamais avec des armes à feu» (Xinhua, 11 décembre 2010).

Nous verrons bien!

Mais en ce moment, au milieu d’une crise qui fait rage pour la monnaie de l’Europe, l’euro, et le déclin en cours de la puissance américaine, c’est au tour des Allemands d’être agréables envers tous ceux qui ont été agréables avec eux.

Mais, vraiment, combien les Allemands sont-ils agréables en ce moment?

Peter Zeihan de Stratfor, dans une analyse intelligente, a observé: «Ce dont la plupart des gens n’ont pas pris conscience en traitant la crise européenne, c’est qu’en de nombreuses façons c’est un peu voulu… Maintenant, dans l’Europe moderne, les Allemands reviennent sur la scène.

«Ils ont une politique étrangère, ils ont des opinions et ils agissent conformément à cela. Et donc leur but est, en fait, de restructurer les règles, les lois, les institutions qui créent la zone euro et faire en sorte que la monnaie commune serve à leur propre fin. Et cette fin ne veut pas nécessairement dire éviter les subventions, elle ne signifie même pas nécessairement l’austérité économique. Il s’agit de s’assurer que Berlin soit grand, et contrôle le continent» (10 décembre 2010).

L’UE, dans sa forme présente, a visiblement fait son temps, pour autant que l’Allemagne soit concernée. L’Allemagne réaffirme sa propre souveraineté nationale indépendamment de la collectivité qu’est l’Union européenne.

D’une façon tout-à-fait allemande, les élites allemandes utilisent la crise des dettes souveraines de l’Europe pour amener les nations membres de l’UE à leurs pieds, dans ce qui s’avérera bientôt une restructuration cruciale de l’UE en 10 régions spécifiques sous le contrôle de Berlin. (Pour savoir sur quoi cette déclaration est fondée, faites la demande d’un exemplaire gratuit de notre brochure L’Allemagne et le Saint Empire romain.)

Ce thème a apparu dans un blog récent du Financial Times. Sous le titre «Mettre en place une plus grande Allemagne», il y avait une carte de l’Europe—avec les pays vus comme des possessions allemandes coloriés en bleu. «Toute la zone euro était en bleu», a écrit l’EUobserver. «Si vous passiez sur la carte avec votre souris, un sous-titre apparaissait: ‘La région autrefois connue comme la zone euro’» (9 décembre 2010). Cet article disait, songeur: «Peut-être que l’auteur était en train de… suggérer que par les restrictions économiques de l’UE inspirées par la Bundesbank, l’Allemagne, finalement, dans sa troisième tentative, avait réussi à gouverner la majorité de l’Europe». Pensée intéressante.

Une chose est certaine: les Allemands saisissent l’occasion. Les paroles de M. Thatcher résonnent fort aujourd’hui: Maintenant ils reviennent. 

LA TROMPETTE EN BREF

Demeurez informé et abonnez-vous à notre bulletin.