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Qu’est-ce que l’Ophel ?

Reese Zoellner/AIBA

Qu’est-ce que l’Ophel ?

C’est le nom couramment cité pour désigner la zone située entre la Cité de David et le mont du Temple. Mais que signifie réellement ce mot énigmatique ?

Qu’est-ce qu’un ophel au juste ? Il s’agit d’un terme que nous, en tant que fouilleurs de l’Ophel de Jérusalem, pouvons facilement prendre à la légère. En gros, dans la langue vernaculaire moderne, le terme est généralement utilisé pour désigner la zone située entre la Cité de David (au sud) et le mont du Temple (au nord). Ces deux termes—la Cité de David et le mont du Temple—sont, bien sûr, simples et explicites. La Cité de David fait référence à la ville de David, la citadelle originale qu’il a conquise sur les Jébusiens (2 Samuel 5 : 7). Le nom « mont du Temple » désigne tout simplement une montagne sur laquelle le temple a été construit.

Mais le mot ophel, que l’on retrouve à plusieurs reprises à travers la Bible, n’est pas un terme si facile à comprendre—certainement pas en français et, dans une certaine mesure, pas non plus dans la langue vernaculaire hébraïque moderne.

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Que signifie le mot ? Et à quoi cette géographie biblique mentionnée fait-elle référence spécifiquement ? Le mot biblique ophel est principalement utilisé pour décrire un lieu situé à l’intérieur de Jérusalem. Mais il existe d’autres « ophels » régionaux mentionnés dans la Bible et attestés par l’archéologie. En analysant les indices trouvés dans le récit biblique, ainsi que les références de l’histoire classique et maintenant de l’archéologie, nous pouvons parvenir à une explication satisfaisante du terme, aussi bien que l’identification de la partie de Jérusalem décrite comme telle—l’Ophel.

Les utilisations du terme

Le terme ophel, en hébreu, est composé de trois (parfois quatre) lettres (לפע, ou לפוע). Dans de nombreuses traductions bibliques, le nom propre peut être trouvé translittéré cinq fois, désignant toujours la même localisation géographique spécifique à l’intérieur de Jérusalem. Comme ci-dessous :

2 Chroniques 27 : 3 (version Darby) : « Ce fut lui [Jotham] qui bâtit la porte supérieure de la maison de l’Éternel ; et il fit beaucoup de constructions sur la muraille d’Ophel. »

2 Chroniques 33 : 14 (version Darby) : « ... il [Manassé] entoura Ophel d’un mur, et l’éleva très haut... ».

Néhémie 3 : 26 (version Darby) : « Or les Nethiniens demeuraient en Ophel, jusque vis-à-vis de la porte des eaux au levant, et de la tour saillant... ».

Néhémie 3 : 27 (version Darby) : « ... les Thekohites réparèrent une seconde portion, vis-à-vis de la grande tour saillante, et jusqu’au mur d’Ophel. »

Néhémie 11 : 21 (version Darby) : « Et les Nethiniens habitèrent Ophel... ».

Ce sont là les références les plus évidentes à cette parcelle de terre. Il existe encore beaucoup d’autres références enterrées à l’Ophel, utilisant exactement le même mot hébreu, mais que certaines traductions choisissent de rendre différemment. Par exemple, Ésaïe 32 : 14 dit : « Le palais est abandonné, la ville bruyante est délaissée ; la colline [Ophel] et la tour serviront à jamais de cavernes... ». Dans Michée 4 : 8, le prophète écrit : « Et toi, tour du troupeau, colline [ophel] de la fille de Sion... ».

Ces traductions alternatives du terme font clairement référence à l’Ophel comme à une sorte de monticule ou de colline proéminente. Mais le sens de ce mot ne se limite pas uniquement à la géographie.

Hémorroïdes et vanité

Le terme hébreu pour l’Ophel décrit également une condition médicale.

1 Samuel 5-6 raconte l’histoire de la capture de l’arche de l’alliance par les Philistins à l’époque des juges et les malédictions qui les ont frappés, notamment des fléaux de souris et « d'hémorroïdes »—autrement traduits par tumeurs ou bubons. (En fait, ce récit biblique est presque identique à l’image de la peste bubonique au Moyen Âge—souris et bubons). Le mot hébreu désignant cette maladie s’écrit exactement de la même manière que notre Ophel géographique (לפע), et quelle que soit la manière dont vous préférez le traduire en français, il fait clairement référence à la même chose—un gonflement surélevé, ou un monticule enflé.

Deutéronome 28 : 27 fait également référence à une telle maladie en relation avec l’Égypte, en utilisant la même terminologie. Lorsqu’on l’applique à des maladies physiques, le sens du mot « ophel » devient facile (bien que désagréable) à conceptualiser. En interpolant cela à une échelle beaucoup plus grande, un ophel se réfère logiquement à une forme de grand monticule ou de colline surélevée à l’intérieur d’une ville—une zone supérieure, fortifiée ou une acropole.

Un autre cas de terminologie illustrative légèrement différent, mais toujours liée au concept, se trouve dans Habacuc 2 : 4 (cette fois avec l’équivalente forme de verbe du mot, ophla) : « Voici, son âme s’est enflée [ophla], elle n’est pas droite en lui... ».

Encore une fois, il s’agit d’une imagerie appropriée pour un équivalent géographique—une partie élevée, surélevée, proéminente de Jérusalem.

Mais pas seulement à Jérusalem.

D’autres Ophels ?

Alors que la majorité des références bibliques à un ophel se rapportent directement à Jérusalem, ce terme est également utilisé pour des sites situés en dehors de la capitale. Le récit de 2 Rois 5, par exemple, décrit la visite d’un capitaine syrien lépreux, Naaman, à Élisée et à son serviteur Guéhazi à Samarie (verset 3). Le verset 24 contient le détail suivant : Naaman était « [a]rrivé à la colline [ophel] …. »

Ceci est bien intéressant. Nous avons un ophel de Jérusalem et un ophel de Samarie. Mais il y a plus—cette fois, d’un point de vue archéologique.

La stèle de Mesha, aujourd’hui exposée au musée du Louvre à Paris, est l’un des artefacts les plus importants dans le monde de l’archéologie biblique. Découvert dans l’ancienne capitale moabite de Dibon (aujourd’hui Dhiban, en Jordanie) au milieu du 19e siècle, ce grand monument de basalte est une inscription de victoire appartenant au roi moabite Mesha, celui-là même qui est décrit dans 2 Rois 3. L’inscription de 34 lignes, datant du 9e siècle avant notre ère, contient de nombreux parallèles avec le récit biblique, y compris des références aux rois bibliques Mesha de Moab et Omri d’Israël, à la tribu de Gad, à diverses villes et événements parallèles au récit biblique, et même une référence au roi David (ce que l’on soupçonnait depuis plusieurs décennies et qui a finalement été prouvé cette année grâce à l’imagerie avancée ; voir notre article sur ArmstrongInstitute.org/310 pour plus d’informations ; disponible uniquement en anglais).

Mais il y a une autre référence importante, cependant souvent négligée, dans le texte. Mesha déclare, en partie : « J’ai construit Karchoh [?], le mur des bois et le mur de la citadelle [ophel]... ».

Eilat Mazar, archéologue aujourd’hui décédée, a été l’une des principales responsables des fouilles de l’Ophel de Jérusalem. Dans Discovering the Solomonic Wall in Jerusalem [Découvrir le mur salomonique dans Jérusalem], elle explique à la fois la signification et l’importance du terme. Il est important de noter que la Dre Mazar précisait que le terme se réfère spécifiquement au territoire situé à l’intérieur des capitales de leurs États-nations respectifs.

« Lorsque nous avons recherché d’autres villes utilisant le terme ophel, nous avons découvert que ce terme n’était utilisé que pour deux autres capitales... la première est Samarie, capitale du royaume d’Israël (2 Rois 5 : 24), tandis que la seconde provient de la stèle de Mesha […] Parmi ses autres entreprises de construction, Mesha a décrit la construction du « mur de l’Ophel » à Dibon, sa capitale, ce qui nous donne la plus ancienne mention de l’Ophel en dehors de la Bible », écrit-elle.

« Comme nous le voyons, il y avait des Ophels dans au moins trois capitales à peu près à la même époque : Jérusalem, Samarie et Dibon », poursuit-elle. « Il semble que le terme ophel soit spécifique aux capitales et à leurs acropoles, dans lesquelles se trouvaient le palais du roi et d’autres bâtiments royaux, ainsi que les habitations des élites (l’emphase est ajoutée tout au long de l’article).

Ophel = Acropole

La Dre Mazar a souvent fait référence à l’« Ophel » en termes d’acropole royaleune partie éminente et royale d’une ville élevée à une plus grande hauteur que ses environs. (Rappelons la déclaration de 2 Chroniques 33 : 14, qui indique que le roi Manassé « entoura Ophel d’un mur, et l’éleva très haut »).

Naturellement, le mot « acropole » fait penser à la grande acropole d’Athènes—un gigantesque « monticule » géographique surélevé (dans ce cas, il s’agit plutôt d’une montagne) contenant les enceintes royales et religieuses de la ville plus large située en contrebas qu’il surplombait.

Plusieurs chercheurs ont en effet comparé la configuration de l’acropole d’Athènes à celle de Jérusalem. Mais pourrait-il y avoir un lien plus important pour l’utilisation de cette terminologie—« acropole » ? Le terme grec est une conjonction des mots akros (signifiant « le plus haut ») et polis (signifiant « la ville »). Ce dernier élément, sans son suffixe grec, ressemble étrangement à son homologue hébreu. En outre, si « polis » est devenu plus tard un terme plus générique pour « ville », ce n’était pas le cas à l’origine. Comme l’explique le Routledge’s Encyclopedia of the City (Encyclopédie de la ville de Routledge) : « Dans la Grèce antique, il désignait le centre administratif et religieux de la ville (polis—acropole), distinct du reste de la ville... ».

Serait-ce donc plus qu’une coïncidence, étant donné les nombreux liens linguistiques et dérivations partagés dans le monde grec à partir de la langue hébraïque (voir ArmstrongInstitute.org/396 pour plus de détails ; disponible uniquement en anglais), que ces deux mots ayant des racines similaires avaient été utilisés dans le monde antique pour exprimer l’élévation royale, administrative et religieuse comme centre d’une ville ?

En résumé, l’utilisation biblique du terme ophel décrit une zone d’acropole royale surélevée géographiquement—et ce n’est pas valable pour n’importe quelle ville de la nation, mais en particulier la ville capitale d’un État donné—une parcelle qui contenait le quartier administratif, royal et, dans certains cas, religieux de la ville.

Armés de cette connaissance, pouvons-nous l’appliquer avec précision à la topographie de Jérusalem pour trouver l’emplacement exact de ce lieu biblique ?

Localisation de l’Ophel de Jérusalem

Logiquement, l’ancien Ophel de Jérusalem devrait se trouver dans ou autour d’une partie haute de l’ancienne ville originale. Dans le cas de la géographie de Jérusalem, ce serait mieux de considérer l’extrémité nord de la colline orientale, juste au nord de la crête inférieure de la Cité de David. C’est dans cette région que le roi Salomon a étendu la ville vers le nord en suivant l’instruction de son père, le roi David. C’est dans cette partie septentrionale et surélevée de la ville que Salomon est décrit comme ayant construit trois édifices majeurs : le temple, son propre palais administratif et l’énigmatique « maison de la forêt du Liban. » (Il est intéressant de noter que sur la stèle de Mesha, dans la même phrase que la description par Mesha de sa construction du Dibon Ophel, il décrit également la construction d’un « mur des bois » רעי—le même mot que celui de la « maison de la forêt » de Salomon. C’est donc plus qu’une coïncidence si l’on trouve de telles structures en association avec un ophel, ou acropole royale, et qu’elles avaient probablement une fonction parallèle).

Le complexe du mont du Temple, bien sûr, est facilement reconnaissable en tant qu’élément surélevé contrastant avec la Cité de David, plus basse. Il en va de même pour la zone située immédiatement au sud, le long du mur méridional du mont du Temple. Aujourd’hui, cette zone ne semble pas très visible, surtout par rapport au mont du Temple, car cette partie de la ville est aujourd’hui vide et en ruines. Mais même aujourd’hui, les visiteurs de la région peuvent se rendre compte de l’élévation naturelle et abrupte du socle rocheux en se promenant le long de la partie orientale du mur méridional du mont du Temple.

C’est au cours de fouilles dans cette zone orientale que Dre Eilat Mazar a découvert les vestiges de ce qu’elle appelle le « quartier royal » de l’ancienne Jérusalem, notamment une grande porte, des fortifications surélevées, des inscriptions (y compris les sceaux du roi Ézéchias et d’Ésaïe) et une boulangerie royale. Elle a identifié cette zone comme étant l’emplacement général du complexe palatial de Salomon et des rois suivants, dans cette partie supérieure nord-est et surélevée de la ville, surplombant la vallée du Cédron et la Cité de David en contrebas.

À cette fin, l’historien du premier siècle Josèphe a fait deux références à l’emplacement de l’Ophel, ou de l’« Ophla »/« Ophlas » (comme il l’a rendu en langue grecque). Décrivant la région dans le contexte de la Grande Révolte, il écrit : « Jean tenait le temple et les parties adjacentes sur une grande distance, ainsi que l’Ophla et la vallée appelée vallée du Cédron » (Les guerres des Juifs, 5.6.1).

Il décrit ensuite les murs de défense auxquels les Romains se sont heurtés, en particulier le mur intérieur d’origine : « De ces trois murailles, l’ancienne était difficile à prendre, à cause des vallées et de la colline sur laquelle elle était bâtie. […] [E]lle était aussi très solide, car David et Salomon, et les rois suivants, étaient très zélés pour ce travail. Cette muraille commençait au nord… ». Josèphe continue à décrire l’enroulement directionnel de la muraille, avant d’écrire : « [A]près cela, il se dirigeait vers le sud, s’infléchissant au-dessus de la fontaine de Siloé, où il s’infléchit de nouveau vers l’est à la piscine de Salomon, et atteint un certain endroit qu’ils appelaient Ophlas, où il était joint au cloître oriental du temple » (ibid., 5.4.2).

Cela décrit parfaitement l’Ophel de Jérusalem, toujours à cet endroit précis—la partie nord-est de Jérusalem, surplombant la vallée du Cédron, contre le côté est de l’enceinte du temple.

En fait, il est tout à fait possible que le terme biblique original ait été utilisé pour inclure tout ou une partie de la zone du temple. Dans la Bible hébraïque, la terminologie du mont du Temple (תיבה רה) est presque inexistante, et un peu plus générale (on la trouve dans Michée 3 : 12, Jérémie 26 : 18 et Ézéchiel 43 : 12). En tant que tel, et étant donné que les anciennes acropoles royales comprenaient l’enceinte religieuse, il est tout à fait possible que l’utilisation biblique du terme ophel désignait également la zone du temple. Cela serait logique si l’on se réfère à 2 Chroniques 33 : 14, où Manassé construit un mur de fortification autour de l’Ophel—il est certain qu’un tel mur n’aurait pas séparé et isolé la structure du temple à l’extérieur du mur, au nord.

Mais nous pouvons également obtenir d’autres informations sur la localisation à partir d’autres références bibliques. À plusieurs reprises, l’Ophel est mentionné à proximité du complexe du temple (par exemple, 2 Chroniques 27 : 3). Néhémie 3 est un passage clé pour l’identification des points de repère autour de Jérusalem. Il décrit, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre et en partant du nord, la reconstruction de la muraille de Jérusalem. Les versets 26-27 décrivent la partie nord-est de la muraille. C’est à cet endroit que nous trouvons trois mentions distinctes de l’Ophel (versets 26 et 27, ainsi que Néhémie 11 : 21, dans la version Darby française). Non seulement cela, mais nous lisons que cette zone générale est l’emplacement de la « haute maison du roi » (Néhémie 3 : 25 ; version King James), un emplacement pour les sacrificateurs (verset 28), et plus particulièrement un lieu d’habitation pour les Néthiniens, qui jouaient un rôle clé dans le service aux rois de Juda et dans le service du culte, avec un accent particulier sur l’autel (versets 26-27 et 11 : 21 ; voir aussi : Josué 9 : 27 ; 1 Chroniques 9 : 2 ; Esdras 2 : 58 ; 8 : 20 ; Néhémie 7 : 60 ; 11 : 3).

Outre la nature de « quartier royal » de l’Ophel fouillé par Dre Eilat Mazar, plusieurs autres caractéristiques architecturales de cette zone nord-est ont été mises au jour par elle, notamment ce qu’elle a identifié comme la « porte des eaux » dans Néhémie 3 : 26, la « tour en saillie » (même verset), la « miktsoa » (un mot hébreu particulier dans le verset 25), et la « tour miktsoa » (l’angle de la tour) d’Ozias le long du même tronçon de mur (2 Chroniques 26 : 9).

En résumé, si l’ophel est un terme globalement plus énigmatique que certaines autres appellations de Jérusalem, bibliques ou non, on peut néanmoins en avoir une bonne compréhension : une acropole élevée, royale, administrative ou religieuse, d’une capitale en particulier. Une désignation qui, lorsqu’il s’agit de Jérusalem, se réfère à la partie supérieure nord-est de la ville antique, proche du temple et comprenant un quartier royal palatial ou administratif.

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