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Reporters sans frontières : 2022, la pire année pour l’incarcération des journalistes

Reporters sans frontières : 2022, la pire année pour l’incarcération des journalistes

Reporters sans frontières (RSF) a publié ce matin son « bilan » annuel sur l’état de la sécurité des journalistes dans le monde. Le rapport montre que la situation des journalistes dans le monde est plus sombre que jamais. Voici quelques chiffres :

  • RSF recense 533 journalistes incarcérés en lien avec leur travail, un chiffre record, en hausse de 13,4 pour cent par rapport à 2021.

  • 78 de ces 533 journalistes sont des femmes. Il s’agit également d’un record.

  • 57 journalistes, jusqu’à présent, en 2022, ont été tués en raison de leur travail, soit une augmentation de 18,8 pour cent par rapport à 2021.

  • Plus de 60 pour cent des journalistes tués jusqu’à présent en 2022 sont morts dans des pays considérés comme étant en paix.

  • La région la plus touchée par les meurtres de journalistes est les Amériques : 11 sont morts au Mexique, 6 en Haïti, et 3 au Brésil. La Colombie, le Guatemala, le Honduras, l’Équateur, le Chili, le Paraguay et les États-Unis ont enregistré chacun un décès. Près de la moitié des journalistes tués pour leur travail sont originaires des Amériques.

  • RSF recense 65 journalistes et professionnels des médias retenus en otage. Ils sont détenus dans seulement quatre pays : la Syrie, l’Irak, le Yémen et le Mali. La Syrie en détient à elle seule 42.

  • Les cinq pays qui emprisonnent le plus grand nombre de journalistes au monde sont la Chine (110), le Myanmar (62), l’Iran (47), le Vietnam (39) et la Biélorussie (31).

Voici certaines des études de cas que RSF énumère :

  • Mohamed Mouloudj est un journaliste arrêté pour terrorisme. Il a envoyé un texto au « Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie » (MAK), un groupe séparatiste algérien, pour demander une interview. Le gouvernement algérien a désigné le MAK comme groupe terroriste et a utilisé le texto de Mouloudj comme « preuve » de son appartenance.

  • Ivan Safronov, un homme « considéré comme l’un des meilleurs journalistes d’enquête de Russie », a été condamné à 22 ans d’emprisonnement « pour avoir révélé des ‘secrets d’État’ facilement accessibles en ligne ».

  • Nilufar Hamedi et Elahe Mohammadi étaient les premières journalistes à attirer l’attention sur la mort de Masha Amini, dont le meurtre a catalysé les manifestations actuelles en Iran. Elles ont été arrêtées en septembre et risquent maintenant la peine de mort.

  • Maks Levin était un photojournaliste ukrainien qui a été, selon une enquête RSF, délibérément exécuté par des soldats russes en mars.

Ces faits montrent que non seulement le journalisme est attaqué, mais le fait de rapporter la vérité en général est également attaqué. Les chiffres d’incarcération montrent qu’il n’a jamais été aussi dangereux, depuis la création de RSF en 1985, de rechercher et de publier la vérité. Pour ceux qui veulent avoir accès à des informations précises, honnêtes et significatives, il leur incombe d’obtenir la vérité avant que les circonstances n’empirent encore. Un article paru dans notre édition imprimée d’octobre, « Recevez ce message tant que vous le pouvez  », montre que la tendance à l’attaque du journalisme est encore plus grave que la plupart des gens ne le pensent.