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Une étude sur les QUATRE portes monumentales du roi Salomon

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Une étude sur les QUATRE portes monumentales du roi Salomon

Le roi Salomon était-il un roi important qui régnait sur un vaste et riche empire ? La Bible dit qu’il l’était. Que dit l’archéologie ?

Sur le plan archéologique, le roi Salomon est une énigme. Aucune inscription ancienne portant son nom n’a jamais été découverte. Malgré cela, dans l’érudition moderne, personne ne remet vraiment en question l’existence de Salomon. Après tout, nous avons des preuves concrètes de l’existence de son père encore plus légendaire, le roi David, grâce à la découverte de deux (possiblement trois) inscriptions distinctes qui le désignent par son nom.

Aujourd’hui, le débat sur le roi Salomon porte sur l’importance et la puissance de son royaume. La Bible hébraïque décrit un royaume puissant, étendu et uni, qui s’étendait de Beersheba à Dan, et possédait une sphère d’influence plus large commençant au Nil à l’ouest, englobant Édom au sud et s’étendant jusqu’à la Syrie à l’extrême nord.

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Les minimalistes bibliques estiment que ce récit est exagérément dramatisé. Ils pensent que l’Israël du 10e siècle avant J.-C. était un ensemble pauvre et fragmentaire de tribus généralement impuissantes et que David et Salomon n’étaient rien de plus que des « chefs de collines » insignifiants, « dépenaillés » et sans intérêt géopolitique. Selon les professeurs Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, spécialistes du minimalisme, Israël à cette époque n’était « au mieux, qu’un village typique des hauts plateaux […] pas d’empire, pas de villes palatiales, pas de capitale spectaculaire » (The Bible Unearthed [La Bible mise au jour]).

Malgré les critiques ci-dessus, même si nous n’avons pas d’inscriptions portant son nom (ce qui n’est pas inhabituel), l’archéologie n’est décidément pas muette sur le roi Salomon et son empire. Il existe des preuves irréfutables de l’authenticité du récit biblique de Salomon et du royaume unifié. Ces preuves se présentent sous la forme de quatre porteries monumentales du 10e siècle avant J.-C.

Dans cet article, nous examinerons ces porteries anciennes—l’une d’entre elles est souvent négligée dans ce débat, alors qu’elle représente la pièce la plus importante du casse-tête—et ce qu’elles nous apprennent sur l’empire du roi Salomon.

Hatsor, Megiddo et Guézer salomoniques

Le professeur Yigael Yadin, l’un des grands « fondateurs » d’Israël, a joué un rôle clé dans la guerre d’indépendance de 1948 en tant que chef des opérations d’Israël. Plus tard dans sa carrière, il est devenu vice-premier ministre ainsi que chef d’état-major des forces de défense israéliennes. Pourtant, malgré ses impressionnants accomplissements militaires et politiques, il est peut-être plus connu pour sa contribution à l’archéologie. Et parmi ses nombreuses découvertes archéologiques, aucune n’a été plus spectaculaire et importante, comme l’a dit Yadin lui-même, que celles concernant le roi Salomon.

De 1957 à 1970, le professeur Yadin a fouillé des tels [petites collines] sur trois des sites les plus importants et les plus célèbres de l’Israël biblique : Hatsor, Megiddo et Guézer. Yadin s’est émerveillé des parallèles entre la construction et l’aménagement de ces trois sites—parallèles qui se retrouvent plus particulièrement dans la strate associée au 10e siècle avant J.-C. (la période, chronologiquement, au cours de laquelle le roi Salomon était sur la scène).

Les observations de Yadin ont été résumées par Kaitlyn Satelmayer dans son article de recherche intitulé « The Gates of Hazor, Gezer and Megiddo : Their Origin and Distribution » [Les portes de Hatsor, Guézer et Megiddo : leur origine et répartition] : « Le premier archéologue à fouiller suffisamment ces trois sites et à noter spécifiquement les parallèles entre chaque ville fut Yigael Yadin. […] Lorsque Yadin a fait des fouilles sur chaque site, il a remarqué que plusieurs caractéristiques semblaient être extrêmement familières. La conception, la dimension, la construction et les caractéristiques artistiques sont restées cohérentes. Il y avait un système de murs à casemates sur chaque site, une caractéristique architecturale spécifique répandue au cours du 10e siècle en Israël. Yadin a remarqué que chaque site avait une porte de ville qui contenait six chambres, trois chambres de chaque côté » (c’est nous qui soulignons).

Archéologiquement, c’est remarquable. C’est aussi incroyablement instructif. Trois villes, trois sites distincts, distants de quelque 150 kilomètres—et toutes trois ont presque exactement la même conception, la même dimension, la même construction et les mêmes caractéristiques artistiques, toutes datées de la même époque !

En ce qui concerne les porteries de ces trois villes : ce style de porte à six chambres sera connu sous le nom de « portes salomoniques » ou « portes israélites » (et un peu plus sèchement dans les milieux scientifiques, « portes à six chambres »). À Hatsor, Megiddo et Guézer, Yadin n’a pas seulement découvert des portes qui se ressemblaient ; dans la plupart des cas, les dimensions étaient pratiquement identiques ! (voir l’infographie).

Certes, il existe un certain degré de variation parmi ces mesures, principalement lié à Guézer. Mais cela n’a rien d’inhabituel, étant donné que chaque porterie devait être conçue sur mesure pour s’adapter aux contraintes géographiques du site (en particulier à Guézer, où la porte est située sur une pente).

Mais ce qui est remarquable, c’est la cohérence globale entre les portes, dans certains cas au centimètre près. Prenez Megiddo et Hatsor : les dimensions sont pratiquement identiques, au centimètre près. Et dans les trois villes, la largeur de la partie intérieure est exactement de 4,2 mètres, et la largeur des murs est exactement de 1,6 mètre (voir l’encadré, « Coudées salomoniques »).

« Les dimensions des portes étaient d’une cohérence impressionnante », écrit Satelmayer. « Yadin a conclu que les portes de Hatsor, Guézer et Megiddo ont été conçues de manière à faire partie d’un projet de construction massif et unifié dans l’ancien Israël. L’examen de la stratigraphie spécifique de chaque site révèle qu’en un court laps de temps, ces trois villes, qui étaient des fortifications relativement petites, sont devenues d’énormes villes fortifiées. Toutes ont une construction spécifique relative à des systèmes de murs particuliers, et des portes de ville à six chambres bien construites, toutes suivant un modèle de construction similaire. »

Ces données nous en disent long sur l’identité des bâtisseurs de ces villes. D’abord, elles montrent que le même gouvernement a construit les trois villes. Ces portes ont été construites selon le même plan ! Deuxièmement, les vestiges archéologiques de ces villes, y compris les grandes porteries à six chambres, montrent qu’elles étaient de nature monumentale. Ces villes n’appartenaient pas à un chef de tribu « disparate », mais à une puissance importante. Troisièmement, la présence d’un plan unique décrivant la construction de grandes villes fortifiées révèle l’existence d’un gouvernement centralisé dans cette région au 10e siècle.

La situation de ces villes les unes par rapport aux autres est également remarquable, en ce qui concerne ce dernier point. Elles sont séparées par des distances relativement importantes, couvrant la majeure partie du territoire géographique de l’ancien Israël (voir la carte). Cela signifie que celui qui a construit ces trois villes avait le contrôle administratif d’une vaste zone.

D’après les archives archéologiques, il est évident qu’Hatsor, Megiddo et Guézer ont dû être construits par le même souverain puissant, un individu ayant un pouvoir et une influence régionaux considérables. Qui cela peut-il être ?

La Bible répond

Dans 1 Rois 9, après le récit de Salomon construisant le temple et son propre palais, nous lisons le récit de certains de ses autres projets. « Voici ce qui concerne les hommes de corvée que leva le roi Salomon pour bâtir la maison de l’Éternel et sa propre maison, Millo [un emplacement à l’intérieur de Jérusalem qui fait encore l’objet d’un débat—probablement la structure en pierre à gradins], et la muraille de Jérusalem, et Hatsor, et Megiddo, et Guézer » (verset 15).

Encore une fois, qu’est-ce que Yadin a découvert sur ces trois sites ? Il a trouvé des preuves que Hatsor, Megiddo et Guézer sont apparus soudainement, et exactement de la même manière, au cours du 10e siècle avant J.-C. !

Sur les trois sites, Yadin a également trouvé des chapiteaux « proto-éoliques » de la période du Premier Temple et du début du style phénicien (chapiteaux royaux ornés de grands piliers). Il en a conclu que le style de construction des portes—la maçonnerie en pierre de taille—reflétait un style phénicien trouvé sur des sites plus au nord d’Israël. Il existe également un lien biblique ; la Bible rapporte qu’Hiram, le roi phénicien de Tyr, a aidé le roi Salomon dans ses projets de construction (verset 11).

Et ce n’est pas tout. Le récit biblique met en évidence les méthodes de construction spécifiques utilisées par Salomon et Hiram. 1 Rois 6 : 36 dit : « Il bâtit le parvis intérieur de trois rangées de pierres de taille et d’une rangée de poutres de cèdre. » 1 Rois 7 : 12 dit : « La grande cour avait dans tout son circuit trois rangées de pierres de taille et une rangée de poutres de cèdre, comme le parvis intérieur de la maison de l’Éternel… ».

Des preuves de cette méthode de construction—trois rangées de pierres de taille, surmontées d’une rangée horizontale de poutres en cèdre (et ensuite surmontées d’une autre série de pierres de taille)—ont également été trouvées. Prenons l’exemple de Megiddo, qui a fait l’objet d’importantes fouilles et d’écrits du professeur David Ussishkin. En 1980, il écrivait : « À Megiddo, une fente horizontale longeant les murs de fondation de la porte indique presque certainement que des poutres en bois y étaient incorporées. Une fente horizontale d’un type similaire a été trouvée à Lakis […] C’est là qu’étaient placées les poutres de bois dont les restes pourraient encore être récupérés lorsqu’ils seront découverts » (« Was the ‘Solomonic’ City Gate at Megiddo Built by King Solomon ? » [La porte de la ville « salomonique » de Megiddo a-t-elle été construite par le roi Salomon ?]).

Résumant les conclusions de R. S. Lamon dans Megiddo II, Ussishkin écrivait : « Les structures monumentales de la strate IV [à Megiddo], y compris la porte ‘salomonique,’ ont été en partie construites en maçonnerie de pierre de taille de style ‘phénicien’, parallèlement aux descriptions bibliques des entreprises de construction salomoniennes, en particulier les descriptions de la maçonnerie de pierre de taille (par exemple 1 Rois 7 : 12 : ‘trois rangées de pierres de taille et une rangée de poutres de cèdre’). »

Remarquable, n’est-ce pas ? Les preuves archéologiques révèlent une méthode de construction identique à celle rapportée dans la Bible et associée à l’administration du roi Salomon.

Quelle est l’explication la plus rationnelle à cela ? Est-ce une coïncidence que l’archéologie relative à ces trois villes corresponde presque exactement aux données bibliques ?

Pour certains au moins, la réponse est : oui—tout cela est une coïncidence.

Le point de vue du minimaliste

Au milieu des années 1980, une nouvelle école de pensée appelée minimalisme biblique a pris racine dans le domaine de l’archéologie. L’un des principaux défenseurs de ce point de vue est le professeur Israël Finkelstein, qui est également l’un des principaux responsables en charge des fouilles sur le site de Megiddo. (La position minimaliste marginalise largement les archives bibliques. Elle considère la Bible hébraïque comme une œuvre essentiellement fictive, embellie, écrite par des auteurs des centaines d’années après les événements qu’elle relate).

Finkelstein, en grande partie, a mené la charge en tentant de changer la datation des structures monumentales telles que les porteries et toutes les grandes structures du 10e siècle (scientifiquement désignées comme la période « Fer IIA ») précédemment identifiées et découvertes dans tout Israël au neuvième siècle avant J.-C. Dans le cas de Hatsor, Megiddo et Guézer, la construction a été attribuée non pas au roi Salomon, mais à la dynastie ultérieure des Omrides qui régnait depuis Samarie sur le royaume septentrional d’Israël au 9e siècle.

Sur le plan archéologique, les minimalistes ont identifié la fin du Xe siècle avant notre ère comme le début de l’âge du fer IIA. Cela reléguait la période de David et Salomon—du début au milieu du 10e siècle avant J.-C.—à la période relativement indigente de l’âge du fer I (une période houleuse qui correspond aux événements relatés dans le livre des Juges). Cette nouvelle datation a essentiellement supprimé l’existence de la grande monarchie unie biblique !

« L’objectif principal de Finkelstein en créant ce nouvel argument était d’examiner les preuves archéologiques et la culture matérielle du règne des rois David et Salomon et de suggérer que ce que nous pensons de cette période est exceptionnellement exagéré par rapport à sa réalité », a écrit Satelmayer. « En 1996, Finkelstein a développé son argument principal dans ce concept nouvellement redéveloppé, indiquant qu’aucune des caractéristiques architecturales relatives aux systèmes de portes trouvées sur les sites de Hatsor, Guézer et Megiddo ne date de la période de Salomon. Au contraire, ils datent tous de bien plus tard… »

Le point de vue de Finkelstein d’une basse chronologie repose sur deux arguments principaux. « La première de ces idées est le concept de l’absence de poterie philistine dans la strate VI [à Megiddo], et la seconde a à voir avec la datation de la céramique à [la proche] Tell Jizreel. »

Pour Finkelstein, la poterie de la période I de Jizreel, datée du 9e siècle avant J.-C., semblait similaire à la poterie de la strate VA-IVB de Megiddo (la strate associée à la porterie salomonique). Cela a suffi à Finkelstein pour affirmer que les porteries de Megiddo appartenaient au neuvième siècle. Il a également noté l’absence de poterie bichrome philistine dans la strate VI précédente à Megiddo—cette poterie a servi de marqueur chronologique standard pour le 11e siècle avant J.-C. précédent, comme on l’a trouvé sur d’autres sites.

En utilisant ces arguments, Finkelstein a conclu que, de toute façon, il n’y a pas de différence perceptible entre les types de poterie israélite du 10e et du 9e siècle avant J.-C., et que, par conséquent, il serait mieux de changer la datation des « grandes » structures du 10e siècle avant J.-C. identifiées précédemment pour les placer dans un cadre temporel plus serré du 9e siècle avant J.-C.

Pour faire coller cette théorie, le professeur Finkelstein a également écarté la découverte d’un fragment d’une stèle de victoire royale égyptienne à Megiddo. Ce fragment appartenait au pharaon Sheshonq I (le Schischak biblique), qui, à la fin du 10e siècle avant J.-C.—directement après le règne de Salomon—a envahi Israël. (L’invasion de Schischak est relatée dans 1 Rois 14 : 25-26 et 2 Chroniques 12 : 1-9). La campagne de Sheshonq/Schischak est détaillée sur un relief mural dans son temple à Karnak. Ce relief mentionne en fait Megiddo par son nom. Et bien que le fragment de stèle de Megiddo n’ait pas été trouvé dans un contexte stratigraphique (il a plutôt été trouvé dans un usage secondaire), il correspond néanmoins aux récits textuels bibliques et égyptiens de l’invasion du pharaon après le règne de Salomon, et il atteste de la présence d’une forteresse importante à Megiddo au cours du Xe siècle.

Finkelstein a résumé : « Si l’on met de côté 1 Rois 9 : 15, et la stèle de Sheshonq qui provient d’une décharge, le seul indice permettant de dater les strates de Megiddo est fourni par la poterie philistine » (« The Archaeology of the United Monarchy : An Alternative View » [L’archéologie de la Monarchie unie : un point de vue alternatif], 1996).

Le Dever est dans les détails

La nouvelle datation à « basse chronologie » de Hatsor, Megiddo et Guézer par le professeur Finkelstein a provoqué un séisme dans le monde archéologique. Au départ, il semblait que les arguments des minimalistes bibliques étaient scientifiquement raisonnables, surtout lorsque les premières datations au radiocarbone semblaient « prouver » la basse chronologie.

Aujourd’hui, la vision minimaliste de la datation de ces villes est dépassée et obsolète—une réalité que peut-être même Finkelstein commence à reconnaître ; en 2021, il a admis dans une interview que « nous sommes dans une nouvelle phase de tentatives pour montrer que l’archéologie peut riposter à l’approche critique. » Aujourd’hui, la théorie traditionnelle du 10e siècle, alignée sur la Bible, s’affirme comme la plus cohérente avec les preuves archéologiques. Cela est dû en grande partie au travail révolutionnaire du professeur Yosef Garfinkel sur les sites « davidiques » de Khirbet Qeiyafa et Khirbet a’Rai (ainsi que Lakis à l’époque de Roboam).

Dans le débat entourant la chronologie basse, et en particulier la nouvelle datation des portes de Salomon à Hatsor, Megiddo et Guézer, l’adversaire le plus fort de Finkelstein a été l’archéologue américain William Dever. Dever était le chef des fouilles à Guézer des années 1960 aux années 1990, et il a daté la porterie de Guézer au 10e siècle avant J.-C.

Dans un récent article de recherche intitulé « Solomon, Scripture and Science : The Rise of the Judahite State in the 10th Century b.c.e » [Salomon, écriture et science : l’essor de l’État de Juda au 10e siècle avant J.C.], Dever révèle de nouveaux résultats de datation au carbone qui corroborent l’identification des « portes de Salomon » solidement avec le 10e siècle. « Les dates C14 vantées qui avaient été promises ont en fait porté un coup fatal à la ‘chronologie basse’ » écrivait-il après avoir présenté les données du carbone. « Nous pouvons passer d’un scepticisme excessif à un optimisme modeste, de la fascination pour la nouveauté à un travail sérieux et responsable d’historien. » Il note que sur les sept dates fournies pour Megiddo, « une seule des dates de Megiddo telles que publiées pourrait soutenir la ‘chronologie basse’ de Finkelstein (à un pourcentage 1 de 68,2 pour cent d'exactitude), » tandis que « les cinq autres soutiennent toutes notre chronologie conventionnelle. »

Dever met également l’accent sur une nouvelle analyse de la vaisselle rouge répandue dans la strate de la porte de Guézer, une poterie datée de manière concluante sur d’autres sites comme appartenant exclusivement aux 11e et 10e siècles avant J.-C.—et non au 9e siècle. Grâce à ces « observations relativement nouvelles sur la typologie de la céramique […] et à de nouvelles et meilleures dates C14, » écrit Dever, « nous disposons maintenant d’un corpus céramique solidement daté de la fin du 11e au 10e siècle avant J.-C. qui nous permettra enfin de définir le 10e siècle avant J.-C. en termes stratigraphiques, céramiques et véritablement historiques. » Selon Dever, qui utilise les analyses scientifiques les plus récentes, Guézer est indiscutablement daté du 10e siècle avant J.-C. En d’autres termes, il est salomonique.

Et qu’en est-il du récit biblique qui s’aligne si bien avec l’archéologie de Hatsor, Megiddo et Guézer, que les minimalistes considèrent comme largement non pertinent ? Selon le Dr Dever, « nous ne pouvons pas simplement rejeter les récits de la Bible hébraïque, notre autre source d’écriture de l’histoire, comme le font de nombreux révisionnistes (et même certains archéologues)… ».

Si vous comptez les points, voici où nous en sommes. Premièrement, Yigael Yadin a fouillé les trois sites (Hatsor, Megiddo et Guézer) et a conclu que tous trois sont des sites du 10e siècle. Deuxièmement, le Dr William Dever a effectué des fouilles approfondies à Guézer et a conclu que la porterie de Guézer date du 10e siècle. Troisièmement, l’archéologue Amnon Ben-Tor a fouillé Hatsor et l’a daté du 10e siècle. Enfin, Finkelstein et Ussishkin ont fouillé Megiddo et, du moins selon eux, datent la ville du neuvième siècle avant J.-C. (Il est intéressant de noter, cependant, qu’Ussishkin croyait à l’époque de son article de 1980 cité ci-dessus que les fouilles de Dever montraient que la porte de Guézer « était effectivement prouvée comme datant du 10e siècle avant J.-C., et il semble tout à fait probable qu’elle ait été construite pendant le règne de Salomon. »)

Quoi qu’il en soit, dans tous les débats et discussions sur Hatsor, Megiddo et Guézer, un sujet crucial est souvent omis—et c’est la clé qui pourrait tout débloquer.

Entrez dans Jérusalem

La Dre Eilat Mazar était l’une des meilleures archéologues de Jérusalem, et l’une des plus expérimentées et respectées. La Dre Mazar a dirigé ses premières fouilles sur l’Ophel en 1986. Plus précisément, elle a fouillé une ancienne ascension royale située entre la Cité de David (au sud) et le Mont du Temple (au nord). En creusant à l’intérieur d’une tour monumentale sur le côté est de l’Ophel—la « Grande Tour », encore cachée sous terre, bien que révélée par les efforts de creusement de tunnels de Sir Charles Warren—Mazar et son grand-père, le célèbre professeur Benjamin Mazar, ont mis au jour une structure particulière comprenant une série de chambres parallèles séparées par un plancher calcaire.

Alors que les murs commençaient à être exposés, mesurés et enregistrés, Leen Ritmeyer, arpenteur des fouilles, a superposé la série émergente de chambres symétriques, y compris le passage, sur un plan plus large comprenant la Grande Tour.

« Lorsque Leen a apporté son plan à mon grand-père et à moi-même, nous n’avons pas pu croire ce que nous avons vu, » se souvient la Dre Mazar dans sa publication de 2011 intitulée Discovering the Solomonic Wall in Jerusalem [Découvrir le mur salomonique à Jérusalem]. « [L]a symétrie du bâtiment C [la structure à chambres], avec la Grande Tour devant, était d’une évidence frappante, et tout à coup, nous avons réalisé que nous étions en présence d’une porterie typique de la période du Premier Temple, caractérisée par quatre chambres identiques [encore préservées] et une grande tour d’approche [similaire à celle de Megiddo]. »

Ce fut une véritable révélation pour la Dre Mazar et son grand-père. « Soudain, tout s’est mis en place ! Le sol en chaux qui traversait le passage de la porterie menait directement à la Grande Tour, reliant physiquement les deux bâtiments ! Notre porte de ville ressemblait de près à celles connues sur d’autres sites contemporains […] La réalisation que nous venions de découvrir une ancienne porte de ville de la période du Premier Temple [qui reste encore la seule porte de ce type découverte à Jérusalem datant de l’époque de la monarchie biblique] a été l’un des moments les plus palpitants que j’ai partagés avec mon grand-père pendant notre travail ensemble. »

Les Mazars ont estimé que, compte tenu de l’emplacement et des particularités environnantes, cette porterie était très probablement celle qui est désignée comme la « porte des eaux » dans le livre de Néhémie (Néhémie 8 : 1, 3, et16).

Plus tard dans l’année, David Milson a été intégré à l’équipe de l’Ophel en tant que géomètre des fouilles et a commencé à mesurer les structures du site. « Après que David eut soigneusement mesuré le bâtiment C, nous avons été stupéfaits de découvrir que les dimensions de la porterie à quatre chambres de l’Ophel étaient presque identiques à celles de la porterie du palais du 9e siècle à Megiddo », a écrit Mazar.

« La longueur totale de la porterie de l’Ophel mesurait 10,4 mètres de long et 14,8 mètres de large, tandis que la porterie de Megiddo mesurait 10,2 mètres de long et 14,6 mètres de large. Le passage de la porterie de l’Ophel mesurait 4 mètres de large, tandis que celui de Megiddo mesurait 4,2 mètres. De même, les murs de la porterie de l’Ophel étaient épais de 1,5 mètre, alors qu’ils étaient de 1,6 mètre à Megiddo. Les similitudes entre les mesures des chambres sont encore plus impressionnantes, mesurant 2,8 mètres de long sur les deux sites, 2,4 mètres de large à l’Ophel, et 2,2 mètres de large à Megiddo.

« Cette découverte était vraiment fantastique et semblait indiquer que les deux porteries avaient été construites selon un plan identique, provenant très probablement du même bureau d’architectes », a écrit la Dre Mazar. Comme à Guézer, il y avait certaines différences marginales qui, comme l’a noté la Dre Mazar, reflétaient sans doute la situation géographique de la porterie, ou l’emplacement royal spécifique de cette porte particulière. La porterie de Jérusalem est beaucoup plus fragmentaire que les trois autres, visible dans ses couches de fondation les plus basses, avec une seule chambre conservée à une hauteur significative. D’après les vestiges, il semble que cette porterie possédait quatre chambres standard, semblables à celles de Hatsor, Megiddo et Guézer—et que les éventuelles cinquième et sixième chambres de la porterie de Jérusalem étaient probablement un peu plus allongées (si cette reconstitution est effectivement précise—encore une fois, en particulier sur ce côté nord de la porterie, où le substrat rocheux s’élève, la préservation des matériaux n’est pas grande).

Cependant, il existe plusieurs parallèles directs entre la porte de Megiddo et la porterie de Jérusalem—et, par association, les portes de Hatsor et de Guézer. Encore une fois, une simple coïncidence ? Ou est-il plus rationnel et logique de conclure, comme l’a fait la Dre Mazar, que les similitudes entre ces porteries sont le résultat d’un « plan unique, provenant très probablement du même bureau d’architectes » ?

Après tout, 1 Rois 9 : 15 ne dit pas seulement que Salomon a construit trois villes particulières—Hatsor, Megiddo et Guézer. Il en ajoute une quatrième : « Voici ce qui concerne les hommes de corvée que leva le roi Salomon pour bâtir […] Jérusalem, Hatsor, Meguiddo et Guézer. »

Moins on en sait, mieux on se porte

L’un des résultats les plus remarquables de la porterie de la Dre Mazar à Jérusalem a été le manque d’attention et de débat. Étrangement, il y a eu—et à bien des égards, il y a toujours—quasiment un black-out sur ce sujet. C’est comme si, au moins dans les milieux savants, la découverte de la porterie de l’Âge de Fer à Jérusalem n’existait même pas !

« J’ai été étonné de la facilité avec laquelle nos découvertes à l’Ophel ont été rejetées, » a écrit le Dr Mazar. « Il est difficile de comprendre comment on a pu ignorer l’importance des découvertes sur l’Ophel, qui, il faut le noter, avaient été publiées dans des revues tant académiques que populaires—et surtout parce qu’elles indiquaient une date relativement précoce pour la construction royale dans la Jérusalem de la période biblique. Un tel événement aurait dû appeler une évaluation plus approfondie, notamment dans des articles et des conférences consacrés à la période en question. […] Pourtant, aucune de ces publications n’a attiré l’attention nécessaire » (ibid). Pourquoi ce silence assourdissant ?

Le professeur Douglas Petrovich, universitaire chrétien conservateur, laisse entrevoir une raison. Dans un hommage rendu à Eilat après son décès en mai 2021, Petrovich a décrit l’époque où il était étudiant en doctorat à l’Université de Toronto. Dans les lectures assignées sur la monarchie unie de l’Israël antique, qui comprenaient des articles et des livres de chercheurs et d’archéologues critiques, il n’y avait aucune mention de la Dre Mazar et de ses fouilles sur l’Ophel. Petrovich a demandé à son professeur pourquoi, dans leur étude de la Jérusalem salomonique, ils n’étaient pas tenus de prendre au moins en considération l’archéologie de la Dre Mazar.

La réponse de son professeur a été choquante. « Sa réponse était simplement que les livres d’Eilat Mazar ne sont pas nécessaires car son travail est motivé par des objectifs politiques. Il n’a fourni aucune preuve d’une telle accusation, et nous n’avons jamais discuté de ses conclusions au sein de notre groupe. Cette réponse non professionnelle d’un universitaire qui devrait être mieux informé est un parfait exemple de ce à quoi un archéologue est confronté lorsqu’il tente de relier une architecture monumentale ou des découvertes matérielles à des éléments du récit biblique. »

En gros, la porterie de Jérusalem de la Dre Mazar a été mise à l’index parce qu’elle a osé la relier au dossier biblique.

Malheureusement, cette vision fermée de l’archéologie de Jérusalem n’est que trop populaire aujourd’hui. Trop souvent, nous voyons des données ou des découvertes cruciales provenant d’importantes fouilles de la Cité de David ou de l’Ophel marginalisées, ignorées et même écartées parce qu’elles sont jugées « politiques. » Ainsi, d’un seul coup, la plus importante des villes bibliques peut être entièrement ignorée.

Heureusement, les fouilles de l’Ophel de la Dre Mazar commencent progressivement à recevoir l’attention qu’elles méritent. En 2022, par exemple, l’archéologue Ariel Winderbaum a publié « The Iron IIA Pottery Assemblages From the Ophel Excavations and their Contribution to the Understanding of the Settlement History of Jerusalem, Vol. 1 » [Les assemblages de poterie du Fer IIA des fouilles de l’Ophel et leur contribution à la compréhension de l’histoire de la colonisation de Jérusalem], une thèse de 500 pages montrant que la porterie de Jérusalem remonte au 10e siècle avant J.-C.

Pourquoi Jérusalem est importante

Pourquoi la porterie de Jérusalem de la Dre Mazar est-elle si importante ? La réponse est liée à l’association de Jérusalem avec Hatsor, Megiddo et Guézer. Bien que ces trois villes soient séparées par des distances importantes, elles sont toutes trois situées dans les limites géographiques du royaume d’Israël du Nord (les territoires tribaux de Nephtali, Manassé et Éphraïm, respectivement). Ainsi, d’un point de vue géographique uniquement, on pourrait se faire l’avocat du diable en affirmant que ces trois villes étaient le produit d’une administration exclusivement nordique.

C’est ce que croit Israël Finkelstein. Les minimalistes soutiennent que le territoire de Juda et de Jérusalem n’a pas pu, d’une manière ou d’une autre, avoir une quelconque importance au cours du 9e siècle avant J.-C. (et que cette région n’a commencé à être bien établie qu’à la fin du 8e siècle avant J.-C.— la période d’Ézéchias). Ainsi, ils réassignent des structures importantes et incontestablement anciennes, comme le Khirbet Qeiyafa (environ 1000 av. J.-C.), au royaume de Saül, centré sur le nord.

Jérusalem, bien sûr, est célèbre pour avoir été la capitale du royaume méridional de Juda et avoir été le siège de l’administration judaïque. Mais comme le révèle la Bible—et comme le corroborent les preuves archéologiques—au cours du Xe siècle avant J.-C., Jérusalem était la capitale administrative de tout Israël.

La découverte d’une porterie monumentale à Jérusalem, presque identique par sa taille et sa nature aux porteries découvertes à Hatsor, Megiddo et Guézer, toutes datées du Xe siècle avant J.-C., est la clé qui nous permet de mieux comprendre ce sujet. La présence de quatre porteries remarquablement similaires, toutes construites à peu près à la même époque, révèle la présence d’un plan directeur unique et global, ce qui suggère la présence d’un gouvernement unique et global.

Enfin, nous devons mettre les données archéologiques en parallèle avec des versets bibliques tels que 1 Rois 9 : 15, qui indiquent explicitement que le roi Salomon s’est engagé dans d’importants projets de construction dans ces quatre mêmes villes. Lorsque nous faisons cela, la conclusion la plus évidente et la plus logique est que ces villes monumentales ont été construites par le roi Salomon.

LA TROMPETTE EN BREF

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