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‘Le berger allemand’ montre les dents

Tadeusz Górny/Creative Commons

‘Le berger allemand’ montre les dents

Faire taire les prêtres dissidents, réprimer l’errance des religieuses — le pape Benoît XVI indique la direction à l’Église catholique.

Quand il est devenu pape en 2005, l’Allemand Joseph Ratzinger était attendu par les libéraux et les conservateurs comme un homme autoritaire dur. Après tout, c’était l’agent dogmatique principal de l’Église, la tête de l’organisation autrefois connue comme l’Inquisition. Il était le « Panzerkardinal » — « le rottweiler de Dieu ».

Puis sont venus sept ans de ce que beaucoup percevaient comme une papauté relativement silencieuse. Maintenant, cependant, les opinions s’inversent. De façons de plus en plus évidentes, la Rome de Benoît XVI met fin à la contestation, supprime le libéralisme et fait respecter sa marque de catholicisme conservateur. Les titres deviennent communs au sujet de la réapparition du « vrai Ratzinger » et du « retour du Rottweiler ».

Ces mouvements musclés renvoient à l’avenir de l’Église catholique — et sont plus profondément significatifs que vous ne le réalisiez probablement.

Célébrer un septième anniversaire

En avril, le pape Benoît XVI a terminé la septième année de son pontificat avec plusieurs actions hardies et polarisantes.

Durant son homélie du « jeudi saint », le pape a publiquement réprimandé un groupe prééminent de centaines de prêtres et de diacres dissidents dans l’Autriche lourdement catholique. Ces chefs d’Église avaient publié un « appel à la désobéissance », soutenaient ouvertement l’ordination des femmes et s’opposaient au célibat des prêtres. Benoît XVI en avait eu assez. Dans ce que Reuters a appelé « une dénonciation exceptionnellement directe », le pape a dit au groupe que « nous ne prêchons pas des théories privées et des opinions, mais la foi de l’Église ».

Le Vatican a également annoncé qu’il enquêtait sur une poignée de prêtres irlandais pour leurs vues libérales. Un prêtre a été exilé dans un monastère ; d’autres sont censurés ; un autre qui a été ouvertement critique sur la mauvaise gestion, par l’Église, des scandales de pédophilie n’est plus autorisé à imprimer des articles.

Le 18 avril, le Vatican a fait paraître une « évaluation doctrinale » corrective cinglante de huit pages de l’organisation représentant la plupart des 57 000 religieuses de l’Amérique. Sur quatre ans d’action, le rapport accusait ce groupe, la Leadership Conference for Women Religious (LCWR), de « dissidence corporative » et de corruption par le « féminisme radical ». Le Vatican a clairement expliqué qu’il corrigera avec vigueur les « sérieux problèmes dogmatiques » du groupe. Le rapport a admonesté les religieuses pour la diffusion de discussions sur l’ordination des femmes et sur le ministère vis-à-vis de personnes homosexuelles. Il les a aussi réprimandées pour le fait que, d’une part, elles consacrent un temps excessif à la « promotion de questions de justice sociale » pendant que, d’autre part, elles négligent de commenter « les questions d’importance cruciale pour la vie de l’Église et de la société » comme le « mariage » homosexuel et l’avortement. La LCWR sera, pour l’essentiel, mise à l’épreuve cinq ans, pendant que des évêques conservateurs examineront ses pratiques, superviseront ses réunions et enquêteront sur ses liens avec différents groupes politiquement actifs.

Comme il fallait s’y attendre, dans un monde libertin profondément hostile à l’autorité, de tels mouvements produisent beaucoup de contrecoups. (Surtout parmi les Américains à l’esprit indépendant : Ils ont qualifié les mesures de répressions à l’égard des religieuses d’affligeantes, de stupéfiantes et d’ahurissantes.) Le pape n’en a cure. Il maintient sa position, et brave les gens qui le défient — en se moquant de ses critiques comme étant en décalage, et en les fustigeant.

Le pape Benoît XVI a continué son offensive début mai. Alors que plusieurs évêques américains visitaient Rome, il leur a dit de ne pas s’égarer de l’enseignement catholique, et leur a rappelé de s’assurer que leurs enseignements sont approuvés par le Vatican.

Il a ensuite fait des reproches appuyés au monde universitaire catholique d’Amérique. Les collèges et les universités catholiques ont défié le Vatican et les autorités catholiques pendant des années. Beaucoup ont invité des catholiques dissidents ou même des opposants véhéments à l’Église à prendre la parole. Pendant des années beaucoup ont violé le mandat établi par Jean Paul II qui exigeait d’eux de nommer seulement des enseignants de théologie approuvés par l’évêque local. « L’identité catholique, notamment au niveau universitaire, implique beaucoup plus que l’enseignement de la religion ou que la simple présence d’une aumônerie sur le campus », a dit le pape. « Bien trop souvent, semble-t-il, les écoles et les collèges catholiques n’ont pas réussi à demander aux étudiants de se réapproprier leur foi. » Benoît XVI veut que les écoles catholiques accueillent beaucoup plus de catholiques — et vite.

Courtiser les conservateurs

Entretemps — en fait, le jour même où il a pris des mesures énergiques contre la LCWR — le Vatican a révélé qu’il est sur le point de traiter avec un groupe marginal de catholiques dissidents ultra-traditionalistes, ce qui pourrait remettre ce groupe en communion avec Rome. Ce groupe controversé, la Société de saint Pie X, s’est détaché, il y a deux décennies, en opposition aux changements libéraux qui ont suivi Vatican II — et le pape veut le ramener.

La simultanéité des mesures de répression sur les religieuses américaines libérales et de l’étreinte aux ultraconservateurs sont un signe parlant. Comme le National Catholic Reporter l’a écrit, « de concert avec la décision de 2009 de Benoît XVI d’accueillir les anglicans traditionalistes, il est tentant de conclure que sa politique équivaut à s’accommoder de la dissidence à droite et de la piétiner à gauche ».

Pour obtenir le retour des catholiques de Pie X, le pape offre de réinterpréter les changements de Vatican II, qui ont été une partie-clé du libéralisme relatif de l’Église au cours des dernières années. Pendant que le pape voit quelques-unes des réformes de Vatican II comme importantes pour contribuer à faire revenir des chrétiens qui protestent au bercail, il voudrait être débarrassé d’autres aspects.

Le fait même de lancer un appel aux anglicans mécontents aide le pape à tirer l’Église vers la droite. Ces anglicans sont plus conservateurs que beaucoup de leurs collègues catholiques anglais. Un flot de nouveaux catholiques qui sont inflexiblement opposés au « mariage » homosexuel et aux femmes évêques, c’est exactement ce dont le pape a besoin pour réformer l’Église catholique d’Angleterre.

Le pape est personnellement impliqué dans cette initiative. Il a donné 250 000 dollars à l’organisation catholique britannique qui a été installée pour accueillir des anglicans faisant défection, le Personal Ordinariate of Our Lady of Walsingham. Le groupe est sorti de l’Église anglicane avec peu voire pas de biens immobiliers ou de fonds, ce qui fait de la donation du pape une bouée de sauvetage-clé.

Ces fonds pourraient faire croître l’Église beaucoup plus vite. Dès que les membres verront qu’ils ne sont pas absorbés dans une congrégation catholique, mais pourront plutôt adorer avec d’anciens anglicans dans leurs propres immeubles, beaucoup plus pourront être disposés à faire le déplacement. Et beaucoup plus de membres du clergé seraient disposés à sauter le pas s’ils savaient que l’ordinariat avait l’argent pour les payer.

Au début de son pontificat, Joseph Ratzinger a calmement nommé des hommes de même esprit aux postes-clés. Dans certaines parties de l’Église — en Grande-Bretagne, par exemple — le libéralisme a été fermement retranché. Avec ces postes-clés maintenant occupés par les hommes de Benoît XVI, il se dirige vers une plus large réforme de l’Église — et il fait cela assez agressivement.

Voyant ces événements, le National Catholic Reporter a tiré cette conclusion : « Il semblerait que le ‘berger allemand’ puisse encore mordre ».

Pourquoi être inquiet ?

À un certain niveau, quelqu’un rendu malade ou mis en colère par le déclin moral déplorable du monde trouverait une telle conviction admirable. Pourtant, ce n’est pas seulement quelqu’un, ou une quelconque organisation. C’est le pape. C’est l’Église universelle — avec un milliard de croyants et presque deux millénaires d’histoire sinistre derrière elle.

Au cours des dernières années, Rome a travaillé à renforcer et à réaliser son but missionnaire fondamental : amener les enseignements d’autres Églises à être en accord ceux du catholicisme romain ; spécialement, pour les amener à reconnaître l’autorité du pape et à les unir sous cette autorité. Benoît XVI est concentré sur le fait de raviver l’impératif historique de l’universalité de l’Église.

Pour mieux comprendre la signification de la récente assurance de Rome, il faut voir cela dans le contexte des tentatives historiques de l’Église pour établir son autorité mondiale. C’est une Église avec une ambition mondiale. Et franchement, ces périodes où elle a exercé le plus agressivement son influence ont été quelques-unes des plus sombres de l’humanité.

Pourtant, même à ne regarder que cette histoire donne une vue partielle. Pour réellement voir ce qui prend forme, il faut également regarder à travers la lentille de la prophétie biblique.

L’Église catholique romaine tient une place monumentale dans l’histoire des événements du temps de la fin relatés par la Bible. Elle est décrite comme s’élevant pour, de nouveau, atteindre une position d’influence comme elle en a eu dans plusieurs étapes de son passé, s’unissant avec les dirigeants mondiaux, levant des armées sous la bannière de la croix, utilisant son influence spirituelle pour diriger la force politique et militaire des nations pour qu’elles l’aident à atteindre son but. Les Écritures, en fait, décrivent cette Église comme une femme assise sur de « grandes eaux », ce qui signifie un règne mondial.

De manière choquante, elles dépeignent, également, l’Église comme une bête — mais avec un changement. Elle n’apparaîtra pas comme une bête : elle ressemblera à un agneau — innocent, juste et vertueux aux yeux de la plupart des gens. Elle se présente comme ressemblant à l’Agneau de Dieu, Jésus-Christ. Ce qui suit, pourtant, est la pire des tromperies : elle parle comme un dragon (Apocalypse 13 : 11) — et c’est ce qui vient de la bouche qui révèle la vraie nature du cœur.

Vous devez prouver ces prophéties — et les croire. Elles exposent ce qui se passe vraiment sur la scène mondiale d’aujourd’hui. Elles montrent le point de vue de Dieu sur l’Église catholique et sur d’autres acteurs importants du théâtre politique et religieux, et révèlent comment Il façonne les événements pour accomplir Ses desseins.

La récente musculation du Vatican n’est que le commencement. Observez les choses de près : cela va croître. Croyez-le ou non, cela menace d’ébranler le monde !