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Guerre offensive

LA TROMPETTE

Guerre offensive

Relever les ruines : La bataille pour faire revivre le legs de Herbert W. Armstrong (chapitre vingt-deux)

Lire le chaptire précédent : L'infâme préface

« De la façon dont nous voyons les choses, cette préface nous donne des occasions beaucoup plus grandes dans les prochaines dépositions et dans le procès. Je crois que c’est de cette seule façon que nous pourrons gagner. »

— Gerald Flurry

Lettre aux avocats, du 11 juin 2002

Tout comme la note en bas de page, « devoir chrétien », de Tkach Jr, dans Transformée par la vérité, la préface de M. Feazell a échoué. D’abord, elle a montré que le projet d’e-publication n’était qu’un bluff. Ils ne produiraient pas la littérature de M. Armstrong à moins qu’elle ne soit introduite par les remarques de M. Feazell. Et, en aucune façon, nous n’aurions poussé des membres potentiels à télécharger cette saleté. Bien que nous sachions cela, la préface révélait pleinement à quel point ils étaient intéressés dans « l’aide » qu’ils nous portaient pour que nous comblions nos besoins spirituels. Toute cette comédie de publication électronique, comme cela s’est avéré, n’était qu’un autre moyen pour eux d’amoindrir l’héritage de M. Armstrong.

Mais l’impact de la préface sur nos arguments légaux était mineur comparé à l’effet qu’elle a eu sur nous. Je ne dirai pas qu’elle nous a surpris—pas après avoir été témoins de l’assaut destructeur du Tkachisme sur l’Église, les 16 années précédentes. Mais elle a été un rappel brutal de ce contre quoi nous nous battions : des gens qui haïssent tout ce que Herbert W. Armstrong représentait. Nous ne pouvions pas raisonner avec eux. Nous ne pouvions pas traiter avec eux—tout ce que nous pouvions faire c’était de combattre.

À partir de ce moment-là, tout dans le procès se rapporterait à la préface de M. Feazell—tout au moins pour autant que nous serions concernés. Mon père a écrit à nos avocats, le 11 juin 2002 :

La préface pour cette comédie d’e-publication est l’occasion que nous attendions. Depuis que le juge Letts a été impliqué, je pense que nous n’avons pas su faire comprendre tout ce qui s’est réellement passé dans notre Église.

Cette préface présente une extraordinaire occasion de faire cela, à nouveau. Je pense que nous pouvons passer à l’offensive comme jamais auparavant avec un but encore plus grand à l’esprit (RFRA, écrire un livre etc.). Je crois fortement que, à notre réponse à la préface, ils vont avoir chaud...

Peut-être avons-nous perdu en appel parce que l’ÉUD a fait quelques commentaires nous qualifiant de secte... La préface nous permet de répondre à l’attaque par laquelle ils nous traitent de secte. Mais elle nous donne une occasion encore plus grande. Nous pouvons maintenant les exposer pour ce qu’ils sont réellement—une secte et pire encore. En même temps, je crois que nous pouvons aider le juge et le jury à comprendre les véritables motifs de l’ÉPD.

On dit qu’une bataille est gagnée à 50 pour cent quand vous passez à l’offensive. De la façon dont nous voyons les choses, cette préface nous donne des occasions beaucoup plus grandes dans les prochaines dépositions et dans le procès. Je crois que c’est de cette seule façon que nous pourrons gagner.1

Durant les deux mois suivants, nos avocats ont probablement entendu le mot « préface » tellement souvent, qu’ils ont dû penser que nous avons battu un record. Bien entendu, ils devaient encore recueillir des témoignages pour soutenir nos arguments juridiques, pour autant que la loi sur les droits d’auteur fût concernée. Mais puisque l’ÉUD désirait, maintenant, insérer une diatribe anti-Armstrong dans le procès, nous insistions pour raconter l’histoire qui se déroulait dans les coulisses, que ce soit lors d’une déposition devant un juge ou un jury, ou dans des documents pour le tribunal. En fait, comme vous pouvez le voir dans la lettre ci-dessus, la préface est ce qui a insufflé toute l’idée pour ce livre. Le procès était maintenant devenu beaucoup plus important que le seul fait de combattre pour avoir le droit de distribuer la littérature de M. Armstrong. Maintenant nous devions obtenir la littérature—et les exposer, par la même occasion.

Le tournant

Même si, techniquement, nous allions dans le sens d’avoir à payer des dommages et intérêts en tant que « perdants » (à propos du Mystère des siècles), mon père croyait que quelque chose de crucial pourrait arriver, soit au tribunal soit en dehors du tribunal, ce qui en fin de compte tournerait le courant en notre faveur. « Si Dieu est avec nous, dit-il, nous gagnerons. S’Il a été avec nous, Il est encore avec nous—si nous gardons la foi ! »

Le juge Snyder espérait un procès pour la mi-octobre 2002 ce qui voulait dire que les faits nouveaux et les dépositions devaient être portés à la connaissance du tribunal pour la fin de l’été. Alors que nous nous préparions à avoir un été très chargé, mon père a donné des instructions à tout le personnel, à Edmond, pour faire du procès une priorité absolue. Plus d’une douzaine de personnes se sont impliquées pour rassembler des informations, et aider à la préparation pour les dépositions des témoins clés—Joseph Tkach, Michael Feazell, Ron Kelly, Ralph Helge, Bernard Schnippert, et quelques autres. Mon père nous a déchargés, Dennis Leap et moi, de quelques-unes de nos obligations vis-à-vis du camp des jeunes de cet été-là, de manière que nous puissions consacrer plus de temps en recherche pour la déposition. Les ministres de l’ÉPD, Gary Rethford et Tim Thompson, ont également été des instruments dans la recherche d’informations pour nos avocats.

C’était un véritable tournant. En 1998, le plus gros de la préparation, pour la déposition, avait été laissé à nos avocats, bien que Dennis Leap et sa femme s’étaient assurés qu’ils avaient été bien pourvus en documents et en littérature de l’Église. Nous avions également apporté beaucoup de réactions obtenues durant les conférences que nous avions eues avant les dépositions. Mais, dans l’ensemble, les avocats avaient fait le plus gros du travail de recherche et de rédaction des questions.

En 2002, les avocats ont encore fait tout cela, et nous aussi—seulement, à partir de la perspective de la préface ! Si les compagnons de Tkach voulaient parler de l’approche oppressive de M. Armstrong, en ce qui concerne le gouvernement, alors Tkach Jr et M. Feazell seraient interrogés sur l’héritage du Tkachisme—comment il obligeait les gens à suivre, ou autrement les forçait à quitter l’Église. S’ils voulaient mentionner la façon dont M. Armstrong, supposément, « a accroché » les gens dans son système de croyances, alors ils auraient à déclarer sous serment tous les mensonges que le Tkachisme a dits de manière à endormir des membres non méfiants afin qu’ils ne perdent pas leurs dîmes. S’ils voulaient mentionner le manque « d’étude » et de « formation dans un séminaire » de M. Armstrong, alors nous les interrogerions sur les références académiques et théologiques de Tkach Sr. S’ils voulaient parler de la façon dont les choses étaient pénibles dans l’Église sous M. Armstrong, alors ils seraient sûrs d’entendre parler de l’héritage pesant du Tkachisme. Et s’ils voulaient parler du style de vie « extravagant » de M. Armstrong, alors nous demanderions : Qu’a fait le Tkachisme avec ses milliards ?

Ainsi, alors que nous nous préparions pour les dépositions de 2002, nos avocats préparaient leurs questions et documents, et nous, nous préparions les nôtres. Ensuite, lors d’une conférence, avant les dépositions, nous avons œuvré à accorder tous nos documents.

Joseph Tkach Jr

Lors de la déposition de Tkach Jr, le vendredi 23 août 2002, Mark Helm a mis peu de temps avant de lancer des explosifs. Au bout de quinze minutes, Allan Browne a conseillé à Tkach Jr de ne pas répondre au questionnement « harassant et oppressant » de M. Helm. Trente minutes plus tard, il a menacé de quitter l’audience à moins que M. Helm ne change de ton !

M. Helm a commencé en donnant un compte-rendu des minutes du Conseil consultatif des Anciens, du 4 décembre 1998—dans lesquelles l’ÉUD expliquait officiellement sa position sur la littérature supprimée, et disait qu’elle avait des plans pour utiliser les documents, à nouveau. Dans le cas du Mystère des siècles, qui avait été mis au rebut, les minutes de l’ÉUD expliquaient : « En conséquence, une résolution ecclésiastique a été prise, selon laquelle Le mystère des siècles et d’autres ouvrages doivent être retirés de la circulation, et ne doivent pas être distribués jusqu’à ce que des révisions appropriées, compatibles avec la Bible, puissent être effectuées. »2

Maintenant que l’ÉUD avait l’intention d’e-publier ces ouvrages, M. Helm se demandait si la préface comptait comme une « révision appropriée ». Après que Tkach Jr a répondu « non », M. Helm a alors demandé si la résolution ecclésiastique avait changé. Tkach Jr a indiqué qu’ils n’avaient pas changé leur décision, mais qu’ils étaient assez à l’aise pour e-publier la littérature aussi longtemps qu’elle avait une préface pour fournir le contexte. Puisque l’ÉUD avait fait des déclarations durant tout le procès selon lesquelles elle aurait pu considérer la licence des ouvrages, M. Helm essayait de coincer Tkach Jr pour voir si les termes de l’hypothétique licence voulaient dire que la littérature devait être préfacée par des remarques dénigrant M. Armstrong. Il a également mis au jour le point jusqu’auquel l’ÉUD désirait contrôler la littérature si un accord de licence avait jamais eu lieu.

Plus tard, il a obtenu que M. Tkach parle de Gerald Flurry. Tkach Jr a dit qu’il pensait que mon père était un déséquilibré mental, qu’il enseignait l’hérésie, qu’il était convaincu de mensonge, et qu’il avait adopté une conduite contraire à la morale. M. Helm a ensuite demandé si les vues personnelles de M. Tkach à l’égard de M. Flurry pourraient être un facteur dans une décision, en considérant l’ÉPD comme pouvant possiblement obtenir une licence. C’était brillant ! Tkach Jr a répondu : « Je pense que la chose importante, ici, c’est qu’en établissant un contrat de licence, nous serions en position pour maîtriser ou contrôler cela par les termes que nous avons dictés dans le contrat de licence. »C’est exactement le point central. En supposant jamais que Tkach Jr donne licence pour la littérature à un déséquilibré mental, à un menteur hérétique, il ne ferait cela que si l’ÉUD maintenait le « contrôle », et était capable de « maîtriser » nos actions. Dans ce scénario, qu’est-ce qui l’empêcherait alors d’annuler le contrat de licence après la fin du procès ?

Plus tard dans sa déposition, Tkach Jr s’est plaint de ce que nous avions déformé ses « intentions en tant qu’auteur » en disant qu’il avait un « devoir chrétien » de laisser Le mystère des siècles hors d’impression.Quand on lui a demandé ce qu’il entendait par « hors d’impression », Tkach Jr a dit qu’il était en train « d’exprimer un sentiment pas une action en cours ».Bien évidemment, avec ce genre de raisonnement, on peut revenir sur n’importe quelle position stricte. Mais les faits démontrent que toutes leurs raisons pour intenter un procès, au premier abord, étaient de nous empêcher de distribuer Le mystère des siècles—pour agir conformément à leur devoir chrétien. Dans son livre, Tkach Jr fait aussi cette déclaration à propos d’un autre ouvrage de M. Armstrong : « … Ne vous donnez pas la peine d’écrire pour obtenir un exemplaire des Anglo-Saxons selon la prophétie. Vous ne l’obtiendrez pas de nous. »Était-ce juste un sentiment, ou les fruits démontrent-ils qu’ils ont agi, conformément à cette conviction ? Tkach Jr écrit : « Aujourd’hui, nous rejetons ce qui est bien connu comme de l’Armstrongisme, c’est-à-dire l’adhésion aux enseignements de Herbert W. Armstrong... »Sentiment ou action ?

Double langage

Quatre fois durant sa déposition, Tkach Jr a accusé M. Armstrong d’utiliser un double langage, particulièrement concernant son rôle en tant qu’apôtre. De temps en temps, expliquait Tkach Jr, M. Armstrong semblait penser qu’il était l’égal des apôtres du premier siècle. Cependant, à d’autres occasions, il faisait, apparemment, des déclarations reléguant son apostolat à quelque chose d’inférieur à celui du premier siècle. Mais, comme nous l’avons déjà vu dans ce livre, c’est Joseph Tkach Jr—et non M. Armstrong—qui tenait un double langage.

Dans son livre de 1997, Tkach Jr écrit : « Pendant plus de deux ou trois décennies, il a prétendu être au même rang que les apôtres du premier siècle »8—un commentaire très tranché sur les vues de M. Armstrong. Pendant deux ou trois décennies ! Mais le 16 mars 1992, dans une lettre que l’ÉUD a rendu disponible par la communication des documents, Tkach Jr écrit : « Il est bon de se rappeler, cependant, que le rôle de M. Armstrong n’était pas similaire à celui des 12 apôtres originaux. » Plus bas, il écrit : « M. Armstrong n’a jamais prétendu que ses écrits étaient équivalents à l’Écriture. »9

Nous avons rappelé à Tkach Jr ce que son père disait deux jours après la mort de M. Armstrong—qu’il était « confiant dans le fait que les mêmes politiques, les mêmes doctrines et toutes les autres choses que M. Armstrong a enseignées seraient préservées et portées à la connaissance des autres. »10 Nous avons demandé si ce commentaire contredisait ce que son père disait à propos de la « repentance sur le lit de mort »—que M. Armstrong mandatait M. Tkach Sr pour faire les changements dans la doctrine, qui avaient été faits entre 1986 et 1991 (une liste de changements tellement vaste, vous vous rappelez, qu’il voulait un magnétophone de manière qu’il puisse se les rappeler tous). Tkach Jr a répondu, sous serment, en disant « non »—il n’y a pas de contradiction.11

Nous l’avons interrogé sur cette déclaration, extraite de son livre : « On dit que le pouvoir corrompt, et que le pouvoir absolu corrompt absolument. Il se peut que M. Armstrong n’ait jamais exercé de pouvoir absolu dans notre Église, mais de la même manière, il n’y en avait pas beaucoup à le défier sur une question ».12 Tkach Jr a défendu la déclaration de cette façon : « L’audience de ce livre n’était pas seulement les membres de l’Église… Il s’agissait également de ministères opposés au culte qui voyaient M. Armstrong de cette façon. Et j’expliquais, pour la postérité, que c’était erroné de voir les choses de cette façon. »13 Ainsi, le commentaire avait pour but de défendre la manière dont M. Armstrong conduisait l’Église !

Plutôt, dans sa déposition, Tkach Jr décrivait la manière dont M. Armstrong traitait les subalternes. « Quand, de temps en temps, il voulait corriger les gens, il demandait : « Croyez-vous que je sois un apôtre ? Croyez-vous que je sois un apôtre comme Pierre et Paul ? Et la personne, généralement, tremblait et répondait par l’affirmative. »14 Il décrit ensuite un incident à l’occasion duquel M. Armstrong a convoqué Tkach Sr au sujet d’une étude biblique donnée à Pasadena. Selon Tkach Jr, M. Armstrong « était très en colère et a hurlé contre mon père pendant près de 40 minutes. »15 Cependant, à la même époque, ce qu’il a écrit dans Transformée par la vérité à propos du style de gouvernement de M. Armstrong était, supposément, une défense du fondateur de l’Église.

Nous avons rappelé à Tkach Jr les changements dans le gouvernement qu’il a promis dans son livre de 1997, et avons obtenu de lui qu’il admette que rien n’avait changé dans les cinq ans depuis la sortie du livre. Il conservait encore tous les pouvoirs absolus pour lesquels il a vite condamné M. Armstrong.

Quand il a été interrogé sur sa description de l’ÉPD, dans son livre—que nous sommes une « Église de Dieu militante »—il a expliqué que nous voulions harceler leurs membres, et leur avons dit que s’ils n’acceptaient pas Le message de Malachie, « ils iraient brûler en enfer... » 16 Il a dit que de nombreuses personnes étaient harcelées de cette façon, au restaurant ou à l’épicerie ».17

Quand nous lui avions demandé auparavant s’il pensait que l’ÉPD était une secte, il a répondu : « sans aucun doute ».18 Il a poursuivi, expliquant qu’il y avait deux sortes de sectes—théologiques et sociologiques. « Les sectes théologiques seraient celles qui donnent une mauvaise représentation de l’histoire et des Écritures mais qui ne sont pas nécessairement pathologiques par nature. Ensuite, vous avez les sectes sociologiques, des groupes qui sont dangereux, David Koresh, Jim Jones, Heaven’s Gate. »19 Au moins, nous sommes seulement sur sa liste de sectes théologiques. Mais « nous sommes inquiets, a-t-il continué, de ce que [l’ÉPD] franchisse possiblement la ligne des sectes sociologiques ».20

Pour plus de clarification, M. Helm a demandé : « Vous êtes donc inquiets de ce que l’Église de Philadelphie de Dieu puisse être une secte, et dans ce sens, dangereuse et sociopathe ? »

« Certainement », a répondu Tkach Jr. 21

Pourtant, ils voulaient, de tout temps, nous donner licence pour les ouvrages de M. Armstrong, comme un « bénéfice » pour notre œuvre.

N’est-ce pas un double langage ?

Nous avons également comparé la formation académique de M. Armstrong avec celle de Tkach Sr, ce qui a mis très mal à l’aise le jeune Tkach.

Michael Feazell

Puisqu’il était l’auteur principal de la préface, nous étions très impatients d’entendre la déposition de Mike Feazell. Dans nos bureaux d’Edmond, nos employés ont passé au peigne fin le livre de M. Feazell, et d’autres de ses écrits, aussi bien que des documents qui étaient écrits à son sujet.

Nous nous sommes assemblés, à Los Angeles, dans les bureaux de Munger, Tolles and Olson pour sa déposition, le mercredi 24 juillet 2002. Dès le début, M. Helm a cité le livre de M. Feazell, où il parle de la transformation de l’Église.

Une par une, ces valeurs essentielles se sont flétries, et sont tombées de l’arbre de l’ÉUD. Ainsi faisant, les dirigeants et les membres sont devenus perturbés, craintifs et frustrés. « Comment pourrions-nous être plus différents ? » « Où tout cela conduit-il ? » « Qu’est-ce qui changera après ? », ont-ils demandé.

L’Église dans laquelle ces gens étaient entrés avait lentement cessé d’exister. 22

Chaque fois que nous avons trouvé des déclarations faites par des responsables de l’ÉUD décrivant cette Église aujourd’hui comme étant complètement différente de ce qu’elle était autrefois, nous en avons pris note. Si la vieille Église n’existait plus, pourquoi la nouvelle Église devrait-elle être autorisée à empêcher les autres à continuer de distribuer les enseignements traditionnels ?

Quand M. Helm l’a interrogé sur la comparaison de sa vie dans l’Église universelle, sous M. Armstrong, comme à celle d’une victime de viol, ce dont nous avons parlé dans le chapitre 1, M. Feazell a essayé d’écarter la comparaison en disant que c’était une « expression figurative ».23 M. Helm a poussé plus avant. « Mais en utilisant le terme figuratif… ‘violé’, c’est un sentiment d’ordre élevé, n’est-ce pas ? Ce n’est pas un sentiment fortuit de déplaisir, n’est-ce pas—c’est un sentiment très sérieux que vous avez essayé de décrire, ici, n’est-ce pas exact ? »

L’avocat de M. Feazell a essayé d’intervenir plusieurs fois en faveur de son client, en interrompant M. Helm. Mais M. Helm l’a ignoré, et a insisté pour que M. Feazell réponde à la question. « Le viol est-il un crime terrible ? » a demandé M. Helm. L’avocat de M. Feazell a demandé à M. Helm d’y aller moins fort, mais il a refusé. « Non… il essaie de s’écarter de ce qui est clairement dit ici, et agit comme si… ‘tant du point de vue spirituel que du point de vue émotionnel, violé’… est [pareil] à une faute typographique qui s’est glissée dans une note interne ».24

Après le refus de répondre de M. Feazell, M. Helm a abordé le sujet sous un autre angle : « Quand vous dites avoir été, sur le plan spirituel et sur le plan des émotions violé, le sentiment que vous expérimentiez était-il apparenté au fait d’avoir un crime terrible commis contre vous ? »25 M. Feazell a répondu non, répétant qu’il a seulement utilisé le terme dans un sens figuratif.

« Donc, quand vous utilisez, de manière figurative, le terme viol, ce n’est pas une chose terrible ? », a poursuivi M. Helm.26 Nous n’avions jamais vu M. Helm aussi vif, durant une déposition. Cela a mis mal à l’aise M. Feazell, de manière notable.

Un peu plus tard, M. Feazell a dit qu’il croyait que l’ÉPD était une secte, « tout au moins dans le sens de sa soumission à l’autorité d’un individu et de son interprétation personnelle des vues religieuses de l’organisation... ».27 Dans son livre, il écrit comment l’autorité de M. Armstrong avait mené l’Église à un « arrêt sur le plan administratif », qui était virtuel.28 Il dit que « les décisions de quelque importance ne pouvaient être prises sans » l’approbation de M. Armstrong.29 Lors de la déposition, nous avons fait remarquer à M. Feazell les autres déclarations, dans son livre, qui parlent de l’autorité que M. Tkach Sr avait héritée de M. Armstrong : c’est-è-dire que M. Tkach n’aurait pas pu transformer l’Église « sans l’autorité hiérarchique, sans entrave, que M. Armstrong lui avait déléguée »30 ; que les changements ne se seraient jamais produits à moins que M. Tkach n’ait eu une « autorité absolue ». Nous l’avons ensuite interrogé à propos des supposés plans de Tkach Jr pour démanteler l’approche autoritaire du gouvernement dans l’Église—et sur le fait que c’était l’un de ses premiers buts après qu’il était devenu Pasteur, en 1995. Mais en cette année 2002, quand nous avons demandé à M. Feazell si le jeune Tkach avait les mêmes pouvoirs que M. Armstrong, il a répondu : « C’est possible ! »31

À la page 107 de son livre, M. Feazell écrit : « Dans l’Église universelle de Dieu, cependant, nous nous sommes retrouvés dans la situation, perdue d’avance, d’avoir à changer les valeurs essentielles. Les changements que nous étions forcés de faire ont dévasté le sens même de l’identité de notre Église et de ses membres. »32 Puisque les Tkach avaient une « autorité absolue » pour changer les « valeurs essentielles » de l’Église, nous voulions rappeler à M. Feazell qu’ils avaient imposé leur transformation au ministère et aux membres de l’Église universelle d Dieu. En réponse à cette charge, M. Feazell a déclaré sous serment : « L’Église ne s’est pas plus imposée... elle-même... au ministère après les changements qu’elle ne l’a fait avant les changements. »33 À laquelle, M. Helm a répondu brillamment :

Mais après que les changements ont eu lieu, il y a eu des ministres qui ont rejoint une Église [qui] avait des doctrines différentes, et à qui on disait, désormais : Soit vous enseignez les nouvelles doctrines, soit vous vous en allez. C’est différent des ministres, sous M. Armstrong, qui rejoignaient l’Église en sachant ce qu’étaient les doctrines, et qui croyaient en elles, n’est-ce pas ?34

M. Feazell ne voyait pas du tout comment c’était différent.

Ron Kelly

Puisque Ron Kelly est mentionné dans Transformée par la vérité comme ayant, prétendument, entendu M. Armstrong dire « Je suis Élie », nous étions impatients d’entendre ce qu’il avait à dire sous serment. Sans surprise, M. Kelly n’a pu se rappeler où et quand il avait entendu M. Armstrong dire cela. Nous avons ensuite montré à M. Kelly la lettre que Tkach Jr avait écrit à M. Leap, en avril 1990, dans laquelle Tkach Jr insistait sur le fait que les prophéties d’Élie avaient été accomplies par l’œuvre de l’Église, et que M. Armstrong n’avait jamais prétendu être leur accomplissement exclusif. Nous avons demandé à M. Kelly s’il avait fait son commentaire, « Je suis Élie », avant ou après que M. Tkach a écrit la lettre à M. Leap. Il a dit qu’il « a dû être fait beaucoup plus tard que cette lettre, qui était d’avril 1990 ».35 Mais M. Armstrong est mort en 1986. Et dans Transformée par la vérité, Tkach Jr indique que Kelly est venu vers lui après avoir entendu M. Armstrong dire « Je suis Élie ».36 Cela n’aurait aucun sens que Kelly aille vers Tkach Jr « beaucoup plus tard » qu’avril 1990 à propos d’un commentaire qu’il aurait entendu M. Armstrong faire. Mais c’est la chronologie illogique que Kelly a soutenu durant sa déposition, autrement il aurait été forcé d’admettre que Tkach Jr avait tenu un double langage.

Ron Kelly est allé à l’Ambassador College en 1956, et est entré dans le ministère après avoir été diplômé en 1960. Il est devenu le premier doyen des étudiants à l’Ambassador College, à Big Sandy, en 1964. Après la fermeture de Big Sandy, en 1977, M. Kelly a été transféré à Pasadena, et peu après est entré dans le ministère en tant que pasteur officiant dans le Colorado. Il est brièvement retourné à Big Sandy, après l’ouverture du campus, en 1981. En 1982, il est retourné au siège central, à Pasadena, pour occuper une position dans le département éditorial. Deux ans après la mort de M. Armstrong, M. Tkach l’a nommé à la direction du département éditorial. En 1991, M. Kelly a été transféré dans l’administration de l’Église, où il a dirigé le développement pastoral. En 1998, il est devenu contrôleur des finances et vérificateur du département de la planification de l’Église. C’était le poste qu’il occupait quand nous avons entendu sa déposition, le 1er août 2002.

Dans notre préparation pour la déposition de M. Kelly, plusieurs de ses articles et messages tranchaient à cause de sa longue histoire dans l’Église. Un document était particulièrement intéressant. Il s’agissait d’un sermon transcrit que l’Église avait produit, en 1987—un an après la mort de M. Armstrong. Il a bâti le sermon, intitulé « Principes de vie », autour des leçons qu’il avait apprises de M. Armstrong. Il disait : « Il y a vingt-neuf ans, j’ai commencé à m’asseoir aux pieds de M. Armstrong, et à écouter ce qu’il avait à dire ».37 Plus bas, il dit : « J’aimais, particulièrement, faire ressortir ces points et principes que, selon moi, M. Armstrong était, de manière unique, capable de nous instruire. »38 Dans sa déposition, M. Kelly reconnaissait qu’il avait appris des choses venant de M. Armstrong, mais qu’aujourd’hui, il n’utiliserait pas l’expression de manière unique. « Je regarde les choses avec un point de vue plus mature », a dit Kelly. « J’ai conscience que M. Armstrong avait des choses magnifiques à enseigner. Elles n’étaient pas toujours uniques pour lui. »39

M. Kelly a ensuite mentionné plusieurs enseignements de M. Armstrong qu’il considère, maintenant, pénibles. Bien entendu, il ne pensait pas comme cela avant d’embrasser le Tkachisme—et nous le lui avons rappelé. « M. Armstrong m’a enseigné comment aimer ma femme », dit-il dans ce sermon de 1987. « Je le lui ai dit, et j’espère que cela lui a plu de réaliser que ce qu’il enseignait fonctionnait vraiment. »40

Voici comment il décrivait, autrefois, la vie de ses enfants à l’ÉUD :

Mes enfants ont été élevés toute leur vie avec une connaissance des fêtes de Dieu. Maintenant que certains ont grandi, une bonne part de leurs plus profonds souvenirs, c’est l’observance des jours saints. Nous avons économisé pour faire des voyages en Angleterre et en Australie. En observant les jours saints avec le peuple de Dieu, nous avons voyagé en famille à travers la plus grande partie des États-Unis et du Canada... Nous avons grandi, chaque année, en compréhension spirituelle, et avons bénéficié de l’éducation que donnent les voyages.

Personne ne pourra jamais me dire qu’observer les fêtes de Dieu est un joug d’esclavage et un fardeau. 41

Ces souvenirs ont apparemment été perdus de vue, avec le mode de vie pratique, basé sur la Bible, que M. Armstrong a enseigné et enregistré dans de nombreux ouvrages écrits.

En mars 2005, quelqu’un m’a contacté, de manière anonyme, au sujet d’une collection reliée de presque toute la littérature périodique de l’ÉUD, comprenant La pure vérité, La bonne nouvelle, Le monde à venir, et la revue Youth, entre 1934 et 2004. La collection incluait, également, l’ensemble complet des 58 leçons du Cours de Bible par correspondance, produit durant les années 1960. L’individu demandait 10 000 dollars pour toutes les revues et 500 autres dollars pour tous les livres à couverture en cuir de M. Armstrong, y compris Le mystère des siècles.

Mon père a pensé que la collection serait un grand ajout pour la bibliothèque de notre collège. Nous avons donc fait une offre plus basse, et avons fini par nous arranger pour 5 000 dollars pour le tout. Nous ne savions pas à quel ordre établir le chèque jusqu’à une semaine avant que nous ne récupérions les documents.

Comme il en a résulté, le vendeur anonyme était le même homme qui, à cause des enseignements de M. Armstrong, avait appris comment vraiment aimer sa femme.

Ralph Helge

Peut-être que le document le plus significatif que nous ayons découvert, en nous préparant pour la déposition de Ralph Helge, a été celui montrant le rôle qu’il a joué en défendant l’ÉUD contre l’État de Californie, en 1979. En tant que chef du département légal de l’Église, il a combattu en première ligne contre les ministres dissidents qui voulaient s’emparer du contrôle de l’Église, aux dépens de M. Armstrong. Parlant devant les membres de l’Église, dans l’Auditorium Ambassador, le 13 janvier 1979, Helge a posé la question : « Qu’y a-t-il vraiment dans les coulisses de ce procès ?... Je vais vous dire ce que c’est. Il s’agit de quelques dissidents qui veulent prendre le pouvoir, et changer les doctrines de l’Église de Dieu. Ils n’aiment pas la façon dont les choses fonctionnent. Et ils n’aiment pas les doctrines. »42 Ce commentaire pourrait aisément décrire notre procès avec l’Église universelle de Dieu, 18 ans plus tard, sauf que, cette fois-ci, ceux qui voulaient s’emparer du pouvoir, et changer les doctrines, étaient à l’intérieur. Et la tragédie, c’est que Ralph Helge a rejoint les dissidents qui voulaient s’emparer du pouvoir, et changer les doctrines que M. Armstrong avait établies.

Helge a continué, dans son message de 1979, avec un autre commentaire que probablement des dizaines de milliers de gens ont dû faire au sujet du Tkachisme : « Nous avons certaines règles, et nous avons des doctrines. Si vous les aimez, c’est formidable ! Si vous ne les aimez pas, ou si je ne les aime pas (c’est également valable pour moi), j’irai alors vers l’Église qui enseigne les doctrines que j’aime bien. Mais je n’entrerai pas ici, et je n’essaierai pas de changer la façon dont M. Armstrong a établi les doctrines »43—c’est exactement ce qu’ont fait les Tkach. Ils n’aimaient pas les doctrines, ils les ont changées, puis ont forcé à partir tous ceux qui n’étaient pas d’accord.

Quand nous avons rappelé ces déclarations à Helge, lors de sa déposition de 2002, il a dit que c’était différent, en 1979, parce que les dissidents attaquaient « de l’extérieur ».44 Mais, même dans ce cas, ces dissidents étaient, à l’origine, à l’intérieur avant que M. Armstrong ne les exclue pour tentatives de libéralisation des doctrines de l’Église. Dans tous les cas, une tentative de mainmise de l’extérieur n’est en aucune façon pire qu’un travail intérieur mené par une trahison comme celle de Judas.

Plus tard, en 1979, tandis qu’à nouveau il parlait lors d’une assemblée de l’Église, à Pasadena, Helge a dit : « Vous parlez de mépris. Vous parlez de mépris total. D’un côté, vous avez un homme [Herbert Armstrong] qui travaille toute sa vie avec le pouvoir et la puissance de Dieu pour édifier une Église, et de l’autre un certain dissident insignifiant qui veut contrôler M. Armstrong et l’Église. »45 Vous parlez d’une prophétie se réalisant pour soi-même ! Dix-neuf ans plus tard, Helge a déclaré sous serment, que M. Armstrong était employé par l’Église, que le conseil d’administration avait le contrôle sur le travail de M. Armstrong, et l’autorité, si nécessaire, pour l’exclure.

Le dernier acte de la carrière de Helge

Durant la déposition, Helge a dit que l’ÉUD lui avait laissé entendre qu’il serait bientôt mis à la retraite, et remplacé par Bernard Schnippert. Il semblerait que son dernier travail serait ce procès. Mark Helm l’a interrogé sur le projet d’e-publication, et sur la manière dont cela avait commencé. Helge a dit qu’il avait eu cette idée en 2001, alors qu’il lisait une revue, pendant le déjeuner. « Je venais juste de commencer à lire quand, dans un déclic, je me suis aperçu que c’est quelque chose à examiner. »46

En regardant, cependant, la chronologie, la décision d’e-publier semble avoir été beaucoup plus calculée que Helge ne l’a indiqué. Le 13 février 2001, Mark Helm informait les avocats de l’ÉUD que nous avions l’intention d’amender notre demande reconventionnelle afin d’alléguer qu’il nous serait futile de rechercher l’autorisation de l’ÉUD pour réimprimer les ouvrages de M. Armstrong. Nous désirions ajouter cela à notre dossier parce que le Neuvième Circuit, même en prononçant un jugement contre nous, laissait la porte légèrement entrouverte pour que nous puissions, possiblement, nous reposer sur le Religion Freedom Restoration Act. Et pour que le RFRA soit ajouté à notre demande reconventionnelle, nous devions montrer combien il serait futile d’obtenir une licence pour les ouvrages.

Le 16 février 2001, Ralph Helge a contacté Zondervan Publishing pour une évaluation sur « le montant de la licence ou le prix de vente pour les droits d’auteur sur la littérature que possédait l’Église. »47 Cela signifie que tout juste trois jours après que nous leur avons parlé de l’amendement de futilité, ils ont commencé à contacter des éditeurs pour en savoir plus sur les procédures et montants pour obtenir une licence pour leur littérature. C’était encore un autre stratagème pour compliquer les choses.

C’est plus tard, durant l’été, qu’ils ont commencé à déclarer, dans des enregistrements à la cour, qu’ils auraient, de tout temps, considéré le fait de nous donner licence pour les ouvrages. C’est aux alentours de cette époque que l’idée de l’e-publication a « produit un déclic » chez Ralph Helge. Lors de la déposition, Mark Helm a demandé s’il y avait quelqu’un d’autre, à l’ÉUD, impliqué dans le projet d’e-publication. « Pas à ma connaissance », a répondu Helge.48 Plus tard, après que nous avons demandé qui était responsable de la coordination de la promotion pour la vente des ouvrages de M. Armstrong sur l’internet, Helge a répondu : « C’était moi. »49

Voici donc un homme âgé sur le point de prendre sa retraite, qui avait travaillé dans le département légal de l’ÉUD pendant la majorité de sa vie d’adulte, à qui a été donnée la responsabilité du nouveau « département » d’e-publication de l’Église, établi uniquement dans le but de saper notre demande en futilité et « démontrer » que l’ÉUD n’avait jamais eu l’intention de supprimer, mais alors pas du tout, les ouvrages de M. Armstrong.

C’est pathétique, je sais. Mais dans le même temps, c’est une histoire fascinante parce qu’elle montre tout ce que nous avons appris en nous battant pour la vérité—même après avoir perdu au Neuvième Circuit. Pour autant qu’ils haïssaient l’idée, ils savaient que pour l’emporter, en toute objectivité, au tribunal, ils devaient convaincre un juge qu’ils utilisaient encore les documents de M. Armstrong. Ils ont donc menti à propos d’un projet d’annotation, et ont gagné au Neuvième Circuit. Et de manière à bloquer notre demande reconventionnelle, leur avocat maison a établi une nouvelle branche dans le département de la publication de l’Église, à la veille même de sa retraite.

Ils sont censés être des religieux—et, cependant, ils étaient décidés à faire ou à dire n’importe quoi aussi longtemps que cela leur permettait de gagner, au tribunal.

En même temps, voyez ce que nous les avons forcés à faire, tout simplement en leur faisant face. Au commencement du procès, rappelez-vous, Tkach Jr affirmait, avec arrogance, que la raison pour laquelle ils ont intenté ce procès, c’était pour « bloquer la publication, à nouveau, du Mystère des siècles ». Leur devoir, en tant que chrétiens, était de garder ce livre hors d’impression parce qu’ils croyaient que « les erreurs doctrinales de M. Armstrong seraient mieux, hors de circulation ». Deux ans plus tard, même s’il s’agissait d’un mensonge, ils ont parlé d’utiliser les documents de M. Armstrong, à nouveau. Deux ans après, ils ont parlé de licence, et ont fait suivre cela en rendant disponible la littérature de M. Armstrong, sur demande, par e-publication. En vérité, la littérature devait être préfacée par l’attaque de M. Feazell, ce que nous n’étions pas près d’accepter. Mais cependant, ils ont été forcés de faire des choses qu’ils n’auraient jamais imaginé faire, au début, simplement parce que nous étions disposés à combattre pour l’héritage de M. Armstrong.

La détermination, pleine de foi, de mon père commençait à les épuiser.

Bernard Schnippert

En tant que directeur des finances et de la planification de l’ÉUD, Bernard Schnippert a fait quelques commentaires intéressants sur la relation entre les revenus de l’Église et sa distribution de littérature. Avec M. Armstrong, a dit Schnippert, la distribution de littérature gratuite était destinée à accrocher les gens, par un schéma bien orchestré, pour collecter des fonds. « Si vous voulez amener quelqu’un au même état d’esprit que vous, vous commencerez par un endroit où vous pensez qu’il sera intéressé, et vous le mènerez où vous voulez qu’il aille... La progression des sujets est un modèle de psychologie. »50 Plus tard, il a dit : « Les livres de M. Armstrong, quand ils sont donnés, tendent à susciter des dons. Nous avons arrêté la distribution du Mystère des siècles en dépit du fait que nous savions, pour dire les choses grossièrement, que ça rapportait de l’argent. »51

C’est tout à fait différent de leur argumentation, de 1989—c’est-à-dire qu’ils avaient arrêté la distribution du livre à cause de son coût.

Schnippert a également élaboré sur la nouvelle approche de l’Église sous le Tkachisme—le paiement des abonnements pour la littérature de l’Église au lieu de la distribution gratuite. Il a dit : « Quand vous donnez de la littérature gratuite, et que vous dites aux gens qu’ils doivent payer la dîme, à la fin vous leur avez pris plus d’argent, en quelque sorte moins honnêtement, que si vous les aviez fait payer au premier abord.52 Bien entendu, comme Schnippert le sait bien, personne n’a jamais forcé les gens à faire volontairement des dons, à l’ÉUD. Mais c’est certainement la façon dont ils adorent faire le portrait de ceux qui suivaient M. Armstrong—des dupes sans esprit ayant subi un lavage de cerveau pour les amener à donner de l’argent—entre toutes choses—à une Église !

L’approche du Tkachisme, bien entendu—même s’il a provoqué un déclin rapide en membres de l’Église et en dons—est beaucoup plus honnête, selon les vues de Schnippert. Ils ont fait payer pour la nouvelle littérature, et ont retiré les mauvais documents de manière à « ne pas les utiliser sans sincérité » pour faire de l’argent alors qu’ils « n’y croyaient pas. »53 Cependant, maintenant qu’ils étaient au milieu d’un combat judiciaire au sujet de la « mauvaise » littérature, ils n’avaient aucun problème pour faire de l’argent sans sincérité, avec la littérature de M. Armstrong, aussi longtemps que le projet d’e-publication les aidait à gagner le procès. Schnippert a dit qu’ils pouvaient maintenant justifier le fait de profiter des ouvrages de M. Armstrong aussi longtemps que les écrits contenaient un « déni qui disait pleinement à tous que nous n’étions pas d’accord avec cela ».54 Ainsi, non seulement il a révélé le degré d’hypocrisie qu’il y avait derrière leur soi-disant courageuse action pour retirer ce qui rapportait, en 1989, de plus il admettait qu’ils ne rendraient pas les écrits de M. Armstrong disponibles sans une préface dénigrante. C’était, selon nous, un autre aveu énorme.

Plus tard, parlant de la préface, Schnippert a dit qu’ils l’ont rédigée aussi soigneusement que possible, de manière à « être respectueux à l’égard de M. Armstrong et de toute autre personne qui la lirait ».55 M. Helm a donc cité plusieurs déclarations de la préface, donnant à Schnippert l’occasion d’expliquer ce qu’il entendait par « respectueux ». Nous lui avons demandé s’il pensait que l’utilisation d’expressions comme « préjugés personnels » et « hameçon publicitaire » était flatteuse pour M. Armstrong. « Croyez-vous que les vues de M. Armstrong étaient le résultat de préjugés personnels ? » a demandé M. Helm.56

L’avocat de l’ÉUD, Miles Feldman, a objecté la question, et a demandé en quoi les vues personnelles de Schnippert étaient utiles au procès. Ce sont eux qui essaient d’introduire cette préface dans ce litige, avons-nous maintenu.

Un long échange s’en suivit alors avec M. Feldman menaçant d’en appeler au magistrat de la cour pour régler le problème, et M. Helm se plaignant que M. Feldman gaspillait du temps. « C’est un sujet sérieux », a dit M. Feldman, élevant la voix. « Et si vous m’accusez de mauvaise foi, je suggère que nous appelions le magistrat au téléphone, maintenant, et nous irons au fond de l’affaire ».57

Après que M. Feldman s’est calmé, M. Helm s’est tourné vers M. Schnippert :

Supposez que la littérature de l’ÉUD ait une préface qui dise que les doctrines de cette Église, sous Joseph Tkach Jr, sont bibliquement mal fondées, qu’il était un dictateur ignorant aux idées de cinglé, que ses vues n’avaient d’intérêt qu’en tant que curiosités historiques... Pensez-vous que ce serait un outil de marketing efficace pour votre littérature ?58

M. Feldman fulminait.

Mais tout cela était de leur fait. Ce sont eux qui ont introduit la préface, et qui ont ensuite insisté pour qu’elle soit mise dans chaque publication qu’ils nous ont soi-disant offerte comme un « bénéfice ». Ce sont eux qui ont mis la préface au centre du procès. Nous les avons donc pris à partie, et avons exposé le fait qu’ils sont coupables des choses même dont ils accusent M. Armstrong. Et quand ils ont été appelés à répondre de leur hypocrisie pharisaïque, ils ont été se mettre à l’abri comme des couards, se cachant derrière les objections de leur avocat : Inapproprié ! Discutable ! Sans rapport ! Ingérence dans la vie privée !

Mais nous n’étions pas sur le point de les laisser se décrocher de l’hameçon.

On pourrait penser que les deux côtés, dans cette bataille, s’écartaient un peu plus, au cours de cet été 2002—endurcis par la guerre exténuante des dépositions qui a eu lieu pendant deux mois. De ce que nous voyions en surface, les officiels de l’ÉUD étaient plus en colère et plus méfiants, de jour en jour.

Mais, à l’intérieur, ils étaient en profond conflit. Ils avaient les droits d’auteur pour la littérature de M. Armstrong, et ils étaient fous de rage à la pensée que notre petite Église—leur Némésis—obtienne le droit de distribuer ces ouvrages, particulièrement après que nous avions essayé de les « voler ».

D’un autre côté, ils ne voulaient pas être exposés au grand jour.

La préface de l’ÉUD s’est avérée être une formidable opportunité pour nous. Notre réponse vigoureuse, vis-à-vis d’elle, avait dit mon père au commencement de l’été, était la seule façon dont nous pourrions gagner.

Et il avait raison.

À suivre …