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Points incidents

La trompette

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Relever les ruines : La bataille pour faire revivre le legs de Herbert W. Armstrong (Chapitre Neuf)

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« Les vérités fondamentales de la Parole de Dieu sont contenues dans Le mystère des siècles. Mais il faut que nous soyons conscients que certains points périphériques ou incidents qu’il contient donnent l’occasion aux critiques de trouver des défauts au livre entier, et ces points peuvent, tout aussi bien, égarer les lecteurs. »

Joseph Tkach Sr

Pastor General’s Report, 14 février, 1989

Sans surprise, M. Tkach s’est prononcé contre la révision du Mystère des siècles. Bernie Schnippert a eu l’honneur de faire la première annonce officielle, le 2 décembre 1988—quoique seulement pour les employés impliqués dans la production et la distribution de la littérature. Il écrivait : « M. Tkach a décidé, en juin dernier, d’arrêter la distribution du Mystère des siècles [en fait, il a mis le livre en attente, le 13 mai, puis a mis le stock au rebut, le 2 juin] à cause de sections qui ne reflètent plus convenablement l’enseignement de l’Église sur certains sujets. »1 En réalité, la seule raison précise donnée dans les rapports précédents, c’était qu’il devait être révisé « pour mieux refléter l’enseignement de l’Église sur la guérison. »2 Maintenant, les raisons se sont élargies à « certains sujets ».

« Pour l’instant », écrivait Schnippert, « M. Tkach a décidé de ne pas réimprimer le livre. »3 Et avec cela, l’ÉUD a finalement rendu l’annonce officielle. Dans l’Église, la durée de vie du livre n’a été que de 32 mois—de septembre 1985 à mai 1988. Des années plus tard, l’ÉUD a passé deux fois plus de temps à nous combattre au tribunal pour garder le livre hors d’impression !

M. Schnippert a fourni cette explication dans son rapport de décembre 1988 : « Quand M. Armstrong a compilé Le mystère des siècles, il a tiré matière d’autres brochures, des brochures qui sont encore imprimées. En ce sens, Le mystère des siècles ne sera pas, en fait, ôté de l’impression puisque des parties le formant sont déjà contenues dans d’autres brochures. »4 C’est l’une des premières occasions où ils ont utilisé l’excuse « bien que nous ayons fait un changement, ce n’est pas réellement un changement ». Cette tactique sera répétée plusieurs fois durant trois ans supplémentaires, dans le but de cacher leur transformation doctrinale massive aux membres de l’Église. Schnippert a donné cet exemple pour soutenir le fait que Le mystère des siècles ne serait « pas, en fait, ôté de l’impression » :

La même sorte de situation existe avec L’Incroyable potentialité humaine. En 1982, M. Armstrong avait des sections du livre qui étaient sous forme de brochures. Votre avenir impressionnant, Ce que la science ne peut découvrir sur l’esprit humain, La nature humaine et Le merveilleux monde à venir—voici comment il sera… faisaient tous, à l’origine, partie de L’Incroyable potentialité humaine. M. Armstrong utilisait fréquemment ces brochures lors des émissions télévisées. Bien que L’Incroyable potentialité humaine ne soit plus imprimé en tant que livre, il est encore utilisé, en grande partie, sous forme de brochures.5

Le Tkachisme s’est accroché à cette excuse très tôt, et en a tiré tout ce qu’il pouvait. Le même message est disponible dans d’autres littératures, disait-il souvent.

M. Armstrong a bien extrait des passages de L’Incroyable potentialité humaine afin de produire des brochures plus petites pour l’émission télévisée. Mais dire que, à cause de ces brochures, « une bonne partie » du livre était encore publiée, c’était terriblement trompeur. Ensuite, utiliser la même excuse pour retirer Le mystère des siècles, c’était encore plus ridicule, à la lumière de la longue liste de changements qui ont été faits.

Après l’annonce de décembre 1988 de Schnippert, le traitement du courrier a indiqué à son personnel les procédures concernant le livre. « Les deux versions [reliée et brochée] du Mystère des siècles ont été retirées des stocks pour quelques mois »6mises au rebut ou détruites, en fait ! À ceux qui réclameraient le livre, il serait désormais envoyé une carte disant : « Cette publication n’est plus disponible, et il n’y a, pour l’instant, aucun projet de réimpression. »7

Préparer l’Église

Presque sept mois se sont écoulés entre le moment où Le mystère des siècles a été mis « en attente » et celui où ils ont dit qu’il n’y avait « aucun projet de réimpression ». Puis, après cela, il a fallu encore 60 jours à l’Administration de l’Église pour informer les ministres de la décision, et 20 autres jours pour le dire aux membres.8 Par contraste, Joseph Tkach Jr a exclu mon père le 7 décembre 1989, un an après qu’ils ont supprimé Le mystère des siècles, et la nouvelle de l’exclusion était en première page du Pastor General’s Report, tout juste 12 jours plus tard.9

Mais en décidant de ne pas réimprimer le meilleur et le plus populaire des ouvrages de M. Armstrong—même longtemps après la destruction de tous les exemplaires restants du livre—les dirigeants de l’église ont attendu presque trois mois avant de le dire aux membres. La raison pour laquelle ils ont pris tellement de temps, c’était parce qu’ils voulaient préparer l’église pour une annonce aussi stupéfiante.

Au début de 1989, M. Tkach Sr a écrit au ministère : « Un point sur lequel je veux insister, c’est celui qui concerne l’accent excessif mis sur M. Herbert Armstrong ou sur moi-même. Dans l’Église de Dieu, les dirigeants humains ne doivent jamais faire l’objet de révérence ou de dévotion avoisinant l’adoration. »10 Précédemment, nous avons noté la tentative de M. Tkach de rétrograder M. Armstrong post-mortem—et même de rejeter son rôle prophétisé en tant que l’Élie » du temps de la fin. Dans le même temps, M. Tkach a mis peu de temps pour assumer le rang spirituel d’apôtre, tout juste 10 mois après son accession au pastorat général. Ce qui est intéressant à propos de la susdite déclaration, c’est que M. Tkach se présente lui-même comme l’égal de M. Armstrong. Ne pas mettre un « accent excessif sur M. Herbert Armstrong ou sur moi-même » a-t-il dit. De ce que je me souviens, il a été le seul à mettre un accent excessif sur lui-même. M. Tkach a continué :

Il n’est pas approprié, par exemple, d’associer diverses Écritures à M. Armstrong ou à moi-même personnellement comme si notre direction a été spécifiquement prophétisée dans la Bible. Outre le fait d’être erronée et spirituellement présomptueuse, cette sorte de pensées ne sert qu’à faire paraître faussement l’Église de Dieu comme une secte idolâtre qui voue un culte à ses dirigeants humains.11

Je me rappelle Dean Blackwell prononçant autrefois un sermon au cours duquel il est allé dans Josué 1, comparant M. Tkach à Josué, qui a succédé à Moïse, anciennement. En dehors de références générales comme celle-là, je ne me souviens pas, de manière certaine, de ministre ayant associé des Écritures spécifiques à M. Tkach et à sa direction. Ce que M. Tkach voulait maintenant considérer comme un problème, c’était simplement une tentative pour minimiser l’importance de M. Armstrong tandis qu’il élevait la sienne, et cela d’une façon qui semblait à la fois humble et sage.

D’un autre côté, M. Armstrong, M. Tkach et à peu près tous les ministres à l’ÉUD avaient, pendant des d’années, associé diverses Écritures à M. Armstrong et à son leadership. Que M. Tkach veuille comparer cela à l’adoration d’un être humain est absurde. Jésus est celui qui a dit que Élie (et non pas « l’Église ») « doit venir, et rétablir toutes choses. »12 Était-il erroné et spirituellement présomptueux pour Jésus de dire cela ? Ou pour les disciples de croire cela ? Ils savaient que Jean-Baptiste était l’accomplissement, au premier siècle, de cette prophétie.13 En fait, M. Tkach a même dit que Jean-Baptiste était le messager prophétisé pour préparer la voie avant la Première venue du Christ. Était-il erroné et spirituellement présomptueux pour lui d’associer diverses Écritures à Jean-Baptiste—un simple humain ? M. Tkach vouait-il un culte à Jean-Baptiste ?

Le mystère des siècles a plus à dire sur diverses Écritures associées à M. Armstrong que tout autre livre ou brochure qu’il a écrits. M. Tkach a estimé ces sections du livre erronées et spirituellement présomptueuses. Ce que les membres ne savaient pas, à l’époque, c’était que M. Tkach croyait, à ce moment-là, que le livre entier avait tellement d’erreurs qu’un exemplaire révisé ne pouvait même pas être imprimé.

LE MYSTÈRE DES SIÈCLES révisé

Deux semaines après ses commentaires sur le fait d’associer des Écritures à des noms, M. Tkach a commencé le pgr en écrivant : « Je suis ravi d’annoncer que notre nouvelle brochure Qui était Jésus ?, écrite par Paul Kroll, est maintenant imprimée et prête à être postée ! »14 La publicité que l’Église a faite pour cette brochure n’est pas différente de celle que M. Armstrong a faite pour Le mystère des siècles quand il est sorti pour la première fois. Tous les membres et co-ouvriers ont automatiquement reçu un exemplaire. L’église a offert la brochure à la télévision. M. Tkach l’a également offert à tous les abonnés de la Pure Vérité, dans sa lettre semestrielle. Il a poursuivi, en disant : « Je crois que ce sera une de nos pièces de littérature les plus essentielles et les plus importantes alors que nous continuons à faire le travail de prédication et d’enseignement de tout l’Évangile de Jésus Christ—la bonne nouvelle inégalée au sujet du salut de l’humanité par Jésus, et Sa Seconde venue prophétisée pour établir le royaume de Dieu. »15

Le problème avec Qui était Jésus ? n’était pas tant le contenu (bien qu’il contienne des enseignements non bibliques), mais la nouvelle direction ou l’accent du message. Il s’éloignait du message que Jésus avait prêché, en réalité, pour mettre l’accent principalement sur le messager.

Dans Le mystère des siècles, M. Armstrong parle d’une « violente controverse » qui a éclaté dans les premières années de l’Église du premier siècle. Le conflit se centrait sur le fait de savoir si l’Église devrait proclamer l’évangile du Christ ou simplement un évangile au sujet du Christ. L’évangile au sujet du Christ l’a emporté—laissant seulement quelques fidèles proclamer le véritable évangile de Jésus-Christ.16 M. Armstrong donne des détails sur ce faux évangile aux pages 278-279 du Mystère des siècles.

Notre but dans le présent ouvrage n’est pas de vous aider à démontrer quel évangile est vrai. Qu’il suffise de dire que si M. Armstrong avait vécu assez longtemps pour comparer Qui était Jésus ? avec Le mystère des siècles, il aurait tiré cette conclusion en des termes très forts : Qui était Jésus ? est à propos du Christ, tandis que Le mystère des siècles contient le message du Christ—l’Évangile que Jésus-Christ a prêché.

Ce n’est pas une coïncidence si M. Tkach a retardé l’annonce relative au Mystère des siècles jusqu’après l’impression de Qui était Jésus ? Il avait besoin d’un remplaçant pour Le mystère des siècles. Il ne pouvait tout simplement pas, en toute conscience, faire tous les changements de rédaction nécessaires pour garder Le mystère des siècles en circulation. Et à côté de cela, tout le centre d’intérêt et l’intention de l’Œuvre de l’Église avaient changé. Rien ne reflète cela mieux que la comparaison de Qui était Jésus ? avec Le mystère des siècles. Ainsi, à la veille de l’annonce que Le mystère des siècles était maintenant mort et enterré, M. Tkach a dit qu’il a été ravi d’annoncer « qu’une de nos pièces de littérature les plus essentielles et les plus importantes » était maintenant prête pour la distribution. De cette façon, Qui était Jésus ? servait d’édition revue et corrigée du Mystère des siècles.

Comme c’était devenu habituel avec les changements majeurs dans l’Église, M. Tkach a fait annoncer l’interruption de la publication du Mystère des siècles par quelqu’un d’autre. Quoique M. Tkach ait personnellement commencé le PGR du 17 janvier avec l’annonce dont il était « ravi », à propos de Qui était Jésus ?, dans le numéro suivant il a délégué à Larry Salyer la tâche de parler au ministère au sujet du Mystère des siècles. Salyer écrit :

Le mystère des siècles est parmi les pièces de littérature les plus chères que nous ayons récemment publiées. Nous avons offert ce livre au public plusieurs fois par la télévision, la Pure Vérité, des lettres co-ouvrières et des lettres semestrielles. Bien que ce ne soit pas très précis de dire que nous ayons saturé notre audience avec ces offres, nous avons fait plus d’offres pour ce livre que pour n’importe quel autre, et l’avons distribué plus que n’importe quel autre livre, les quatre ans passés.17

En réalité, le livre avait été distribué moins de trois ans.

M. Salyer a ensuite donné une autre raison pour son retrait : « Parce que Le mystère des siècles couvre tant de sujets doctrinaux, et est si coûteux à publier, nous voulons bien évidemment qu’il soit très précis sur le plan théologique. Cela est important, également, parce que notre littérature fait face à un examen critique toujours plus approfondi de gens de l’extérieur ». On peut mettre à son crédit que, au moins en partie, il a donné la raison réelle, en indiquant que le livre n’était pas « très précis ». Mais plus bas, Salyer écrit : « Veuillez ne pas dire aux membres potentiels de réclamer des exemplaires du Mystère des siècles, parce que nous n’en avons pas en stock. Nous ne projetons pas d’en imprimer d’autres tant que les questions d’édition et de budget n’auront été résolues. »18 En réalité, ils avaient détruit tout le stock restant, et avaient dit aux employés qu’il n’y avait aucun projet de réimpression.

En analysant les commentaires de Salyer, on constate qu’il identifie trois raisons pour le retrait du Mystère des siècles : 1) trop cher ; 2) la distribution avait atteint un point proche de la saturation ; et 3) pas très précis sur le plan théologique.

Regardons ces trois raisons de plus près.

Trop cher

Dans sa déposition de 1998, M. Tkach Jr a soutenu l’évaluation de Larry Salyer, selon laquelle le livre était trop cher. « Il est beaucoup plus facile de donner 10 brochures qui coûtent dix cents chacun à produire que de donner un livre qui coûte 10 dollars à produire. C’est aussi simple que cela. »19 Mais les choses ne sont pas aussi simples qu’il l’a dit parce que Le mystère des siècles n’a jamais été aussi cher à produire. Quand Dexter Faulkner a demandé à Tkach Sr ce qu’il fallait faire des 120 000 exemplaires inutilisables, en 1988, il a dit que le coût de remplacement du livre serait « autour d’un dollar par exemplaire ».20 Avec cela à l’esprit, en utilisant le raisonnement hypothétique de Joe Jr, envoyer Le mystère des siècles aurait été plus rentable que d’envoyer 10 brochures.

Néanmoins, quand nous avons demandé si imprimer et distribuer le livre entraînait « une réduction des ressources financières » de l’Église, M. Tkach Jr a dit : « Absolument »21. Pourquoi, alors, cela n’avait-il pas entraîné une énorme réduction des ressources financières de l’Église, avant 1988 ? « Parce que les revenus étaient suffisants—suffisants pour pouvoir le faire », a dit Tkach Jr. Plus tard, même après avoir pris conscience que les revenus, en 1988, étaient en réalité une « des années records » de l’Église, Tkach Jr a maintenu l’excuse du « trop cher » : « … la dépense était une raison tout à fait équivalente aux erreurs dont nous avons d’abord été mis au courant, en 88 », a-t-il dit.22

Bien entendu, Tkach Jr devait dire cela ou bien admettre que Larry Salyer avait induit en erreur le ministère, en 1989. Cependant, un coup d’œil rapide sur les chiffres lève l’écran de fumée. Le coût pour imprimer et distribuer Le mystère des siècles n’était pas exorbitant—pas même quand il était comparé à celui pour 10 brochures—et certainement pas pour une organisation multimillionnaire, au sommet de ses revenus.

Proche du point de saturation

Écrivant dans le Pastor General’s Report neuf mois avant la mort de M. Armstrong, Joseph Tkach Sr a fait référence à un sermon que M. Armstrong avait récemment donné, dans lequel il mentionnait Le mystère des siècles. « Je sais que ce livre, a écrit M. Tkach, sera une autre étape majeure pour l’Église de Dieu, et la diffusion de l’Évangile dans le monde entier. »23

La vision de M. Armstrong, quant à l’impact de ce livre, était également universelle. « J’estime franchement que c’est peut être le livre le plus important depuis la Bible ! … Nous désirons atteindre la plus grande audience possible avec ce livre. »24

Il est vrai que l’Église a utilisé presque tous les moyens possibles pour promouvoir le livre une fois qu’il a été achevé en septembre 1985—la télévision, la littérature de l’Église, le courrier individuel, la publicité dans la presse, les librairies, etc. L’Église n’avait jamais distribué autant d’exemplaires d’un seul livre aussi rapidement.

Mais a-t-il atteint « la plus grande audience possible » dans sa courte vie d’environ 2 ans et demi ? Est-ce juste de dire que l’audience de l’Église avait été presque saturée avec des offres du livre ? S’est-il avéré l’étape majeure dans la prédication de l’Évangile dans le monde entier comme M. Tkach a dit que ce serait, en avril 1985 ?

La raison principale pour laquelle M. Tkach a développé son plan de « littérature fondamentale », en avril 1987, c’était parce qu’il y avait moins d’une douzaine de brochures disponibles dans toutes les langues—huit—dans lesquelles l’Église imprimait : en allemand, anglais, espagnol, français, hollandais, italien, norvégien et portugais. Et puisque l’anglais, à l’évidence, avait le plus de littérature disponible, M. Tkach ne pouvait pas voir l’Œuvre faire, réellement, une poussée « mondiale coordonnée » à moins que toute la littérature principale de l’Église ne soit disponible dans les huit langues. C’est pourquoi il a fixé le but de 50 pièces de littérature devant être imprimées dans les huit langues.25

Au moment où Le mystère des siècles avait été mis en attente au milieu de 1988, le livre avait été traduit et imprimé dans au moins six de ces huit langues. La première version traduite du Mystère des siècles, selon ce que nous avons trouvé dans le journal de l’Église, était la version française.26 Ils l’ont distribuée aux frères francophones à la fête des Tabernacles, en 1987—deux ans après que M. Armstrong a d’abord distribué la version anglaise du livre. La version française a été expédiée plus tard par la poste à 1 900 personnes qui l’avaient demandée. Leurs noms avaient été mis sur une liste d’attente jusqu’à ce qu’une version traduite soit disponible.

La version norvégienne du livre est sortie quelque temps après cette fête de 1987, en automne. L’impression initiale a été de 21 000 exemplaires. La publicité pour le livre a commencé dans la Pure Vérité norvégienne de mars 1988.27

Les versions italienne et espagnole du livre sont sorties le 26 février 1988. Il n’y a pas de mention dans le Worldwide News de la date d’impression des versions hollandaise et allemande. Mais jugeant du temps qu’il a fallu pour les quatre autres versions mentionnées ci-dessus, ce fut probablement en fin 1987 ou au début 1988.

Ce qui nous conduit au point essentiel. Seulement quelques mois après que ces traductions ont été finies et imprimées, M. Tkach a mis Le mystère des siècles « en attente » dans toutes les langues ! Ils venaient tout juste d’achever six de ces traductions quand tout le projet a été mis de côté parce que, selon Larry Salyer, on avait atteint un point proche de la saturation du point de vue de l’audience ! Cela ne pourrait, en aucune façon, être vrai pour les régions de langue étrangère.

Deux mois avant les commentaires de Salyer, quand Bernie Schnippert a parlé du retrait aux employés du siège central, il a admis :

Nous sommes tous conscients que cette décision aura son impact le plus grand dans les régions non anglophones qui n’ont certainement pas autant de parties du Mystère des siècles imprimées dans d’autres brochures, comme nous en anglais. On a considéré ce fait très soigneusement avant que la décision ne soit prise. Mais nous croyons qu’avec le temps la nouvelle production de brochures fondamentales augmentera tout le stock international au point que les éléments essentiels de nos enseignements, même si ce ne sont pas les mots exacts utilisés dans Le mystère des siècles, seront disponibles dans toutes les régions.28

Les « mots exacts » du Mystère des siècles disponibles dans d’autres littératures ?

Au moins a-t-il reconnu le grand impact que cette décision aurait dans les régions non anglophones. Schnippert continue : « C’était un cas où le besoin d’une approche unifiée, et de considérations d’exactitude, devait l’emporter sur des circonstances individuelles. »29

Pourtant tout le but de la littérature fondamentale, c’était afin que l’Œuvre puisse « réaliser un effort médiatique mondial vraiment unifié et coordonné ».30 Comment Le mystère des siècles ne pourrait-il pas être considéré comme une publication « fondamentale » ? Le mystère des siècles est un résumé magnifique de toute l’œuvre et de tous les enseignements de M. Armstrong. Avoir ce livre disponible dans les huit langues, ce qui était presque le cas, aurait été un pas majeur pour l’Œuvre dans la diffusion de l’Évangile dans le monde entier. C’était le but de M. Tkach dans cette initiative de littérature fondamentale. Mais la version anglaise est la seule à avoir décollé—et même dans ce cas, cela a été de courte durée.

Selon Roger Lippross, le directeur de la production de la littérature de l’ÉUD, à l’époque, l’Église a distribué 1.245 million d’exemplaires des éditions reliées et brochées du Mystère des siècles. 31 En comparaison, l’Église a distribué plus de 3 millions d’exemplaires des Sept lois du succès et 6 millions d’exemplaires des Anglo-Saxons selon la prophétie.32 M. Armstrong désirait qu’il atteigne « la plus grande audience possible », et le livre n’est allé qu’à moins de la moitié du nombre de personnes qui ont reçu Les sept lois du succès.

Oui, la distribution du Mystère des siècles a connu un début phénoménal. Oui, c’était le livre qui avait connu le plus grand succès dans l’Église. Mais il n’avait certainement pas atteint un point proche de la saturation. En fait, la demande incroyable pour le livre, pendant 32 mois, rend la décision de le supprimer beaucoup plus ridicule !

Presque une année après que la distribution du Mystère des siècles a été arrêtée—après avoir été distribué à tous les membres de l’Église, offert dans l’émission télévisée et également aux lecteurs de la Pure Vérité—Richard Rice a écrit dans le Pastor General’s Report :

Les commentaires que nous continuons de recevoir à propos du Mystère des siècles montrent qu’il a toujours un impact puissant dans la vie de beaucoup de gens. Les lecteurs considèrent ce livre comme le sommet des écrits de M. Armstrong. Les membres disent souvent qu’ils n’ont jamais vu le plan de Dieu déroulé aussi clairement que dans les pages de ce livre.

Beaucoup de personnes qui n’avaient jamais été intéressées par la religion auparavant ont été poussées à demander des visites ministérielles après l’avoir lu. … Le mystère des siècles continue d’être un outil efficace pour la diffusion de l’Évangile.33

Insinuer que le livre avait achevé sa course, saturant presque l’audience de l’Église, alors qu’il s’envolait toujours des étagères, est clairement malhonnête. La raison pour laquelle l’Église universelle de Dieu a arrêté la distribution de sa pièce de littérature la plus populaire, c’est parce qu’elle a cru qu’il avait tellement de défauts sur le plan doctrinal qu’il ne pouvait tout simplement pas être révisé sans être transformé en un livre complètement différent.

Pas très précis

Larry Salyer a présenté ce qui suit comme exemple de ce que Le mystère des siècles n’était pas « très précis sur le plan théologique » :

Dans le chapitre 2, à la page 70 (page 59 de l’édition brochée), nous trouvons la déclaration suivante : « Quel était l’objectif suprême de Dieu pour les anges ? Sans aucun doute, c’est ce qui, maintenant, en raison de la rébellion angélique, est devenu le potentiel transcendant des humains. » L’impression peut être perçue par certains que Dieu allait initialement se reproduire par des anges et, puisqu’ils avaient échoué, l’occasion avait été donnée aux humains.34

En réalité, M. Armstrong est tout à fait clair dans son livre : c’était à cause de la rébellion angélique, que Dieu avait entrepris de se reproduire par l’homme. Il écrit :

Afin d’accomplir le dessein magistral qu’Il avait prévu pour le vaste univers, Dieu comprit qu’Il ne pourrait compter sur personne d’autre que sur la Famille Dieu. …

C’est alors que Dieu décida de se reproduire par des êtres humains, faits à Son image et selon Sa ressemblance, mais qui seraient composés de chair et de sang—sujets à la mort s’ils pèchent sans se repentir. Néanmoins, ces êtres humains auraient la possibilité de naître dans la Famille divine, après avoir été engendrés par Dieu le Père. Dieu vit que cela pourrait s’accomplir grâce au Christ qui s’est offert Lui-même pour exécuter ce dessein.35

M. Armstrong est revenu, à plusieurs reprises, sur ce point, et a confirmé avec des passages scripturaires, comme Hébreux 1 : 1-8, que Dieu n’a jamais offert cette potentialité aux anges.

Ce avec quoi le Tkachisme avait un problème, dans la citation ci-dessus, c’était le fait que Dieu ait décidé d’atteindre Son but par l’homme à cause du péché angélique. Ils n’ont eu aucune difficulté à accepter le fait que Dieu ait initialement créé un homme pré-adamique, semblable à l’animal et doué de compétences architecturales. Mais que M. Armstrong ose enseigner que l’homme avait été créé sur Terre pour réussir là où les anges avaient échoué leur était insupportable !

M. Salyer dit : « Un autre sujet de préoccupation, c’est la sensibilité entourant toute discussion sur les races. »36 Bien entendu, une grande partie de ce que M. Armstrong avait à dire sur les races avait déjà été ôtée de la version brochée. Cela ressemble donc à de la chicanerie.

En dehors de la citation donnée plus haut, et des déclarations délicates faites quant à la race, la seule autre inexactitude à laquelle Salyer s’est attaqué, c’était la façon dont M. Armstrong « citait librement » Les Deux Babylones d’Alexander Hislop.37 En fait, M. Armstrong fait référence à Hislop à deux occasions, et ne le cite pas une seule fois.

Le tout, pour peu que cela ait eu quelque valeur, aurait dû être considéré comme des points secondaires qui auraient pu être facilement réparés (en supposant, bien évidemment, qu’il y ait eu de telles erreurs, en premier lieu). Mais souvenez-vous, Le mystère des siècles était « en attente », depuis plus de six mois, d’une possibilité d’être révisé avant que M. Tkach ne décide de le retirer de la distribution, de manière permanente.

Finalement, M. Tkach parle

Neuf mois après avoir demandé à Bernie Schnippert de mettre le livre en attente, M. Tkach a finalement abordé le sujet du statut du Mystère des siècles. Il s’est d’abord adressé aux ministres dans le Pastor General’s Report puis aux membres, une semaine plus tard, dans le Worldwide News. M. Tkach a commencé son article en disant : « Il est d’une importance cruciale que l’Église de Dieu ne soit jamais dans une position consistant à continuer de diffuser ce qui peut induire en erreur ou de publier de la documentation inexacte, une fois que nous en avons pris conscience. Dieu attend que nous croissions continuellement en compréhension et en connaissance. M. Armstrong renforçait souvent ce concept. »38 Arrivé à ce point, on était aussi proche que possible de ce que chacun d’entre eux voulait dire sur la raison réelle du retrait du livre. Il contenait des choses qui pouvaient « induire en erreur » et de la documentation « inexacte ». Mais en supprimant ces erreurs supposées, M. Tkach disait qu’il ne faisait que suivre l’exemple de M. Armstrong. Cette excuse serait utilisée à plusieurs reprises dans les années qui ont suivi : M. Armstrong a fait des changements, et nous aussi en faisons—où est le problème ?

M. Tkach a ensuite minimisé la signification des erreurs dans Le mystère des siècles.

Les vérités fondamentales de la Parole de Dieu sont contenues dans Le mystère des siècles. Mais nous devons comprendre que certains des points périphériques ou incidents qu’il contient donnent l’occasion aux critiques de trouver des défauts au livre entier. Certains de ces sujets tendent, également, à induire les lecteurs en erreur, si on n’y prend pas garde, sur quelques points.39

Mais c’était les Tkach qui induisaient les gens en erreur ! Tous ceux qui étaient proches d’eux savaient ce qu’ils pensaient du Mystère des siècles : il était « criblé d’erreurs ». Cependant, en disant aux membres pourquoi le livre était supprimé, il parlait de points « incidents » qui pourraient donner une fausse impression aux critiques.

M. Tkach n’a donné aucun détail sur les « points périphériques ou incidents » qui nécessitaient le changement. Au lieu de cela, il a consacré beaucoup de temps à expliquer combien une grande partie de la littérature de l’Église était devenue « daté ».

Le mystère des siècles—démodé ?

« Nous devons … affronter le fait, a écrit M. Tkach, que la littérature écrite dès les années 1950 n’a pas toujours le même impact aujourd’hui qu’elle en avait sûrement à l’époque ». Il continue :

M. Armstrong expliquait la vérité à des auditeurs différents ayant différentes sortes de compréhension par rapport à aujourd’hui, dans les années 1990. Il nous appartient maintenant, à mesure que Dieu nous guide, de présenter la vérité de Sa Parole dans un format qui atteindra les gens dans un monde qui a voyagé, les 30 à 35 ans passés, sur la route de la laïcité et de l’ignorance spirituelle, et qui regarde au-delà de la dernière décennie de ce siècle.40

Plus tard, après avoir expliqué comment ils avaient jeté un « sérieux regard » sur l’ensemble de la littérature de l’Église, M. Tkach a écrit : « Une façon de présenter les choses, qui a fonctionné en 1959, peut avoir moins d’impact sur un lecteur en 1989. »Tout naturellement, il a continué en disant que ce processus de mise à jour serait difficile pour certains membres de l’Église.

Je suis sûr que vous ressentez, comme moi, une certaine répugnance nostalgique à réviser ou à retirer quelques-unes des brochures que l’Église a utilisées pendant des années, et à partir desquelles nous avons tous appris et grandi. Mais un changement salutaire fait partie de la croissance, quelque chose qui a longtemps été une partie essentielle de la production de la littérature de l’Église.41

M. Tkach a conclu en faisant cette comparaison incroyable : « Personne n’arguerait le fait que nous devrions toujours produire des brochures du passé tels 1975 selon la prophétie ou Hippies—hypocrisie etbonheur’ ».42

Il a, en fait, assimilé le retrait du Mystère des siècles à l’arrêt de la distribution de Hippies—hypocrisie et « bonheur ». M. Armstrong a fini Le mystère des siècles moins de trois ans avant que M. Tkach ne supprime le livre. Qu’il aille jusqu’à suggérer que ce livre était démodé en 1989 est vraiment ridicule.

Le mystère des siècles n’est pas une brochure attaquant un mal social qui se déroulait en 1963. Ce n’est pas non plus une brochure décrivant des tendances prophétiques jusqu’en 1975. Le mystère des siècles est un livre de 363 pages expliquant toutes les croyances de l’Église—chaque doctrine majeure ! En fait, ce qui est le plus notable à propos du livre, c’est le contenu qui est vraiment intemporel.

M. Tkach a écrit : « J’ai entendu quelqu’un dire : ‘Mais, nous ne laissons plus aucune place à M. Armstrong.’ Quel manque de vision et de perspicacité ! » En réalité, cet homme, quel qu’il soit, s’est révélé tout à fait visionnaire. « L’enseignement de M. Armstrong fera toujours partie de nous », a insisté M. Tkach, même si Le mystère des siècles, l’Incroyable potentialité humaine et Les Anglo-Saxons selon la prophétie avaient déjà été retirés pour de bon.43

La raison véritable

En réunissant les commentaires de Bernie Schnippert, Larry Salyer et Joseph Tkach, nous avons maintenant les cinq raisons suivantes, données en 1989, pour le retrait du Mystère des siècles : 1) contenu disponible dans d’autres littératures ; 2) trop cher ; 3) distribution proche du point de saturation ; 4) contenu démodé ; et 5) points périphériques ou incidents incorrects.

Cependant, les preuves documentées font ressortir une raison—et une seule : le Tkachisme avait des problèmes majeurs avec les enseignements doctrinaux du livre, au début de 1988. Remarquez ce que l’Administration de l’Église a dit au ministère, quelques mois après que toutes ces excuses ont été données :

Apparemment, un certain nombre de ministres ont recommandé de la littérature obsolète à des membres potentiels. Ces recommandations incluent deux livres, L’Incroyable potentialité de l’homme et Le mystère des siècles, et la brochure Le Livre de l’Apocalypse enfin dévoilé [retirés de la distribution, en décembre 1988]. Cela crée, évidemment, une situation inconfortable quand il est dit à ces [membres potentiels] que cette littérature recommandée n’est pas imprimée.

Veuillez consulter les listes, mises à jour, de la littérature actuelle que nous publions deux fois par an avant de recommander un livre ou une brochure.

De plus, il est inapproprié de photocopier et de distribuer des articles obsolètes. Si la littérature n’est pas dans l’index actuel de littérature, elle ne devrait alors pas être utilisée.44

Examinez, à nouveau, les cinq raisons pour lesquelles ils ont cessé de distribuer Le mystère des siècles. On ne peut logiquement citer aucune d’entre elles comme raison pour laquelle quelqu’un ne pourrait pas au moins obtenir une photocopie—ou possiblement emprunter le livre. La raison pour laquelle la littérature obsolète ne devait pas être utilisée, quelles que soient les circonstances, c’est parce qu’elle était fausse, sur le plan de la doctrine ! Elle était « criblée d’erreurs », comme Tkach Jr l’a dogmatiquement déclaré, en privé, plus tard cette année-là.

Alors que je travaillais sur ce chapitre, quelqu’un m’a expédié un courrier électronique envoyé à l’ÉUD, le 27 juin 2003, posant cette question : « Pour quelle raison l’Église a-t-elle, réellement, cessé de distribuer l’enseignement de Herbert Armstrong ? »

Paul Kroll a répondu trois jours plus tard : « La raison pour laquelle l’Église universelle de Dieu devait cesser de distribuer beaucoup de ces enseignements, c’étaient parce qu’ils avaient des erreurs, selon une perspective biblique, et certaines d’entre elles étaient d’ordre juridique, par nature. »45

Si seulement ils avaient été aussi honnêtes en 1989 !

À suivre …