
LA TROMPETTE
Le programme
Lire le chaptire précédent : Points incidents
« Un de nos plus grands défis a été d’essayer d’expliquer ces réformes doctrinales à l’extérieur tout en maintenant notre crédibilité à l’intérieur, et certains groupes ont énormément gêné nos efforts par ce qu’ils rapportaient. »
—Joseph Tkach Jr
Transformée par la vérité
Le 17 décembre 1994, Joseph Tkach Sr a prononcé un sermon historique, mettant en évidence les changements doctrinaux de grande portée qui gravitaient autour d’une « nouvelle » compréhension (en fait, courante) de l’ancienne et de la nouvelle Alliances. Selon son fils, « cela a convaincu, une fois pour toutes, les sceptiques à l’intérieur de notre Église, que les changements étaient réels et qu’ils étaient permanents. »1 Plus bas, il écrit :
Beaucoup de nos membres n’ont pas cru que les changements qu’ils voyaient dans l’Église étaient réels. Tout comme les évangéliques ont eu du mal à croire que l’Église universelle de Dieu s’était dirigée vers l’orthodoxie, beaucoup de nos membres ont eu du mal à croire que leur Église s’écartait de ses doctrines particulières distinctives.2
Pourquoi leurs propres membres auraient-ils été sceptiques sur le fait que les changements étaient « réels » ? Pourquoi trouveraient-ils difficile de croire que l’Église s’éloignait de ses enseignements passés ?
C’est parce que, après avoir fait les changements, les Tkach ont ensuite assuré aux membres que rien n’avait réellement changé. Et quand les rumeurs disaient que plus de changements allaient avoir lieu, les Tkach ont continué à dire : « Nous ne changerons jamais cela »—jusqu’au moment où, en fait, le changement était effectué.
Le changement concernant l’ancienne et la nouvelle Alliances est un bon exemple. Durant l’année 1994, Tkach Sr a véhémentement démenti les rumeurs selon lesquelles l’Église était sur le point de supprimer son enseignement sur l’observance du Sabbat, des jours saints et de la loi.
M. Tkach a prononcé un sermon, à Pasadena, le 30 avril 1994 (dont une cassette a été, plus tard, passée dans toutes les congrégations de l’ÉUD), dans lequel il dénonçait les « colporteurs de rumeurs ».
Ils n’ont pas de componction du tout, en ce qui concerne l’exagération. Comme je le lisais dans cette liste de rumeurs qui circulent : Nous allons commencer à observer Noël, nous allons changer la Pâque, et nous allons faire des changements pour plaire aux protestants afin d’obtenir l’accréditation… Nous allons supprimer le Sabbat, nous allons supprimer les jours saints et nous allons supprimer la loi.3
Lors des cérémonies du Ambassador College, le 20 mai 1994, M. Tkach a cité Ted Koppel : « Ce que Moïse a descendu du Sinaï, ce n’était pas les dix suggestions. Ce sont des commandements. » M. Tkach a dit :
Notez qu’il a dit ce sont et non pas c’était, parce qu’ils sont encore en vigueur, aujourd’hui, en dépit de ce que d’autres nous accusent de dire—« que nous abandonnons la loi et les Commandements de Dieu ». À nouveau, je dis : « bêtises » !4
Dans un article, écrit aux environs de la même époque, M. Tkach a assuré aux membres de l’Église que
nous sommes également engagés à maintenir toutes les voies de Dieu, et à y marcher, y compris l’observance du Sabbat, le quatrième des Dix Commandements, aussi bien que les Fêtes annuelles, durant lesquelles nous célébrons le plan de rédemption et de salut de Dieu pour l’humanité par Jésus-Christ.5
Plus tard, cette année-là, le 12 novembre, M. Tkach a fait plusieurs autres fortes déclarations, dans un sermon, à Pasadena : « Bien sûr que oui, nous devrions observer la loi » ; « Je n’essaie pas de minimiser l’importance de la loi » ; « Je n’essaie pas de minimiser l’importance du Sabbat. »6
Trois semaines plus tard, parlant à Washington D.C., M. Tkach posa la question : « Cela signifie-t-il que nous ne sommes plus obligés d’obéir à la loi ? » Sa réponse : « Loin de là ! » Il a dit, plus tard : « Le Christ dit que l’Évangile du Nouveau Testament n’est pas contraire à la loi de l’Ancien Testament ou n’est pas en contradiction avec elle, que ce soit quant au sens, à l’aspect ou à la forme. »7
Ensuite, le 17 décembre—tout juste deux semaines plus tard, et après une série de dénonciations contre ceux qui répandent des « mensonges » et des « rumeurs »—M. Tkach a supprimé les enseignements de l’Église sur les viandes pures et impures, sur la dîme, sur le Sabbat, sur l’observance des jours saints et sur la loi. Cela, d’après le livre de Tkach Jr, quand les sceptiques dans l’Église ont finalement su que les changements étaient réels !
Est-ce étonnant la raison pour laquelle les membres de l’Église aient pu penser que de tels changements n’auraient jamais lieu ?
Exode en masse
Après le sermon de M. Tkach sur « l’ancienne Alliance et la nouvelle Alliance », quelque 20 000 personnes ont quitté l’Église universelle de Dieu. Beaucoup d’entre elles se sont mises dans l’Église unie de Dieu, récemment établie—dirigée, à l’origine, par David Hume. Dans sa lettre de démission, à M. Tkach, M. Hume écrit :
Il y a plusieurs mois, vous m’avez dit : « Cette Église a été beaucoup trop ‘Ancien Testament’, mais je ne pouvais dire cela aux membres. Non, pendant cinq ans. » J’ai été surpris à l’époque, mais ne sachant ce que vous vouliez dire exactement, j’ai laissé cela de côté. Depuis lors, j’ai remarqué que vous avez souvent répondu par un déni catégorique aux accusations selon lesquelles il y a un programme pour des changements doctrinaux. Cependant, lors d’une discussion avec un ministre, en décembre dernier, vous avez décrit le changement sur le paiement de la dîme—qui se calculerait sur le net plutôt que sur le brut (annoncé dans le PGR du 6 décembre 1994)—comme simplement un « tremplin » pour les dîmes volontaires. Cela ressemble assurément à un programme. Comme vous le savez, beaucoup ont craint que ce « programme » ne concerne un mouvement vers le courant protestant.8
M. Hulme était au siège central depuis un certain temps—dirigeant, pendant de nombreuses années, le département des Communications et des Affaires publiques, à Pasadena. En fait, durant la fin des années 1980 et le début des années 1990, M. Hulme était souvent celui qui contactait les organisations extérieures pour les informer des changements « positifs » dans l’Église. L’Église, à cette époque-là, voulait désespérément ôter l’étiquette de « culte » que beaucoup de groupes extérieurs lui avaient mise. Ainsi, M. Hulme ne saurait, en aucune façon, être considéré comme un ultraconservateur. Au tout début, il était un fervent partisan des changements de l’Église—du moins si on en juge par ses commentaires, en tant que porte-parole de l’Église. Cependant, vers 1995, même lui a conclu que les Tkach avaient un programme dès le commencement. David Hulme continue :
Le fait que [M. Armstrong] vous ait choisi sur la base de la continuité de la doctrine, et de la pratique, alors que vous pensiez de manière très différente, jette dans mon esprit de sérieux doutes quant à savoir s’il vous aurait désigné s’il avait connu vos croyances. Que vous différiez tant de votre prédécesseur explique pourquoi presque chaque changement doctrinal et administratif m’a fait vous informer que quelque chose allait très mal. Ce n’est qu’à la lumière de vos commentaires sur Richard Plache et Al Carozzo, cependant, que j’ai tout compris. Apparemment, vous et moi n’étions pas d’accord au premier abord. Je pensais que vous souteniez M. Armstrong, mais il apparaît maintenant que ce n’était pas le cas. De votre propre aveu, vous ne faisiez qu’attendre votre heure.
Il n’est pas étonnant que mes nombreuses protestations à propos des changements radicaux n’aient jamais eu de réponses, et les changements se sont poursuivis comme si aucune information n’avait été donnée. Et vous avez continué à insister sur le fait que rien n’a, en réalité, beaucoup changé. Pourquoi ? Avant décembre 1994, avez-vous pensé qu’il était opportun de faire une publicité impressionnante sur le fait que rien n’avait réellement changé dans le point de vue de l’Église sur la loi ? L’heure n’avait-elle pas encore sonné ?9
Comme nous l’avons noté à la fin du chapitre 6, M. Tkach a répondu en admettant qu’il y avait un programme, mais que c’était le programme du Christ. Comme si Jésus-Christ avait, de manière répétée, essayé de tromper les membres de l’ÉUD par des mensonges et de l’hypocrisie.
« Veuillez être honnête »
Trois mois après l’exclusion de mon père, Dennis Leap, un ancien local de l’ÉUD, servant à Buffalo, dans l’état de New York, a démissionné de son poste, et a rejoint l’Église de Philadelphie de Dieu. Il a envoyé une lettre aux frères de l’ÉUD de sa région pour leur apprendre la raison pour laquelle il s’en allait. Dans sa lettre, M. Leap donnait trois raisons de son départ : 1) l’arrêt du Mystère des siècles par l’ÉUD ; 2) les changements drastiques dans les doctrines fondamentales de l’ÉUD ; et 3) les compromis avec la vérité, de manière à gagner la faveur du monde.
M. Leap était le premier ministre de l’ÉUD à la laisser après l’exclusion de mon père et de M. Amos. C’était donc une grande nouvelle pour notre petite Église. Et je suis sûr que cela a ennuyé les officiels de l’ÉUD, à Pasadena. Joseph Tkach Jr a décidé de répondre, personnellement, à la lettre de M. Leap, le 20 avril 1990. Il écrit :
Votre premier point concernait notre arrêt de distribution du Mystère des siècles… Ce livre a été arrêté parce que nous avons plus de moyens économiques pour fournir exactement le même message aux abonnés et aux membres. Le message doctrinal du livre n’est pas changé ou arrêté.10
Jésus-Christ dirait-Il qu’« exactement le même message » était donné, quatre mois après avoir exclu deux ministres, et avoir dit que le livre était « criblé d’erreurs » ?
Tkach Jr continue, réprimandant M. Leap : « Ne prétendez pas aux autres que vous continuez à suivre la voie de M. Armstrong. Veuillez être honnête à ce sujet. »11 Combien cette déclaration est devenue ironique ! Il est maintenant clair que cette accusation, c’était précisément ce que le Tkachisme faisait, à l’époque où Tkach Jr écrivait cette lettre—il donnait, de manière malhonnête, l’impression qu’il continuait dans les pas de M. Armstrong. Tkach Jr écrit : « Aucun des ‘sept mystères’ expliqués dans [le Mystère des siècles] n’a été changé ou rayé. »12 Le livre était criblé d’erreurs et avait trop d’imperfections doctrinales pour être réimprimé ou même révisé, cependant Tkach Jr dit qu’aucun des sept mystères n’a été changé ou rayé !
Jésus-Christ n’aurait pas donné cette fausse impression.
Appliquer les Écritures à des noms
Les Tkach ont, également, été malhonnêtes et trompeurs dans la façon dont ils ont changé l’enseignement sur le fait d’appliquer les Écritures à des noms. Sept mois avant la mort de M. Armstrong, M. Tkach Sr a identifié M. Armstrong comme l’Élie prophétisé qui est venu, dans ce temps de la fin, pour rétablir toutes choses.13 Il a confirmé, de nouveau, cet enseignement peu après la mort de M. Armstrong, quand il a dressé la liste des « 18 vérités », dans le journal de l’Église, le Worldwide News. Dans cet article, il fait référence à M. Armstrong comme à « quelqu’un qui viendrait dans l’esprit et la puissance d’Élie », et qui a restauré « toutes choses pour l’Église ».14
Puis, comme nous l’avons noté au chapitre 7, le 9 février 1988, M. Tkach a expliqué la prophétie de l’Élie du temps de la fin, de manière très différente ; personne, dans l’Église, ne l’avait jamais expliqué de cette façon ! Il a dit que « l’Église » remplit, maintenant, le rôle de l’Élie du temps de la fin15, et il a « refilé » cela aux membres, comme si c’était quelque chose que nous avions toujours su et cru.
Le 3 janvier 1989, M. Tkach est allé encore plus loin—disant qu’il n’était « pas approprié » d’appliquer des écritures à M. Armstrong, comme si sa direction était prophétisée dans la Bible. Dans sa lettre de 1990, à M. Leap, Tkach Jr explique ce que son père voulait dire, en disant que ce n’était pas approprié :
La question n’était pas de savoir si les prophéties de l’Élie du temps de la fin s’accomplissaient. En effet, la littérature de l’Église avait mentionné pendant très longtemps que ces prophéties étaient accomplies par « l’Œuvre ». M. Armstrong, en tant que dirigeant humain de l’Église, avait, bien évidemment, un rôle primordial dans l’accomplissement de la tâche prophétisée. Il n’a pas, cependant, prétendu avoir rempli, de manière exclusive, le rôle de l’Élie du temps de la fin, dans l’accomplissement des choses…
M. Armstrong a illustré son appel et son œuvre en comparant cela à l’œuvre d’Élie, et de Zorobabel, en leur temps. Les leçons peuvent être illustrées par ces comparaisons. Mais, certains sont allés beaucoup plus loin que M. Armstrong, lui-même, dans ce domaine…
Il se peut que vous soyez surpris d’apprendre qu’il n’y a jamais eu une doctrine de l’Église selon laquelle des noms d’hommes devraient être appliqués aux Écritures. Il n’a jamais été demandé à aucun membre de l’Église de croire que M. Armstrong était « Élie » ou « Zorobabel », pour être bien considéré. M. Armstrong se serait hérissé d’indignation si quelqu’un avait essayé de demander cela ! Il connaissait la différence entre une illustration et une doctrine…
Tandis que nous tentions de réduire les spéculations sur des individus accomplissant des rôles prophétiques précis, il n’y a pas eu de changement doctrinal fondamental, dans ce domaine. Il a toujours été su que Josué et Zorobabel étaient, essentiellement, typiques du Christ. »16
Tout d’abord, alors que M. Armstrong reconnaissait, de manière certaine, l’indispensable rôle de l’Église, qui le soutenait, il a bien, néanmoins, enseigné que son poste précis et son rôle précis étaient prophétisés dans les Écritures, comme cela est reflété dans le passage suivant :
Rappelez-vous, Dieu fait les choses en deux étapes… Tout comme Jean-Baptiste a préparé le chemin, dans le désert physique du Jourdain, pour la Première venue de l’humain Jésus (à la fois humain et Dieu), venant alors dans Son temple physique, et au sein de Son peuple physique Juda, pour annoncer le royaume de Dieu devant être installé plus de 1 900 ans plus tard, de même, Dieu utiliserait un messager humain dans le désert spirituel de la confusion religieuse du 20e siècle, pour être une voix proclamant l’Évangile du royaume de Dieu, à propos du Christ spirituel, venant avec la puissance et la gloire suprêmes dans Son temple spirituel pour établir, en fait, ce royaume spirituel de Dieu…
Cela est-il arrivé, à votre époque, et Dieu vous a-t-Il fait prendre part à cet accomplissement prophétique ?
Quelqu’un d’autre l’a-t-il fait ?17
Comme M. Armstrong l’a expliqué, dans Le mystère des siècles, cela fonctionne comme une équipe organisée—avec l’entraîneur et les joueurs, dépendant mutuellement les uns des autres. Mais il n’y a qu’un dirigeant—qu’un apôtre. Et pendant de nombreuses années, l’Église a enseigné que plusieurs prophéties faisaient référence, directement, au poste et à l’œuvre de M. Armstrong—et ensuite secondairement, ou indirectement, à l’Église. L’administration Tkach a confirmé ce fait avant et après la mort de M. Armstrong.
Puis, le 9 février 1988, M. Tkach Sr a dit que la prophétie « d’Élie » faisait référence à l’Église en général— de l’ère d’Éphèse, au premier siècle, jusqu’à maintenant. Il n’a même pas fait mention de M. Armstrong comme partie de l’accomplissement ! Ensuite, dans sa lettre adressée à Dennis Leap, M. Tkach Jr a faussement déclaré que l’ÉUD a toujours enseigné cela, en disant qu’il n’y avait eu « aucun changement doctrinal fondamental dans ce domaine ».
Pas seulement une analogie
Dans un numéro du Worldwide News de 1991, dans un article de David Hunsberger, nous retrouvons la même fausse impression perpétuée plus d’une année après la lettre de Tkach Jr à Dennis Leap. M. Hunsberger écrit : « [Gerald Flurry] dit que M. Armstrong était l’Élie prophétisé... »18 En effet, et c’est ce qu’a dit M. Tkach—sans compter M. Armstrong, Gerald Waterhouse, et n’importe quel autre ministre bien connu de l’ÉUD. Hunsberger continue :
Malachie a annoncé qu’un Élie viendrait afin de préparer le chemin pour le Messie. Jésus a dit (et M. Armstrong a enseigné) que cela a été accompli par Jean-Baptiste, qui a préparé le chemin pour la première venue du Messie (Matthieu 11 : 14-15 ; 17 : 12-13 ; Marc 9 : 13).
M. Armstrong a enseigné que lui, avec l’Église, était aussi une préfiguration de l’Œuvre, en préparation à la Seconde venue du Christ.19
Là encore, vous voyez l’enseignement dilué, de manière significative, par rapport à ce que M. Armstrong a, en réalité, cru et enseigné. Et comme Tkach Jr, Hunsberger conduit le lecteur à croire que c’était quelque chose que l’Église avait toujours enseigné—même sous M. Armstrong. Plus bas, Hunsberger écrit : « M. Armstrong faisait une analogie entre sa propre œuvre et celle de Zorobabel, mais il ne croyait pas que Zacharie prédisait un Zorobabel du temps de la fin qui finirait de construire l’Église... »20
Cela est complètement faux ! M. Armstrong n’a pas seulement fait une analogie entre son œuvre et celle de Zorobabel. Il croyait que son œuvre, soutenue par l’Église, était l’accomplissement d’une prophétie très précise.
Opérer un changement dans la doctrine, c’est une chose. Mais le faire, et ensuite dire qu’il n’y a aucun changement, c’est un mensonge ! Et la raison pour laquelle les gens mentent, c’est pour cacher quelque chose—pour obscurcir la vérité !
Cela est important à comprendre : À ce moment-là, à l’ÉUD, les Tkach ne voulaient pas que les membres sachent qu’ils avaient opéré un changement aussi radical dans leur interprétation de ces prophéties fondamentales. Donc, au lieu de cela, ils les ont d’abord édulcorées, et ont ensuite essayé de vendre cela aux membres en leur mentant, disant que M. Armstrong avait toujours enseigné cela de cette façon. Une fois que les membres eurent accepté cela, l’administration a pu aller jusqu’au bout avec les changements—et cela, avec peu ou pas de réaction des membres.
« Je suis Élie »
L’étendue de la duperie du Tkachisme est pleinement évidente au vu de la façon dont Tkach Jr se rappelle maintenant ce que l’Église avait coutume d’enseigner au sujet de ces prophéties du temps de la fin. Maintenant que sa motivation a changé, passant de la tentative de vendre aux membres de l’Église les changements à la tentative de peindre M. Armstrong avec les plus gros coups de pinceaux possibles, ses descriptions sont totalement différentes. Dans son livre de 1997, M. Tkach Jr dit : « Herbert Armstrong avait l’habitude de lire Malachie 4 : 5-6, et de dire que cela s’appliquait à lui »21—pas « à lui et à l’Église » ou « à l’Église »—mais juste « à lui ». Ensuite, Tkach Jr continue, en citant les pages 290-91 du Mystère des siècles, où M. Armstrong fait référence à plusieurs prophéties du temps de la fin qu’il croyait accomplir, avec le soutien de l’Église (la même section du Mystère des siècles que les éditeurs ont retranché dans la version du livre parue sous forme de série, en 1986).
M. Tkach continue : « Herbert Armstrong a enseigné qu’il était l’accomplissement réel de ce passage, et que Jean-Baptiste était simplement un précurseur ».22 Attendez une minute ! M. Hunsberger n’a-t-il pas dit que M. Armstrong a enseigné que Jean-Baptiste était le réel accomplissement, et que sa propre œuvre n’était qu’un « type » ou une « analogie » ?
Plus bas, M. Tkach donne des détails sur l’enseignement de M. Armstrong : « Après que sa première femme est morte, et que l’idée a commencé à germer dans l’esprit de Herbert Armstrong—à mesure que son ego acceptait cette notion et que certaines personnes ont commencé à jouer sur son ego—il a commencé à accepter le fait qu’il était personnellement l’Élie ».23 Mme Armstrong est morte en 1967 ! C’est à ce moment-là que ces idées ont censément commencé à germer dans l’esprit de son mari. Comment alors M. Tkach explique-t-il ses commentaires de 1990—selon lesquels M. Armstrong n’a pas « prétendu avoir rempli, de manière exclusive, le rôle de l’Élie du temps de la fin, dans l’accomplissement des choses » ?
M. Tkach a dit à M. Leap, en 1990, que « certains sont allés beaucoup plus loin que M. Armstrong lui-même, dans ce domaine ». En 1997, M. Tkach avait oscillé vers cet extrême. M. Tkach continue avec ce souvenir étonnamment vif :
Dans les années 60 nous dirions que l’ÉUD faisait une œuvre semblable à celle d’Élie. Dans les années 70 nous avons dit que Herbert Armstrong lui-même accomplissait le rôle d’Élie... Dans les deux dernières années de sa vie, dans plusieurs sermons, il était encore plus explicite quand il disait directement : ‘Je suis Élie’. Quand Ron Kelly, un de nos ministres de longue date, a entendu M. Armstrong dire cela, il m’a avoué : « J’ai été alarmé quand je l’ai entendu dire : ‘Je suis Élie’. Je pourrais m’accommoder de ‘Je suis dans le rôle d’Élie’. Mais ‘Je suis Élie’—que voulait-il dire par là ? »24
Environ cinq ans après tous ces sermons dans lesquels M. Armstrong est censé avoir dit : « Je suis Élie », Joe Jr a dit à M. Leap que M. Armstrong a enseigné ceci : 1) ces prophéties ont été réalisées par l’Œuvre ; 2) il n’avait pas rempli, de manière exclusive, le rôle de l’Élie du temps de la fin, dans l’accomplissement des choses ; et 3) son appel pourrait être comparé à l’œuvre de Zorobabel ou d’Élie, ou illustré par elle. Pourtant, en octobre 1994 encore, dans une autre lettre personnelle, M. Tkach Jr écrit : « M. Armstrong enseignait qu’il accomplissait le rôle d’Élie ».25
Maintenant, bien sûr, M. Armstrong est supposé avoir dit, dans pas moins de « plusieurs sermons » : « Je suis Élie ». Il a apparemment cru, littéralement, qu’il « était personnellement l’Élie ».
En réalité, il n’y a aucun sermon dans lequel M. Armstrong dit quoi que ce soit de ce genre. Ce que M. Tkach dit maintenant dans son livre, dans le but de faire M. Armstrong ressembler à un fanatique conducteur de culte au regard fou, va beaucoup plus loin que tout ce que M. Armstrong a jamais cru ou enseigné.
D’un autre côté, ce que Tkach Jr a dit en 1990—tout sauf enlever M. Armstrong de ces prophéties du temps de la fin—déforme, également, la vérité de ce que l’Église a autrefois enseigné. Ce que croyait M. Armstrong est clairement expliqué dans sa lettre aux co-ouvriers du 19 mars 1981.
La question, c’est pourquoi des explications opposées—toutes deux fausses—en 1990 et en 1997 ? En 1990, Tkach Jr essayait d’empêcher les membres de quitter l’ÉUD. Il a donc donné la fausse impression que les dirigeants ne faisaient que mettre l’accent sur quelque chose que M. Armstrong a lui-même enseigné—ce qui n’était pas le cas. Puisque que cela est de peu d’intérêt aujourd’hui et puisqu’ils se sont alignés avec d’autres groupes évangéliques qui considèrent M. Armstrong hérétique, Tkach fait de M. Armstrong un « cinglé »—quelqu’un qui, supposément, a dit : « Je suis Élie—personnellement ».
La doctrine de la Trinité
Le 6 mars 1998, Pat Robertson a interviewé Joseph Tkach Jr et Greg Albrecht dans son émission de télévision, The 700 Club. Ils ont parlé de la transformation doctrinale de l’ÉUD. Décrivant les changements qui ont eu lieu dès le début, M. Tkach Jr a dit : « Début 1989, nous avons compris que la trinité était correcte, et que c’est la seule façon logique et historique d’expliquer que Dieu est un en trois. »26
Pour situer le contexte, examinons brièvement ce que M. Armstrong a enseigné sur ce sujet. Dans Le mystère des siècles, il écrit : « La doctrine de la Trinité limite Dieu à trois Personnes supposées. Elle détruit l’Évangile de Jésus-Christ ! »27. Dans Une éducation sexuelle enfin complète, il dit : « Dieu n’est pas, simplement, une Personne, Il n’est pas non plus limité à une ‘Trinité’, mais Dieu est une famille. » Il dit ensuite : « La doctrine de la trinité est fausse. Elle a été imposée au monde lors du Concile de Nicée. »28
En se basant sur ce que Tkach Jr a dit à Pat Robertson, c’est en 1989 qu’ils se sont rendu compte que M. Armstrong avait tort, et que la Trinité était correcte.
En 1990, Philip Stevens a écrit un article pour La bonne nouvelle intitulé : « Qui était le Père de Jésus ? » De façon ou d’autre, la déclaration qui suit a réussi à être glissée par des éditeurs de l’ÉUD : « Le concept d’une Trinité n’est trouvé nulle part dans la Bible… La Trinité cache à l’homme le plan de salut de Dieu. La doctrine de la Trinité maintient que la Divinité est une unité fermée dans laquelle personne d’autre ne peut entrer. »29
Trois mois après que cet article a paru dans La bonne nouvelle, Michel Snyder a écrit une lettre au Watchman Fellowship, une organisation de surveillance des cultes basé à Arlington, au Texas. M. Snyder dit :
La question de la révélation de Dieu pour l’humanité est toujours ouverte, et l’Église attend des discussions plus poussées dans le domaine des dogmes concernant ce sujet. L’article ‘Qui était le Père de Jésus ?’, dans La bonne nouvelle de novembre-décembre 1990, a été déclaré officiellement nul et non avenu, par respect pour la doctrine de l’Église.30
Il a dit au groupe, plus tard, pendant une interview téléphonique : « À une époque, l’Église manquait d’érudition et de ressources adéquates pour comprendre entièrement de quelle manière la révélation de Dieu, pour l’humanité, avait un rapport avec l’activité de l’Église sur la Terre. Nous avons réexaminé cela, et nous avons vu qu’il s’agit d’une question ouverte. »31
Bien entendu, ces déclarations ont été faites aux organisations extérieures qui poussaient l’ÉUD à la réforme doctrinale. Pour autant que les membres de l’Église fussent concernés, très peu, si même c’était le cas, ont su que l’article de La bonne nouvelle avait été déclaré « officiellement » nul et non avenu.
M. Snyder a également fait référence au Watchman Fellowship pour une étude sur la Trinité écrite par l’érudit grec de l’Église, K. J. Stavrinides. L’étude a été imprimée dans le numéro des Reviews you can use de janvier-février 1991 qui a été envoyé seulement aux ministres de l’ÉUD. Le Dr Stavrinides écrit : « L’Église universelle de Dieu enseigne la pleine divinité du Père, du Fils et de l’Esprit saint—la base biblique pour toutes discussions trinitaires. »32 C’est à peu près aussi trinitaire qu’on peut l’être. Cependant, dans ce même numéro, M. Tkach Jr assure au ministère que la position de l’Église sur la Trinité n’a pas changé, mais plutôt son explication pour la réfuter.
Autour de la même époque, au printemps 1991, David Hulme et Michel Snyder, son assistant, ont participé aux discussions avec le corps enseignant, à la Trinity Evangelical Divinity School. Dans son introduction, M. Hulme a dit qu’il avait été invité pour expliquer la position de l’Église sur « un certain nombre de choses » et pour mettre le corps enseignant au courant des « changements » survenus à l’ÉUD. Il a dit qu’il voulait porter à leur connaissance « quelques-uns des changements les plus importants qui se sont produits dans les quatre ou cinq dernières années. » Quand il est arrivé au sujet de la Trinité, M. Hulme s’est appuyé, en grande partie, sur l’étude du Dr Stavrinides, en en citant plusieurs paragraphes, et concluant par :
Même si l’Église universelle de Dieu considère certaines positions sur la Trinité comme hérétiques (par exemple, toutes les formes d’arianisme), elle voit les vues orientales, occidentales, protestantes et des modernistes—sur la nature de Dieu—comme d’authentiques tentatives pour atteindre une compréhension plus profonde de la nature de Dieu.33
Comme vous pourriez imaginer, avec ces types de commentaires pour ceux qui sont à l’extérieur de l’Église, toutes sortes de « rumeurs » et de « commérages » ont commencé à se répandre à l’intérieur. L’ÉUD était-elle sur le point d’accepter la Trinité ? se sont demandé certains. Heureusement pour les membres, M. Tkach Sr s’est avancé pour mettre les choses au clair. Vers la fin de l’été 1991, il a écrit un article, dans le journal de l’Église, intitulé « Comment réagissez-vous au changement ? » L’article reflétait grandement les dernières discussions de l’ÉUD à propos des Vérités qui transforment, avec le Watchman Fellowship et avec la Trinity Evangelical Divinity School. M. Tkach a mis au courant les membres sur la nouvelle position de l’Église quant au destin de l’homme qui n’est pas de devenir Dieu. « Aucun être humain ne peut être l’égal de Dieu », a expliqué M. Tkach.34 « Notre héritage, c’est d’être les enfants de Dieu, certainement le pinacle suprême et le plus grand triomphe de la création de Dieu, mais pas d’être, littéralement, Dieu lui-même. » Plus bas, il explique : « Nous sommes, et serons, membres de la famille de Dieu. Mais même quand nous serons changés, nous serons toujours distincts du Dieu suprême et souverain, éternel, non créé et sans origine. »35
Comme le lecteur le sait, M. Armstrong n’a jamais enseigné que l’homme était destiné à être au niveau de Dieu, que ce soit pour le rang, la position ou l’expérience. Il a enseigné que nous serions au niveau de Dieu tout comme un nouveau-né est sur le même niveau que son père humain—tous membres d’une seule famille. Mais M. Tkach a dit qu’il était inapproprié d’utiliser l’analogie père-fils pour définir notre relation avec Dieu.
En faisant ces distinctions entre l’homme et Dieu, l’étape était maintenant atteinte pour réduire la Divinité à trois êtres en un. Comme M. Armstrong l’a correctement noté, la Trinité limite Dieu. Elle supprime la famille de Dieu.
À la fin de son article, M. Tkach répond aux critiques (comme l’ÉPD) qui disaient que l’ÉUD rejetait toutes les doctrines qui la rendaient distincte et différente des Églises protestantes. Il a ensuite dressé la liste d’un certain nombre de doctrines distinctives qui rendait encore l’ÉUD unique. De manière incroyable, incluse dans la liste, il y a cette déclaration emphatique sur la nature de Dieu : « Nous ne croyons pas à la doctrine de la Trinité. »36 Peu importe que, dans une lettre personnelle au Watchman Fellowship, Michel Snyder ait déclaré un article de La bonne nouvelle « nul et non avenu » à cause de ses commentaires en opposition avec la doctrine de la Trinité. Ni que, selon M. Snyder, le sujet « de la révélation de Dieu » était maintenant « une question ouverte » dans l’Église. Ni non plus que M. Tkach ait mentionné que l’Église enseignait maintenant la « pleine divinité du Père, du Fils et de l’Esprit saint—le fondement biblique pour toutes discussions trinitaires »—comme le Dr Stavrinides l’avait expliqué au ministère, des mois plus tôt. Il n’a pas non plus attiré l’attention sur le fait que David Hulme avait participé à plusieurs discussions avec des trinitaires, à la Trinity Evangelical Divinity School.
Quand vous dites : « Nous ne croyons pas à la doctrine de la Trinité », sans qualification, cela ne suggère-t-il pas que l’Église rejette toutes les formes et pratiques de la Trinité ? Aussi loin que des membres qui ne se doutaient de rien aient été concernés, en mettant ensemble le « Nous ne croyons pas à la doctrine de la Trinité » de M. Tkach avec l’article de La bonne nouvelle de novembre-décembre 1990 (déclaré « nul et non avenu », en privé, mais non pas dans une publication de l’Église), l’Église enseignait la même chose qu’elle a toujours enseigné à propos de la nature de Dieu.
Un ancien membre de l’ÉUD a écrit à M. Tkach Jr à propos de ce qu’il percevait comme deux messages différents venant de l’Église—un pour les organisations extérieures, dans le monde évangélique, et un différent pour ses propres membres. Tkach Jr a fait cette réponse :
Vous avez également inclus une entrevue entre M. Snyder et le Dr Ruth Tucker. Pour comprendre les déclarations faites lors de cette entrevue, nous devons d’abord comprendre l’atmosphère dans laquelle elle a eu lieu, connaître les participants et son but.
M. Snyder est le porte-parole de l’Église universelle de Dieu pour les questions venant de l’extérieur de l’Église. Comme tel, il ne peut pas répondre aux questions qui lui sont adressées par de telles sources avec des termes, un langage et une phraséologie ‘internes’. Le Dr Ruth Tucker est professeur à la Trinity Evangelical Divinity School. M. Snyder a dû répondre à ses questions en des termes compréhensibles par elle afin qu’elle puisse comprendre les réponses.
En outre, c’est un fait malheureux que, dans le passé, certains dans l’Église ont choisi d’exprimer nos croyances d’une façon qui n’était pas entièrement correcte. Par exemple, l’Église n’a jamais cru au concept de la Trinité comme il est embrassé par beaucoup d’autres Églises. Tout à fait franchement, ces autres Églises ne peuvent pas se mettre d’accord sur la nature exacte de Dieu. Cependant, dans nos tentatives pour réfuter leurs théories, nous avons utilisé un raisonnement quelque peu faussé. Cela ne voulait pas dire que nous avions tort de rejeter la doctrine de la Trinité, cela voulait simplement dire que certaines des preuves que nous essayions d’utiliser pour soutenir nos croyances n’étaient pas valides.37
Tkachisme classique : Bien que nous fassions quelques changements, il n’y a aucun changement réel. Les membres de l’ÉUD ont entendu ces excuses pendant presque 10 ans ! Nous ne changeons pas les doctrines fondamentales—nous ne faisons que reformuler nos croyances pour être plus précis techniquement. La raison pour laquelle cela ressemble à des changements majeurs, quand vous entendez des interviews avec des organisations extérieures, c’est à cause de la phraséologie, et non pas parce qu’il y a un changement réel. Nous devons utiliser des termes différents avec des observateurs extérieurs ou bien ils ne comprendraient pas.
Finalement, bien entendu, les déclarations officielles de l’Église à ses membres ont graduellement été rattrapées par ce qu’elle disait, de tout temps, à des étrangers. Cinq mois après qu’il a explicitement dit que l’ÉUD ne croyait pas à la Trinité, M. Tkach a écrit :
La Déclaration des croyances de l’Église universelle de Dieu, nouvellement imprimée, vous sera bientôt expédiée par la poste… Laissez-moi faire quelques commentaires à propos d’une partie de la Déclaration. Dans la déclaration à propos de Dieu, vous remarquerez que la dernière phrase dit : « L’Église affirme l’unité de Dieu et la pleine divinité du Père, du Fils et de l’Esprit saint. » Il se peut que quelqu’un demande : « Cela signifie-t-il que nous acceptons maintenant la doctrine de la Trinité ? » Non, ce n’est pas le cas. La doctrine de la Trinité, dans l’Église occidentale, certifie l’union de trois Personnes en une Divinité, ainsi les trois sont un Dieu quant à la substance, mais trois Personnes quant à l’individualité. Nous n’acceptons pas cet enseignement ; nous croyons que le mot Personne est imprécis quand il fait référence à l’Esprit saint. »38
Autrement dit, nous avons accepté la Trinité, mais n’interprétez pas cela comme voulant dire que nous avons accepté la Trinité !
Dans sa brochure d’août 1992, Dieu est…, l’Église dit : « Dieu est un être, une entité »—« L’Esprit saint est également Dieu »—et « La Bible révèle bien trois entités au sein d’une Divinité. »39 Quand il a fait référence à la brochure, dans le Worldwide News, M. Tkach a écrit : « La doctrine de la Trinité n’a pas son origine dans le paganisme, comme nous l’avons traditionnellement pensé. »40 Toutes ces déclarations ne signifient-elles pas que l’Église avait maintenant accepté la Trinité ? Bien sûr que non, ont-ils continué de dire aux membres !
L’année suivante, en août 1993, M. Tkach a écrit : « Pour dire les choses simplement, la Bible proclame pleinement et clairement qu’il y a un, et seulement un, Dieu… Quand la Bible dit que Dieu est un, le mot un ne fait pas référence à une ‘famille Dieu’, mais à un Dieu. » Un peu plus loin dans l’article, M. Tkach écrit : « L’enseignement de la Bible, c’est qu’il y a un Dieu qui est le Père, le Fils et le Saint-Esprit. »41
Et pourtant, deux semaines après avoir écrit cela, M. Tkach a assuré aux membres : « Dans notre pratique et notre expérience rien ne change… Ce que nous n’avions pas précédemment compris, c’était qu’il fallait mettre nos croyances sur le papier, de telle façon que cela ne conduise pas à des problèmes bibliques et théologiques. »42 En 1993 encore, ils disaient : « Rien ne change ». Ils essayaient seulement de mettre les choses, de manière plus précise, sur le papier !
Si ce n’étaient l’interview de Tkach Jr, avec Pat Robertson, des années plus tard—au cours de laquelle il a admis qu’ils se sont rendus compte, en 1989, que la doctrine de la Trinité était correcte—il aurait été encore sûr d’affirmer (à l’intérieur de l’Église, bien entendu) que l’Église universelle de Dieu n’enseigne, en aucune façon, la doctrine de la Trinité.
La liste continue
M. Tkach Jr a imposé un certain nombre d’autres mensonges aux membres de l’Église, comme en témoigne une autre lettre qu’il a écrite à un membre, le 16 mars 1992. À la page 5, il dit :
Ceux qui minimisent le Christ, et qui mettent l’accent sur l’Évangile comme ayant trait seulement au royaume millénaire, ne sont pas ministres du Christ. Ils se sont glorifiés et ont créé une religion vide, faite d’œuvres humaines et de fascination avec des détails spéculatifs sur la prophétie, et cataloguent et jugent les autres.43
S’en prenait-il à M. Armstrong qui a enseigné que le véritable Évangile était un message que Dieu le Père a envoyé par Jésus-Christ, à propos du royaume de Dieu ? Pas du tout ! « La véritable Église a toujours cru que le Christ est le personnage central de l’Évangile », a écrit Tkach Jr, dans la même lettre. « Vous demandez quelle est la mission de l’Église, aujourd’hui. Elle est la même que celle que M. Armstrong a enseignée », continue-t-il. Cependant, plus bas il dit au membre que Matthieu 24 : 14 n’était pas la mission de l’Église—donnant, à nouveau, l’impression que M. Armstrong a toujours enseigné cela lui-même. Finalement, M. Tkach Jr écrit : « M. Armstrong n’a pas ôté l’accent sur le Christ ! » 44
C’était en 1992. Dans son livre de 1997, M. Tkach dit que M. Armstrong « a programmé » les membres de l’ÉUD afin qu’ils « ne parlent pas beaucoup de Jésus ».45 Il dit : « Plutôt que de beaucoup parler de Jésus, nous parlions principalement de Dieu. C’était le Père, et Il était responsable… Pendant le plus clair de nos années, en tant qu’Église nous avons lutté contre des incohérences théologiques à Son sujet. Nous n’avons jamais développé une doctrine cohérente à propos du Christ... »46 À nouveau, il dit à un membre que M. Armstrong n’a pas ôté l’accent sur le Christ pour lui assurer, à ce moment-là, qu’ils n’avaient vraiment rien changé. Et maintenant ? Bien sûr, M. Armstrong a ôté l’accent sur le Christ !
Remarquez un autre commentaire que Joe Jr a fait dans sa lettre de 1992 :
Tous ceux qui ont l’Esprit saint en eux font partie de la seule véritable Église spirituelle, parce que c’est l’Esprit saint qui met quelqu’un dans l’Église (1 Corinthiens 12 : 13). Cependant, M. Armstrong a toujours cru qu’il y avait de véritables chrétiens qui n’étaient pas sur la liste officielle des membres de l’Église universelle de Dieu. Il a parlé des membres de l’Église de Dieu (du Septième Jour) comme de véritables chrétiens, par exemple.47
Cependant, dans son livre, Tkach Jr dit que l’ÉUD, sous M. Armstrong, était « inflexible sur le fait que Dieu n’avait qu’une véritable Église dans le monde, et que nous l’étions ! ».48 Nous « avons passé des décennies dans une caverne, lançant de grandes roches—des rochers, si nous pouvions les soulever—sur quiconque passait devant notre forteresse », dit-il.49 Nous avons enseigné que le « non régénéré serait, en fin de compte, annihilé »50 ; que les non observateurs du Sabbat « étaient condamnés au lac de feu ».51
Ainsi, en 1992, selon M. Tkach, M. Armstrong a « toujours » cru qu’il y avait de véritables chrétiens dans d’autres Églises. Mais, en 1997, M. Tkach a dit que M. Armstrong était « inflexible » sur le fait que la sienne était la seule véritable Église.
Voici un dernier exemple venant de Tkach Jr, dans une lettre du 16 mars 1992, à un membre de l’ÉUD :
Savez-vous ce qu’est « l’israélisme britannique » ? C’est une doctrine raciste qui voit l’Empire britannique comme le royaume de Dieu sur la Terre, et les Blancs comme les favoris de Dieu. Évidemment, cette doctrine était plus populaire quand l’Angleterre était plus puissante ! L’Église n’a jamais enseigné « l’israélisme britannique ». Nous avons enseigné que les descendants d’Israël se sont installés en Grande-Bretagne et aux États-Unis, et les ont peuplés, en grande partie.52
C’est le rare cas où Tkach Jr a bien parlé. M. Armstrong n’a jamais utilisé les termes « israélisme britannique » ou « israélisme anglais » pour décrire l’enseignement de l’Église. En effet, vous ne trouverez aucun de ces termes dans Les Anglo-Saxons selon la prophétie—pas une fois, en 184 pages ! Cherchez-les dans n’importe quel autre ouvrage de M. Armstrong, et vous ne les trouverez pas.
Pourtant, remarquez ce que M. Tkach Jr écrit dans son livre de 1997. « L’israélisme britannique ou anglais est une doctrine présentant peu d’intérêt pour la plupart des évangéliques. Certains qui ont connu des séminaires ou des collèges bibliques pourraient s’en rappeler comme d’une doctrine ésotérique associée aux sectes et aux cultes, mais, pour nous dans l’ÉUD, c’est [sic] c’était le point central de notre théologie ».53 Une autre contradiction remarquable. En 1992, M. Tkach Jr a assuré à un membre de l’Église que M. Armstrong n’a jamais enseigné « l’israélisme britannique ». En 1997, Tkach Jr dit au monde que « l’israélisme britannique » était le « point central » de la doctrine de l’ÉUD ». Tout d’un coup, tout ce que M. Armstrong a enseigné « provenait de cette croyance ».54 Pourquoi un changement si radical dans les souvenirs de M. Tkach ? Parce que, maintenant que l’ÉUD a achevé sa transformation, il ne court plus de risque à traiter M. Armstrong de raciste. Ainsi, à la place de « Les Anglo-Saxons selon la prophétie », ils ont inséré « l’israélisme britannique ». De cette façon, M. Armstrong se retrouve dans le même sac que tous les autres—dont beaucoup, en réalité, sont racistes.
Leur plus grand défi
Vous pouvez constater comment les positions de Tkach Jr sont complexes et contradictoires. Comment les explications des enseignements de M. Armstrong pourraient-elles changer si radicalement entre 1992 et 1997 alors que M. Armstrong est mort en 1986 ? M. Armstrong a laissé un exposé écrit incroyablement minutieux de ce qu’il croyait et enseignait. Mais cela n’a pas empêché Joe Jr de changer radicalement ses explications au sujet de ces enseignements—tout dépendait de la période dans laquelle il s’adressait, et de l’auditoire.
Notez ce que M. Tkach Jr dit dans son livre à propos de la difficulté à laquelle ils se sont heurtés en essayant d’expliquer les nombreux changements :
Quelques observateurs du culte, des ministères, des Églises et des pasteurs peuvent être plus qu’une entrave quand il faut aider des individus ou des groupes dissidents à se détacher de leur théologie et de leur pratique. Un de nos plus grands défis a été d’essayer d’expliquer ces réformes doctrinales à l’extérieur tout en maintenant notre crédibilité à l’intérieur, et certains groupes ont énormément gêné nos efforts par ce qu’ils rapportaient. 55
La raison pour laquelle il blâme des groupes extérieurs pour avoir gêné leurs efforts à faire des changements doctrinaux dans l’Église, c’est parce que ces groupes rapportaient ce qui, en réalité, se passait ! Cela devenait problématique pour le Tkachisme parce qu’il parlait de ces changements à ces groupes extérieurs—leur disant même qu’il y en avait encore plus à venir—alors que dans le même temps il disait à ses membres que rien ne changeait ! Ce sont eux qui ont ruiné leur propre crédibilité—en mentant.
Dans son livre, Tkach Jr explique comment les dirigeants de leur Église, au début des années 1990, ont continué à entrer en contact avec des groupes évangéliques pour les maintenir informés des changements à l’ÉUD : « Comme une chose en a conduit à une autre, nous avons finalement dit : ‘Vous savez, Hank Hanegraaff est une personne à qui nous devrions parler. Nous pensons qu’il va écouter.’ »56 Greg Albrecht a écrit une lettre à Hanegraaff, le 5 janvier 1994, et y a inclus une édition mise à jour de la Déclaration des croyances de l’Église. Il a conclu sa lettre en demandant de rencontrer M. Hanegraaff. Comme Tkach Jr l’écrit dans son livre :
Quelques jours après, le bureau de Hanegraaff a appelé Greg Albrecht pour organiser une réunion. Depuis cette première rencontre, Hanegraaff a reconnu l’énormité de notre tâche [consistant à changer les nombreux enseignements fondamentaux de l’Église], et a compris que nous faisions face à de rudes batailles. Après nous avoir pressés de questions, et après avoir exprimé sa satisfaction vis-à-vis de nos réponses, il nous a proposé d’être les invités de son émission de radio. Nos membres n’étaient pas prêts pour cela, à l’époque. 57
Pouvez-vous y croire ? Joseph Tkach Jr, Greg Albrecht et Michel Feazell n’avaient aucun scrupule à exprimer tout ce qu’ils avaient sur le cœur auprès de Hank Hanegraaff, aussi longtemps que cela restait privé. Mais ils n’étaient pas prêts à aller à la radio pour dire à tous « nous avons rejoint le courant principal du christianisme ». Et pourquoi ? Parce que les membres n’étaient pas encore prêts. Les membres, souvenez-vous, étaient sceptiques—ils n’ont même pas pensé que les changements étaient réels ! Ils ont entendu Tkach Sr, pendant tout 1994, démentir le fait que l’Église était sur le point de supprimer la loi.
Puis, le 17 décembre, les membres ont finalement entendu les mêmes nouvelles que les compagnons de M. Tkach avaient données à Hank Hanegraaff un an plus tôt—c’est-à-dire que l’ÉUD avait maintenant rejoint le courant principal du christianisme.
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