
La trompette
Repentir sur le lit de mort
Lire le chaptire précédent : Le Programme
« Peu de temps avant sa mort, Herbert Armstrong a dit à mon père que des choses devaient être changées, dans l’Église. Il n’a pas fait la liste des changements qu’il avait à l’esprit, il a simplement dit que ‘des choses devaient être changées’. »
—Joseph Tkach Jr
Transformée par la vérité
Après tout ce que M. Armstrong a dit au sujet du Mystère des siècles avant sa mort—« le livre le plus important depuis la Bible » ; « le meilleur ouvrage de mes 93 années de vie » ; « le cadeau le plus précieux que je puisse possiblement vous donner »—le fait que les Tkach aient retiré l’ouvrage 2 ans et demi après sa mort, en dit long sur ce qu’ils croyaient réellement des enseignements de M. Armstrong. Mais retirer le livre, et ensuite mettre le blâme de son retrait sur M. Armstrong, après toutes ces remarques chaleureuses et publiques montre jusqu’où le Tkachisme était disposé à aller de manière à tromper et mentir—même si le mensonge était incroyablement absurde.
En 1990, Joseph Tkach Sr a dit : « M. Armstrong m’a, lui-même, dit que le livre contenait des erreurs, et qu’il devait le réécrire ». Mais, selon M. Tkach, M. Armstrong est mort avant qu’il ne puisse réviser le livre. « J’ai pensé qu’il y avait tant de vérités de valeur dans le livre que nous devrions continuer à l’utiliser de quelque manière que ce soit », a dit M. Tkach.1 Donc, selon la version de 1990 de l’histoire—écoutez bien ceci—c’était M. Armstrong qui désirait suspendre le livre, et M. Tkach qui voulait le garder en circulation ! « Et après un certain temps », continue M. Tkach, « j’ai pris conscience que des erreurs dans le livre pouvaient rendre tout le sujet douteux, et que je devais faire, peut-être, ce que j’aurais dû faire auparavant ! »
Quant aux nombreuses louanges de M. Armstrong pour le contenu du livre, M. Tkach a dit qu’il « a fait de très fortes déclarations au sujet du livre. Il l’a même appelé le livre le plus important depuis la Bible. C’était une amplification. »2 Oui, dans le même article, M. Tkach dit que M. Armstrong amplifiait l’importance du livre quand il était distribué, cependant, réalisait pleinement qu’il contenait des erreurs, et qu’il devait être réécrit.
Ce que M. Tkach a omis de mentionner, dans cet article de 1990, c’est que lui aussi « était enthousiaste » dans sa louange pour le livre. Le 16 janvier 1986, le jour de la mort de M. Armstrong, M. Tkach a appelé Le mystère des siècles « le livre le plus puissant et le plus efficace » de M. Armstrong.3 Dix mois plus tard, quand il présentait la dernière partie du Mystère des siècles, sous forme de séries, dans La pure vérité, il écrit : « M. Armstrong ne sous-estimait pas l’importance de ce dernier ouvrage... »4 Il disait cela 10 mois après la mort de M. Armstrong. En 1990, M. Tkach a dit clairement que M. Armstrong a vraiment surestimé l’importance du livre.
Que M. Tkach change son point de vue sur le livre, entre 1986 et 1990, c’est une chose. Mais comment le point de vue de M. Armstrong pourrait-il changer ? Il était mort ! Soit il pensait que le livre pourrait être le plus important depuis la Bible soit il le considérait comme mauvais, et devant être réécrit. Ce ne pouvait être les deux choses à la fois !
Dans son article de 1986, M. Tkach Sr appelait Le mystère des siècles « la dernière volonté et le testament de M. Armstrong, devant être passé à ceux qui lui accorderaient de la valeur... Il adorait et respectait ses lecteurs et, dans un sens figuré, il s’est souvenu de vous dans son testament. »5
Tous ces commentaires ont été faits après que M. Armstrong lui a, soi-disant, dit que le livre contenait des erreurs, et qu’il devait être réécrit. Mais en 1990, en réponse aux critiques soulevées par le retrait du Mystère des siècles de la circulation, M. Tkach écrit :
Comme je l’ai dit, avant sa mort [M. Armstrong] m’a dit que le livre avait des erreurs, et devait être réécrit. La vérité demeure la vérité, bien sûr. Le problème, c’était les erreurs. Mais il n’a pas eu la chance de le réécrire. Que devais-je donc faire ? Comment pouvais-je, devant Dieu, continuer à imprimer le livre, sachant qu’il contient des erreurs, et sachant que M. Armstrong m’a dit qu’il désirait le réécrire ? 6
Le problème c’est que, devant Dieu, il a bien continué à imprimer le livre ! Il l’a distribué autour du monde pendant deux ans et demi ! De plus, même après cette conversation supposée avec M. Armstrong, M. Tkach a fait référence au Mystère des siècles comme « puissant » et « remarquable », disant que c’était « la dernière volonté et le testament » de M. Armstrong. Il n’a jamais mentionné, ne serait-ce qu’une fois, cette conversation avec M. Armstrong pendant les quatre ans qui ont suivi sa mort—il l’a fait après qu’il eut déjà cessé de distribuer le livre, et après qu’il eu reçu des critiques pour avoir ainsi agi.
Ne me blâmez pas, M. Tkach a-t-il répondu aux critiques. Je n’ai fait que réaliser les derniers souhaits de M. Armstrong.
Comme cela est absurde !
M. Armstrong derrière les changements ?
Revenant sur le retour soudain des souvenirs de son père quatre ans après les faits, Tkach Jr a fait des déclarations encore plus radicales, en 1991. Dans une lettre personnelle écrite en fin d’année, il dit à un ancien membre de l’ÉUD : « Sur son lit de mort, M. Armstrong lui-même a chargé mon père d’étudier les changements que nous avons faits. Par conséquent, nous suivons les souhaits de M. Armstrong et, ce qui est plus important, Dieu. » À ce moment-là, de nombreux changements avait déjà été faits et beaucoup d’ouvrages de M. Armstrong avaient été soit révisés soit rejetés. En fait, les Tkach essayaient de convaincre les membres que M. Armstrong avait chargé Tkach Sr de faire ces changements.
L’année suivante, en novembre 1992, M. Tkach Sr a envoyé à toutes les Églises de l’ÉUD une vidéocassette dans laquelle il élabore encore plus les soi-disant conversations qu’il avait eues avec M. Armstrong, sur son lit de mort. Voici ce que M. Tkach a dit aux membres presque sept ans après la mort de M. Armstrong :
« Un certain nombre de ces [changements], que vous le croyiez ou non, peu importe, je ne perdrai pas mon sommeil pour autant ; je sais ce qui s’est passé à propos de M. Armstrong.
Quand nous parlions d’un certain nombre de ces questions, je disais à M. Armstrong : « Ce que vous dites là, ce sont des informations très, très importantes. C’est dommage que nous ne puissions enregistrer cela sur cassette, et le préserver pour la postérité. »
Il a dit : « Très bien. » Non, d’abord il m’a demandé pourquoi.
J’ai dit : « Je connais mes limites. Je ne me rappellerai pas de tout ce dont nous parlons. » J’ai ajouté : « Deuxièmement, encore plus important, les gens ne me croiront pas ! »
Il a réfléchi une seconde, et a dit : « Allez-y, prenez un magnétophone. » Je suis donc allé dans la cuisine, et alors que je composais le numéro du studio de radio ou de la tv, je ne me souviens pas, pour demander à quelqu’un de nous porter un magnétophone, j’ai entendu sa voix faible me rappelant.
Je suis donc retourné, et ai dit : « Oui, Monsieur. »
Il a dit : « À la réflexion, ne le faisons pas. »
J’ai dit : « Bien, puis-je vous demander pourquoi ? »
« Il a répondu... : « Le peuple, le peuple de Dieu, Son précieux peuple choisi, devra le recevoir par la foi, s’il est vraiment converti. »8
M. Tkach a voulu que cette conversation soit enregistrée parce qu’il ne pensait pas que les gens le croiraient. Par conséquent, ce que M. Armstrong est censé lui avoir dit a dû être des changements doctrinaux majeurs. Plus tard dans la vidéo, M. Tkach dit :
Certaines de ces choses étaient tellement profondément enfouies dans ma tête que ce n’est que ces quelques dernières années qu’elles commencent à revenir. Et c’est ce qu’il m’a dit. Il a dit : « Quand il sera temps pour vous de vous rappeler un certain point, l’Esprit de Dieu vous le rendra comme si nous venions juste d’en discuter. » Et c’est ainsi que les choses sont revenues.9
Magnifique ! Tout se déroulerait comme avec les disciples de Jésus-Christ, qui ne pourraient pas comprendre certaines choses tant que l’Esprit de Dieu n’aurait pas rempli l’Église, lors de la Pentecôte de l’an 31. Le problème, c’est que M. Tkach avait reçu l’Esprit de Dieu des décennies avant ces discussions sur le lit de mort. Il avait passé toute sa vie d’adulte dans l’Église universelle de Dieu. Il était bien au fait des croyances de l’Église. Que les commentaires de M. Armstrong sur son lit de mort fussent tellement enfouis dans sa tête n’est pas nécessairement en faveur de sa compréhension générale de la doctrine.
Ce que le Tkachisme—presque sept ans dans son administration—a dit aux membres de l’ÉUD, en 1992 c’est ceci : Sur son lit de mort, M. Armstrong a chargé les Tkach d’examiner les « changements » qui avaient été faits, ce qui est assez précis. Ce que M. Armstrong disait était à ce point « des informations très, très importantes » que M. Tkach a voulu enregistrer la conversation. En outre, la raison pour laquelle il a fallu plusieurs années à M. Tkach pour faire les changements que M. Armstrong était censé vouloir faire, c’est que les commentaires sur le lit de mort étaient « tellement profondément enfouis » dans la tête de M. Tkach, qu’ils n’ont tout simplement commencé à resurgir que des années plus tard.
Criblé d’erreurs
Dans la même vidéo, M. Tkach a également fait des commentaires incroyables à propos du Mystère des siècles. Il dit :
C’est la même chose avec Le mystère des siècles. Nous avons bien cela sur bande—où il [M. Armstrong] admet qu’il était « criblé d’erreurs ». Nous l’avons sur la bande où il a commencé à vanter le livre et tout le reste quand il l’offrait aux corps des étudiants en tant que leur manuel. Il leur a dit que malheureusement la chose est allée chez l’imprimeur avant qu’elle ne puisse être correctement éditée et débarrassée de beaucoup de nos erreurs. Et elle a été imprimée.10
C’était un triste cas où l’aîné Tkach n’arrivait pas à mettre de l’ordre dans ses mensonges. C’est souvent arrivé, à cette époque-là, particulièrement quand M. Tkach s’éloignait des notes de sermon que quelqu’un d’autre avait préparées.
La vidéo à laquelle M. Tkach faisait allusion, est celle où M. Armstrong présente le livre à la classe d’étudiants de deuxième année à l’Ambassador College, le 9 septembre 1985, environ quatre mois avant sa mort. Là-dedans, M. Armstrong est presque submergé par l’émotion quand il demande : « Me pardonnerez-vous mon émotion que cela soit réalisé ? Que ce livre soit enfin sorti ? Aujourd’hui, c’est un jour assez important dans ma vie, puisque je peux remettre des exemplaires de ce livre à chacun d’entre vous. » Il a passé beaucoup de temps, pendant ce discours, à expliquer comment Le mystère des siècles a vu le jour. Il a dit qu’il voulait que l’éducation des étudiants soit aussi « complète que possible ». M. Armstrong a expliqué comment quelques passages du livre étaient tirés d’autres livres et brochures qu’il avait écrits alors que d’autres étaient tout-à-fait nouveaux. Il dit : « La Bible ressemble à un livre qui a été découpé en environ 2 000 ou 3 000 pièces, et vous devez toutes les réunir dans le bon ordre ou vous ne la comprendrez pas. Ce livre réunit ces pièces. » Plus tard, il dit que Le mystère des siècles montre « le fil conducteur » de la Bible. Le lire, dit-il, « rendra la Bible nette, claire et compréhensible ». Il recommande aux étudiants de lire le livre une deuxième et une troisième fois, disant qu’ils n’obtiendraient pas la pleine substance de son message après juste une lecture.11
Dans une lettre aux co-ouvriers, écrite trois jours après son discours, M. Armstrong dit : « Depuis décembre dernier, j’ai travaillé diligemment au livre le plus grand et le plus important de ma vie. En fait, je pense que je ne l’ai pas écrit moi-même. Je crois plutôt que Dieu m’a utilisé pour l’écrire. Je pense, sincèrement, que c’est peut-être le livre le plus important depuis la Bible. » Un peu plus de deux mois plus tard, M. Armstrong a désigné Le mystère des siècles comme le « meilleur ouvrage » de ses 93 années de vie.13
M. Armstrong n’a jamais dit ou même insinué, de près ou de loin, que le livre était « criblé d’erreurs ». En 1992, M. Tkach a commis l’erreur embarrassante d’attribuer cette déclaration infâme à M. Armstrong quand, en réalité, elle a été faite par son propre fils.
Pris dans un filet emmêlé
Dans la lettre que Tkach Jr a écrite à Dennis Leap, le 20 avril 1990, il dit : « M. Armstrong a dit, peu de temps après que [Le mystère des siècles] a été publié, que le livre était daté et avait besoin d’être réécrit, alors qu’il en était encore capable. »14 M. Armstrong a commencé à distribuer le livre quatre mois avant sa mort. C’était son livre le plus récent qui venait d’être publié—et pourtant, les Tkach disent que, pendant ses quatre derniers mois, il a soi-disant découvert qu’il était « daté » ? En réalité, quand M. Armstrong a distribué le livre, pour la première fois à la classe d’étudiants de deuxième année, à l’Ambassador, expliquant qu’il s’était appuyé sur divers autres de ses écrits pour produire le livre, il a dit :
Une grande partie en a été réécrit. Tout a été réorganisé et mis à jour. Il devait être différent de tout autre livre jamais écrit auparavant. Il devait contenir des parties de divers livres que nous avions. Mais nous n’avions aucun livre qui, selon moi, était vraiment approprié… Il y avait certaines choses, dans d’autres brochures. Mais il y avait aussi des choses qui n’étaient pas écrites du tout, qui n’étaient dans aucun autre livre, et que je voulais y mettre.15
En vérité, M. Armstrong n’a jamais dit que le livre devait être réécrit. Ce qu’il a dit, c’était que plus de choses pouvaient être ajoutées au texte original. Voici ce qu’il a écrit dans une lettre à ceux qui voulaient une copie du Mystère des siècles :
Depuis que j’ai écrit le livre, j’ai écrit une autre brochure qui pourrait bien être le chapitre d’ouverture de ce livre. En effet, peut-être dans des éditions futures ! C’est sur le mystère de la Bible elle-même. Cette brochure s’intitule La BIBLE—superstition ou autorité ?… Pouvez-vous le démontrer ? Pouvez-vous démontrer que la Bible est vraiment la Parole même de Dieu, et l’autorité suprême dans la vie, pour le bien et le mal, par laquelle tout le monde sera finalement jugé ?
Je suis sûr que vous voudrez lire cette nouvelle brochure, particulièrement en relation avec Le mystère des siècles. 16
La seule indication que M. Armstrong a donnée à propos d’une révision du Mystère des siècles, c’était la possibilité d’ajouter un autre chapitre. Cependant, Tkach Jr a pris cela comme signifiant que « M. Armstrong a pris conscience que Le mystère des siècles contenait des erreurs. »17
Dans le commentaire de David Hunsberger, quant au Message de Malachie, il a également abordé le sujet du Mystère des siècles et du discours aux étudiants de deuxième année. Il écrit : « M. Armstrong a compris que Le mystère des siècles contenait des erreurs. Même quand il l’a personnellement distribué aux étudiants de deuxième année, il a dit aux étudiants qu’une nouvelle édition devrait être écrite. »18 De nouveau, il y a une différence énorme entre ajouter un autre chapitre et désirer réécrire le livre à cause de défauts majeurs.
Remarquez un autre extrait d’une lettre de Tkach Jr, écrite au début de 1992 :
M. Tkach a littéralement passé des centaines d’heures en pourparlers personnels avec M. Armstrong pendant les derniers mois de sa vie. M. Armstrong était bien conscient d’un certain nombre d’erreurs dans son livre, et d’autres changements doctrinaux et de corrections qui devaient être faits. Il a personnellement dit à M. Tkach d’étudier plusieurs de ces questions. 19
Mettez-vous à la place d’un membre de l’ÉUD, assis à l’Église, entre 1986 et le début des années 1990. D’abord, le Tkachisme a fait toutes sortes de changements, mais a dit aux membres qu’il n’y avait aucun changement. Ensuite, au début des années 1990, il admet qu’il y a des changements, mais insiste sur le fait que M. Armstrong était derrière tout cela. Dans le cas du Mystère des siècles, il a dit que, de toute façon, M. Armstrong avait voulu « la mise à jour » du livre. Ensuite, encore plus tard, il a dit que M. Armstrong était bien conscient de toutes « les erreurs » contenues dans Le mystère des siècles.
Jugeant par l’histoire évolutive venant des officiels de l’ÉUD, vous voyez pourquoi M. Tkach ne pouvait éclairer personne avec son sermon de novembre 1992. Mais l’enregistrement historique, abondamment pourvu parle de lui-même. En aucune façon, un observateur honnête, regardant tous les faits, pourrait dire que M. Armstrong voulait réécrire Le mystère des siècles parce qu’il y avait des erreurs, pour ne pas dire qu’il en était « criblé ». Cependant, c’est exactement de ce dont les officiels de l’Église ont essayé de convaincre les membres, entre 1990 et 1992.
Tout avouer
Les sceptiques, à l’ÉUD, ont finalement été convaincus que les changements étaient réels à la fin de 1994, mais pas à cause d’un sermon courageux de Tkach Sr. Non—ils ont été convaincus parce que c’était l’année où les Tkach ont finalement tout avoué.
Cette même année-là, le Tkachisme a également mis en avant le remaniement du Mystère des siècles. Joe Jr écrit en septembre : « Certainement M. Armstrong aurait retiré et réécrit son livre, Le mystère des siècles, s’il avait été conscient des erreurs qu’il contenait ! »20 Mais je croyais qu’il était au courant des erreurs ? N’avaient-ils pas sur bande magnétique un passage où M. Armstrong admet qu’il était « criblé d’erreurs » ?
Tkach Jr continue : « [M. Armstrong] a bien annoncé aux étudiants qu’il allait réécrire le premier chapitre et en ferait un Chapitre deux [en réalité, il a indiqué qu’il déplacerait le Chapitre Un, et non pas qu’il le réécrirait] alors qu’il écrirait un Chapitre un complètement nouveau. Il ne l’a jamais fait, cependant, à cause de sa maladie. » Ce n’est pas 100 pour 100 précis, mais c’est certainement beaucoup plus proche de la vérité que ce qu’il a dit entre 1990 et 1992.
Au moment où Joe Jr a écrit son livre en 1997, leur arc trompeur était devenu un cercle complet. Il écrit que M. Armstrong considérait Le mystère des siècles comme son « accomplissement suprême »22 ; « son œuvre majeure »23. Aucune mention de M. Armstrong conscient de toutes les erreurs—ou même qu’il voulait qu’il soit réécrit. Au lieu de cela, Tkach Jr a tourné la version 1997 de l’histoire de cette façon : « Herbert Armstrong considérait le livre, Le mystère des siècles, comme la grande œuvre de sa vie, le livre le plus grand depuis la Bible. »24 Et les conversations sur « le lit de mort », que M. Armstrong était censé avoir eues avec M. Tkach ? Joe Jr explique :
Peu avant qu’il ne meure, Herbert Armstrong a dit à mon père que certaines choses, dans l’Église, devaient être changées. Il n’a pas fait une liste des changements qu’il avait en tête, il a simplement dit que « des choses devaient être changées ».
À quoi pensait-il ? On ne peut en être sûr—à part une exception notable. Près de la fin de sa vie, M. Armstrong a dit que notre position sur la guérison divine devait changer.25
Ce n’est pas ce qu’il disait en 1991—comment M. Armstrong avait supposément chargé son père d’examiner les « changements même que nous avons faits ». En 1992, Tkach Sr disait qu’il tenait beaucoup à avoir un magnétophone à cause de la longue liste de changements que M. Armstrong voulait faire. Au lieu de cela, M. Tkach devait les ressortir de mémoire. Et beaucoup des changements qui ont été faits plusieurs années après la mort de M. Armstrong, comme l’a dit M. Tkach, proviennent de ces conversations sur le lit de mort. Selon Tkach Sr, elles ont apparu dans sa tête comme M. Armstrong le lui avait dit.
Les choses étaient supposément comme cela. Maintenant, cependant, on ne peut être sûr de ce que M. Armstrong voulait dire quand il disait que des choses devaient être changées.
Le discours aux étudiants de deuxième année
Considérons un dernier point, en ce qui concerne le discours de M. Armstrong devant les étudiants de deuxième année. Au début des années 1990, les Tkach ont fait référence à ce discours comme preuve que M. Armstrong savait qu’il y avait des « erreurs » dans le livre. Notez ce que M. Tkach Jr écrit dans une lettre datée du 16 mars 1992 :
M. Armstrong a pris conscience que Le mystère des siècles contenait des erreurs. Même quand il l’a personnellement distribué aux étudiants de deuxième année, il leur a dit qu’une nouvelle édition devrait être écrite. Ses mots exacts étaient : « Je ne dirai pas qu’il est inspiré, au sens biblique du terme. Il n’est pas parfait. Quand il s’agit des prophètes comme Ésaïe, Jérémie et Ézéchiel, et des livres du Nouveau Testament, Dieu les a inspirés. Ce sont les paroles infaillibles de Dieu. Je ne fais pas une telle déclaration pour ce livre [Le mystère des siècles]. Je pense que, d’une certaine façon, Dieu l’a inspirée, mais pas dans le sens où il s’agit de la Parole de Dieu. Je pense que, dans un an, il y aura une deuxième édition, que quelques améliorations seront faites dans ce livre.
Malheureusement, M. Armstrong n’a pas vécu assez longtemps pour produire une édition revue et corrigée.26
M. Tkach Jr a fait référence à ces « mots exacts » dans plusieurs lettres qu’il a écrites à des membres de l’Église, à cette époque-là. David Hunsberger a, également, mentionné cette citation dans son article de 1991, dans le Worldwide News. Le problème avec cette citation, c’est qu’elle est une distorsion de ce que M. Armstrong a dit, en réalité.
Des extraits de ses commentaires ont été passés devant toute l’Église, lors de la fête de 1985. La vidéo de 20 minutes, qui a précédé le sermon de M. Armstrong, présentait Le mystère des siècles à l’Église. Dans la vidéo, l’annonceur faisait référence au livre comme l’ouvrage « le plus important et le plus significatif de M. Armstrong ». Et pour refléter ce haut niveau d’importance, spirituellement, l’annonceur a décrit comment M. Armstrong a voulu que Le mystère des siècles soit, physiquement, de première qualité—avec des lettres d’or en relief pour le titre, et la couverture dans un pourpre royal. Quatre longs passages du discours aux étudiants de deuxième année faisaient partie de la vidéo. Voici un extrait ininterrompu que M. Tkach a si souvent cité, au début des années 1990 :
Quand la Bible parle, c’est Dieu qui parle, pas un homme. Il est vrai que Moïse a écrit les cinq premiers livres. Mais ce n’est pas vraiment Moïse qui les a écrits. Dieu les lui a fait écrire. C’était Dieu qui les écrivait. C’était réellement inspiré. Quand il s’agit des prophètes comme Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel et des livres du Nouveau Testament, Dieu les a inspirés. Ce sont les paroles infaillibles de Dieu. Ce n’est pas le cas pour ce livre. Je ne fais pas une telle déclaration pour ce livre. Mais je pense que, d’une certaine façon, Dieu l’a inspiré. Mais pas dans le sens où il s’agit de la Parole de Dieu ! C’est comme si Dieu avait inspiré Herbert Armstrong. Et j’ai essayé de m’abandonner à Lui. Et j’espère que j’ai pu m’abandonner, sinon à 100 pour cent, du moins à 97, 98 ou 99 pour cent. La Bible ressemble à un livre qui a été découpé en environ 2 000 ou 3 000 pièces, et vous devez toutes les réunir dans le bon ordre ou vous ne la comprendrez pas. Ce livre réunit ces pièces.28
Remarquez, en particulier, les mots mis en italique. M. Tkach Jr les cite correctement dans sa lettre. Mais avant cela, il ajoute : « Je ne dirai pas qu’il est inspiré, au sens biblique du terme. Il n’est pas parfait » ; et il ajoute après coup : « Je pense que, dans un an, il y aura une deuxième édition, que quelques améliorations seront faites dans ce livre ! 29 (Lisez sa lettre de nouveau, citée ci-dessus, pour voir où il a ajouté ces commentaires.) Ces mots n’apparaissent pas dans la vidéo passée, lors de la fête, en 1985. Ils n’apparaissent pas non plus dans l’émission télévisée, Le monde à venir, qui a également passé des extraits du discours de M. Armstrong.30
Admettons que la vidéo, produite par l’Église pour la fête, n’ait très probablement pas inclus tout le discours de M. Armstrong. Il est donc possible que M. Armstrong ait pu faire les déclarations que lui attribue Joe Jr. Il est également possible que M. Tkach ait inventé les commentaires.
Le point clef, cependant, c’est celui-ci : Pendant plusieurs années, au début des années 1990, les Tkach ont continuellement indiqué ce discours, aux étudiants de deuxième année, comme preuve que Le mystère des siècles n’était pas parfait ; qu’il n’était pas inspiré de la même manière que la Bible ; qu’il contenait « des erreurs » ; que M. Armstrong savait qu’il devait être réécrit ; et que, malheureusement, il n’a pas eu cette chance puisqu’il est mort peu après sa publication ! Tout cela, nous le savons en nous basant sur les lettres que Tkach Jr a écrites, au début des années 1990.
Mais remarquez comment M. Tkach Jr se rappelle, aujourd’hui, ce même discours aux étudiants de deuxième année :
Quand le livre a été publié, en 1985, M. Armstrong s’adressait à une classe de l’Ambassador College, et il a distribué le livre aux deuxième et première années, qui devaient l’utiliser comme manuel. « Ce livre est le plus grand livre depuis la Bible, a-t-il dit, et il a été inspiré tout comme la Bible. »31
Quelle différence choquante ! Comme chaque membre à l’ÉUD devrait se souvenir, quand M. Armstrong a parlé de l’importance du livre, il a dit des choses comme : « Je pense sincèrement que c’est peut-être le livre le plus important, depuis la Bible »32 ou « Il se peut que le temps démontre que ce livre est le plus important écrit en presque 1 900 ans. »33 Il n’a pas lancé : « Ce livre est le plus grand livre depuis la Bible » et il n’a certainement pas dit qu’il a été « inspiré tout comme la Bible » ! Le discours même que Joe Jr a supposément cité le réfute ! (Lisez, à nouveau, la citation tirée de la vidéo, et gardez à l’esprit celle qui est passée devant toute l’Église.) Dans son livre, M. Tkach tord, déforme et apporte même des passages au discours adressé aux étudiants de deuxième année pour ajouter de la couleur à son histoire toujours changeante.
Ces exemples montrent bien jusqu’où le Tkachisme va pour induire en erreur et tromper. Comment les souvenirs de Joseph Tkach Jr, concernant le discours aux étudiants de deuxième année, pourraient-ils être si différents entre 1992 et 1997 ? Jugeant par les écrits de M. Tkach, c’est comme si M. Armstrong avait donné deux discours différents.
S’attribuer le mérite
L’année, après que Joseph Tkach Jr a succédé à son père comme Pasteur général de l’Église universelle de Dieu, est celle où il a fait son mea-culpa dans le magazine de l’Église, La pure vérité, disant que l’Église avait été « catégorique et pharisaïque ». Elle avait à « se repentir et s’excuser grandement ».34
Il a, en réalité, fait des excuses de la part de M. Armstrong pour ses enseignements « imparfaits » quelque 10 ans après la mort de M. Armstrong ! Mais pourquoi n’a-t-il pas mentionné que M. Armstrong lui-même a chargé Joseph Tkach Sr de faire les changements qu’ils ont faits depuis 1986 ? En fait, dans l’article d’excuse, Joe Jr ne mentionne même pas Herbert Armstrong. Ne voudrait-il pas, au moins, que le lectorat de La pure vérité sache que M. Armstrong était derrière « tous ces changements » ?
Le livre de Tkach Jr, Transformée par la vérité, selon une publicité de La pure vérité de juillet/août 1997, détaille comment « en 1995, seulement 10 ans après la mort de M. Armstrong, la direction de l’ÉUD a publiquement renoncé à ses enseignements non orthodoxes, et est entrée dans le courant dominant évangélique ».35 Dans une des Worldwide News de 1997, Tkach Jr cite le magazine Charisma, qui dit : « L’Église universelle de Dieu a fait un changement spectaculaire, loin de l’hérésie, depuis la mort de son fondateur, Herbert W. Armstrong, en 1986. »36
Maintenant, bien sûr, Joseph Tkach Jr et la direction de l’ÉUD se félicitent chaleureusement de la transformation radicale de l’ÉUD. Si seulement ils avaient été aussi honnêtes en acceptant les responsabilités, à la fin des années 1980 et au début des années 1990 !
Quand M. Armstrong est mort, l’administration Tkach n’avait que des éloges et de l’adulation pour lui et pour Le mystère des siècles. Quelques années plus tard, après de nombreux changements dans la politique et dans les doctrines de l’Église, les Tkach ont nié tout changement. Ils ont insisté sur le fait qu’ils marchaient directement dans les pas de M. Armstrong. Ensuite, après que les changements sont devenus évidents, ils les ont attribués à ce que M. Armstrong est censé avoir dit sur son lit de mort. Maintenant, Joseph Tkach Jr s’attribue le mérite de la transformation—traitant même, indirectement, M. Armstrong d’hérétique !
Ce serait presque comique, si ce n’était pas aussi tragique pour des dizaines de milliers des gens dont la vie a été ruinée par le Tkachisme.
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